Non nous n’irons pas manifester dimanche et nous tenions à expliquer pourquoi

Non, nous n’irons pas manifester dimanche. Ni à Tours ni ailleurs. Nous n’irons pas parce que nous sommes sidéré-e-s et inquiet-e-s face à l’emballement socialo-politico-médiatique par lequel une seule voie semble se dégager "je suis Charlie", "nous sommes Charlie". JC Decaux, twitter, facebook, Fil Bleu : c’est l’unanimité absolue !

Non, nous n’irons pas manifester dimanche. Ni à Tours ni ailleurs.

Nous n’irons pas parce que nous sommes sidéré-e-s et inquiet-e-s face à l’emballement socialo-politico-médiatique par lequel une seule voie semble se dégager "je suis Charlie", "nous sommes Charlie". JC Decaux, twitter, facebook, Fil Bleu : c’est l’unanimité absolue !

Passée l’émotion qui nous a également submergée, nous avons constaté lors des précédents rassemblements la présence d’élus de tous bords, d’individus appartenant aux groupes locaux de l’extrême-droite mais également la présence des républicains-identitaires, descendus dans la rue avec leurs drapeaux français... De fait, nous n’étions pas rassemblé-e-s pour les mêmes raisons.

Cette manifestation prévue dimanche, cette "marche républicaine" appelée par le gouvernement réunira la gauche syndicale et politique, une partie de l’extrême gauche et l’UMP. On entend déjà parler d’une "polémique" autour de la non-invitation du FN. Nous ne nous faisons pas beaucoup d’illusions, nous nous doutons que le courant Phillipot, se joindra à la manif et nous doutons que quiconque tente de les en empêcher. Hollande et Valls jouent la carte de l’union nationale, du grand rassemblement.

Or, nous constatons depuis plusieurs années déjà des amalgames, des discours islamophobes qui se développent et, depuis avant-hier, une succession d’attaques concrètes contre les musulmans et leurs lieux de culte.

Nous ne pouvons pas nous solidariser avec ce discours d’unité républicaine, de défense des "valeurs françaises" car ce discours vise justement à empêcher toute critique. Pour une fois, tout le monde est d’accord : la presse, les flics, les politiques, les "citoyens" ! Il faut choisir son camp : il y a les bons et les mauvais, il y a les civilisés et les barbares... Tout s’explique par la folie de deux personnes, par l’acte condamnable de deux terroristes ce qui rend habilement invisible les causes et les responsables de la situation sociale et politique actuelle.

Ce discours d’unité républicaine, nous ne pouvons pas l’entendre à la vue des lois liberticides et stigmatisantes votées notamment sur les questions d’immigration. Ce discours nous ne pouvons pas l’entendre sans nous souvenir de Notre-Dame-Des-Landes, de Sivens, de Rémi Fraisse, de Zyed et Bouna et des autres pour lesquel(le)s il n’a jamais été question d’un "grand rassemblement"...

Ce discours nous le trouvons hypocrite et nauséabond. Nous rejoignons Yannis Youlountas :

« NON !
NON, C’EST NON !
Même à la mémoire de mon ami Tignous,
Je ne manifeste pas avec ces gens-là,
(...)
Je ne manifeste qu’avec les amoureux de la liberté et de l’égalité,
Pas avec leurs ennemis,
Pas avec les assassins de Rémi Fraisse,
Pas avec les rafleurs de Roms,
Pas avec les bourreaux des Grecs et des Espagnols en lutte. »

Celles et ceux qui n’iront pas manifester dimanche

PS : un excellent texte de Claude Guillon "Vous faites erreur, je ne suis pas Charlie" est à lire ici :

Je ne suis pas Charlie, parce que je sais que l’immense majorité de ces Charlie n’ont jamais été ni Mohamed ni Zouad, autrement dit aucun de ces centaines de jeunes assassinés dans les banlieues par « nos » policiers (de toutes confessions, les flics !) payés avec « nos » impôts. Si je recours aux outils du sociologue, je comprends pourquoi il est plus immédiatement facile pour des petits bourgeois blancs de s’identifier avec un dessinateur connu, intellectuel et blanc, qu’avec un enfant d’immigrés ouvriers du Maghreb. Comprendre n’est ni excuser ni adhérer.