Lors de sa conférence de presse du 31 décembre 2014, le procureur de Tours indiquait :
« Il n’y a pas de caméra de vidéosurveillance braquée sur l’entrée du commissariat ni à l’intérieur du commissariat. Il n’y a pas davantage de caméras de vidéosurveillance sur la placette qui est devant le commissariat. Cela relève de la mairie, mais il n’y en a pas. Il y a peut-être des vidéosurveillances de commerces. On est en train de faire le tour. Ces vidéosurveillances, à mon sens, n’amèneront pas grand chose, dans la mesure où en général elles sont braquées sur l’entrée des commerces (...). Il y a deux caméras au commissariat, mais qui surveillent l’arrière du commissariat, pour éviter les cambriolages. Donc en l’état, je n’ai pas de vidéosurveillance du commissariat, de l’entrée et de la place. Il est bien évident que j’aurais préféré en avoir. »
En fait, les deux caméras du commissariat qu’on peut voir depuis la rue ne pointent pas vers l’arrière du bâtiment, mais sur deux entrées : une entrée latérale et un portail donnant accès au parking du comico.
Si aucune caméra ne semble filmer l’entrée du commissariat, il semble bien que les caméras visibles filment la rue. C’est en tout cas ce qu’a affirmé un type croisé à proximité, qui a pu voir des images de la place sur des écrans de surveillance situés dans le commissariat, visité à l’occasion d’une convocation.
Au-delà de ces caméras, quasiment tous les accès à la place du Général Leclerc sont couverts par des caméras de vidéosurveillance. Il y a :
- celle du tram qui filme le croisement entre l’avenue de la République et le boulevard Gambetta ;
- la caméra orientable située devant la mairie, qui filme les deux accès à la place qui partent de l’esplanade ;
- l’une des caméras du commissariat et une caméra située dans un commerce, qui couvrent l’accès par la rue Aristide Briand.
A moins que Bilal ne soit venu par la rue du Comte de Mons, son arrivée sur la place a donc dû être filmée.
Et si Bilal a été interpellé devant le kebab de la place et trainé jusqu’à l’entrée du commissariat, comme certain-es l’affirment, il est très probable qu’il soit passé devant le portail surveillé par une des caméras du commissariat.
Il n’y a donc pas que les caméras des commerces qui puissent aider à faire la lumière sur les circonstances de la mort de Bilal. Mais quand un journaliste de Rue89 a essayé de savoir où en était l’exploitation des images, il lui a été répondu que « le parquet de Tours ne souhaite "plus communiquer sur cette affaire" ».
Sollicité par Rue89, le parquet antiterroriste de Paris, qui a également été saisi de l’affaire, n’a pas souhaité donner plus de détails sur l’analyse du système de vidéosurveillance, ni aborder celui du commissariat. Mais il assure : « Nous avons refait le chemin à partir du domicile de la sœur de Bertrand Nzohabonayo jusqu’au commissariat en exploitant les caméras disponibles. Et à ce stade, la version des policiers est corroborée. »
Cela signifie-t-il que les caméras ont prouvé que l’agresseur s’était présenté seul au commissariat ? Le parquet nuance : « Nous ne pouvons pas l’affirmer de manière définitive. »
Presque tous les accès à la place étant filmés, les enquêteurs sont potentiellement en mesure de faire taire en partie ce qu’ils qualifient de « rumeurs », c’est-à-dire les témoignages qui ne vont pas dans le sens de la version policière. Ce ne serait pas la première fois, dans l’agglomération de Tours, que les caméras feraient mentir des policiers. En 2012, un procès-verbal de la brigade anti-criminalité avait été annulé par le tribunal de Tours, parce que les images de vidéosurveillance avaient montré que les flics avaient frappé au crâne un individu menotté qui n’opposait aucune résistance (contrairement à ce qu’ils déclaraient). Et pourtant, dans cette affaire, douze minutes d’enregistrements avaient été effacés.