En bons citoyens désireux de faire héroïquement barrage au Front National en votant Macron le 7 mai, des habitants de Tours ont voulu en savoir plus sur le « projeeeet » que ce dernier propose. Une démarche facile à entreprendre, puisque les « marcheurs » sont très actifs sur le net — le militantisme dans la rue s’avérant parfois périlleux. En se rendant sur la page Facebook du groupe « Les Jeunes avec Macron - Touraine », ils voient un post relatif à un débat organisé sur RCF, la radio catho locale, entre un jeune macroniste prénommé Maxime et une militante du Front National. Curieux d’en savoir plus sur ce jeune représentant d’Emmanuel Macron, ils cliquent sur son profil... et là, surprise !
En photo de couverture, le jeune homme affichait jusqu’à récemment une photo prise au stade de Reims, montrant une quinzaine d’individus aux visages floutés, arborant un drapeau de la Touraine. Impossible de savoir si Maxime est sur la photo, puisqu’on ne distingue pas les visages, mais il était bien présent à Reims pour ce déplacement de l’équipe de Tours. Au-delà des visages, les looks ne trompent pas : on est en présence des « ultras » du FC Tours, ses supporters un peu énervés, le groupe des Turons 1951. Ce groupe, connu pour faire des quenelles devant les bars du centre ville, accueille depuis longtemps une bonne part de l’extrême-droite radicale tourangelle dans ses rangs : petits fascistes, néo-nazis notoires et antisémites y sont chez eux. Des fréquentations un peu surprenante pour un militant d’Emmanuel Macron, qui nous a été présenté comme le dernier rempart contre l’arrivée de l’extrême-droite au pouvoir.
Parmi les personnes ayant marqué la photo de Maxime d’un petit like, un nom accroche l’œil : celui d’Antoine « Turon ». Un patronyme couramment employé sur les réseaux sociaux par l’extrême-droite tourangelle, puisqu’il permet d’une part de conserver un (relatif) anonymat, et d’autre part de faire un double clin d’œil aux Turons 1951 et aux Loups Turons, la bande de skins néo-nazis locaux [1].
On peut ainsi retrouver Louis Turon, qui a carrément utilisé un bout de la photo de couverture du jeune macroniste pour illustrer son profil Facebook. Ce jeune amateur de football et de IIIème Reich a une page Facebook percutante : parmi les photos qui sont visibles, on note une sympathique image barrée du slogan « Make Europe great again », en référence au slogan de campagne de Donald Trump, mais aussi quelques soldats nazis, et la fine bande de Serge Ayoub, dont la dernière organisation a été dissoute suite au meurtre d’un jeune militant antifasciste, Clément Méric. Sa photo de couverture, une chaise accompagnée du slogan « Defend Tours », semble être un clin d’œil aux piteux exploits de Pierre-Louis Mériguet, l’ancien leader de l’extrême-droite radicale tourangelle, qui s’était illustré en frappant un homme avec une chaise à l’occasion d’une de ses ridicules marches aux flambeaux.
Bien sûr, nous n’affirmons pas que Maxime partage les idées de ses petits camarades de stade. Il est tout de même amusant de constater que, même au sein d’un mouvement prônant la « bienveillance » et qui s’érige en héroïque barrage contre la menace brune, certains n’ont pas trop de mal à copiner avec les pires énergumènes de l’ultra-droite...