Rythmes scolaires à Saint-Pierre-des-Corps : un conseil municipal débordé

A la suite d’une question orale sur les rythmes scolaires présentée au conseil municipal de Saint-Pierre-des-Corps du mardi 26 juin, les échanges ont été houleux entre Marie-France Beaufils et les personnes présentes dans la salle, sur fond de contestation des choix municipaux et conservation de la semaine de 4,5 jours d’école.

Le fait est rare dans un cénacle où les personnes qui assistent aux débats n’ont en théorie pas le droit de prendre la parole. La bonne trentaine d’enseignants et de parents d’élèves présents mardi au conseil municipal de Saint-Pierre-des-Corps se sont allègrement affranchis des règles et ont bousculé les habitudes.

La question, posée par Patrick Bourbon (conseiller municipal d’opposition, liste 100% à gauche), revenait sur le choix final de la municipalité de rester aux 4,5 jours de classe par semaine en gardant également l’organisation actuelle des Temps d’activité périscolaires (TAP). La municipalité, qui s’était engagée depuis des mois à mener une grande concertation, n’a apporté aucune évolution à une organisation de la journée scolaire largement critiquée. Bien-être de l’élève, sauvegarde de l’emploi des animateurs, préservation des subventions de l’Etat… Tous les arguments semblent avoir été utilisés successivement pour surtout ne rien changer.

La communauté scolaire (parents et enseignants) s’en est trouvée particulièrement échauffée après de longues semaines de réunions et de concertation qui n’ont débouché sur rien. L’immense majorité des conseils d’école de la commune se sont prononcés contre l’organisation actuelle des TAP et un retour à la semaine de 4 jours, tout en faisant remonter les évolutions nécessaires au système mis en place [1]. Une pétition a circulé chez les parents pour aller dans le même sens, les 4 jours étant retenus très majoritairement dans toute l’Indre-et-Loire.

C’est surtout face au mutisme, voire l’indécision et le manque de méthode de la mairie que les choses se sont crispées. Ainsi parents et enseignants ont appris officiellement la veille du comité de pilotage des rythmes (réunion qui s’est tenue le 5 juin) la décision finale de la mairie, alors que le comité en question devait officialiser l’organisation retenue. Dans le même temps, la mairie proposait une organisation de la journée scolaire encore plus hachée et encore plus difficile à mettre en place, et ce à l’échéance de janvier 2019. La perspective de changer d’organisation hebdomadaire en plein cœur de l’année scolaire a particulièrement frappé les enseignants, d’autant que cette proposition nie l’idée même de la régularité d’un rythme d’apprentissage nécessaire à l’élève.

Il ne fallut pas attendre la fin de la réponse de Marie-France Beaufils pour entendre des voix s’élever dans la salle, interpellant directement la maire, critiquant ouvertement l’impossibilité de se faire entendre, la méthode de concertation, le mépris affiché par certains élus, le refus de prendre en compte les demandes, ou encore la stigmatisation des positions (y compris par l’utilisation de la presse locale).

« Vous pouvez demander aux anciens collègues qui siègent maintenant au conseil municipal comment se fait le travail dans les écoles. Mais peut-être ne faisions-nous pas le même métier !
Et par derrière on se fait traiter de feignants qui veulent sortir de l’école à 15 h 45 ! La position de la mairie relève de l’incompétence ou de la mauvaise foi. »

Le débat a duré de longues minutes avant que les parents et enseignants ne quittent bruyamment la salle.

Les représentants syndicaux des enseignants ont parallèlement demandé une audience à Marie-France Beaufils dans le but de clarifier les positions municipales, notamment quant au calendrier des nouvelles concertations de l’année à venir, ainsi que sur la carte scolaire. Les dysfonctionnements municipaux restent nombreux dans la gestion des écoles.

© Illustration : Archives départementales d’Indre-et-Loire — Photographie d’André ARSICAUD. Saint-Pierre-des-Corps. Salle de classe et élèves de l’école maternelle Pierre Semard. 5Fi003216

Notes

[1Les enseignants ont particulièrement insisté dans leurs remarques sur l’absolue nécessité de ne pas avoir de temps de classe après des heures de pauses et de TAP ainsi que sur le fait de tenir compte de l’âge des enfants afin de ne pas imposer les mêmes rythmes à des enfants de 3 ans et de 10 ans.