A Tours, gaz et grenade de désencerclement contre les opposants à la loi Travail

Suite à la volonté déclarée du gouvernement de passer en force sur la loi Travail, l’AG de Tours avait appelé à un rassemblement devant l’université à 16h. Vers 17h, une centaine de personnes étaient réunies place Jean Jaurès. Jusqu’à ce que les flics dispersent violemment le rassemblement.

Comme dans de nombreuses autres villes de France, un rassemblement spontané a été organisé suite à l’annonce de la volonté du gouvernement Valls de recourir à l’article 49-3 de la Constitution pour faire passer sa loi.

En fin d’après-midi, une centaine de personne étaient rassemblées devant l’hôtel de ville de Tours, et des barrières empruntées au chantier du tram bloquaient la circulation. Rapidement, une douzaine de flics en tenue anti-émeute, la BAC et les municipaux ont rappliqué, encourageant les manifestant-es à scander :

« Etat d’urgence, état policier, on nous enlèvera pas le droit de manifester. »

Un slogan particulièrement opportun, puisque l’état d’urgence a été prolongé aujourd’hui jusqu’à fin juillet. Le face-à-face entre manifestant-es et policiers n’a pas duré longtemps : rapidement, un officier est venu faire les sommations d’usage pour demander à la foule de se disperser.

Il a ensuite suggéré aux nombreux passant-es de dégager la voie, juste avant l’apparition de grenades lacrymogènes dans le ciel. Entre temps, il avait été décidé parmi les manifestants de se replier vers la gare en cas de charge des flics. C’est donc sous une copieuse dose de gaz que le rassemblement a remonté le boulevard — allant dans le même sens que le nuage de lacrymo, qui toucha même les consommateurs des terrasses situées à proximité de la gare.

La gare a rapidement baissé ses grilles, et les manifestant-es se sont engagées dans la rue Charles Gille. Au coin de la rue Michelet, un groupe de la BAC a attendu de laisser passer le gros du cortège pour pouvoir procéder à des interpellations. Après avoir lamentablement échoué [1], les flics se sont défoulés en balançant une grenade de désencerclement dans les pattes des manifestant-es, provoquant plusieurs blessures [2]. La charge de la BAC a accéléré la dispersion du cortège, qui s’est lancé dans les rues du quartier des Prébendes, avant de rejoindre les Tanneurs aux environs de 19h.

Blessure provoquée par la grenade lancée par la BAC

Pendant ce temps-là, les réactionnaires de La Manif pour tous s’installaient tranquillement sur la place Jean Jaurès, dans le cadre d’une mobilisation contre la gestation pour autrui [3]. Ils se sont retrouvés face à des manifestant-es ayant rejoint tardivement le rassemblement contre la loi Travail, qui les ont abondamment sifflés. Plusieurs femmes scandaient : « Y en a marre du patriarcat » face aux obsédés du couple papa-maman.

Pour rappel, le jeudi 12 mai, une journée d’action nationale est prévue à l’appel des organisations syndicales investies dans la lutte. A Tours, une manifestation est organisée à 10h, place Anatole France. La journée s’achèvera par un rassemblement festif avec musique et groupes, même lieu, à partir de 17h30.

Notes

[1A 19h, certaines personnes faisaient état d’une interpellation, survenue plus tard.

[2La grenade de désencerlement est une arme à fragmentation. Il s’agit d’un tube contenant huit gramme d’explosifs entouré de 18 projectiles en caoutchouc rigide pesant 9,3g chacun. Cette grenade a été conçue pour blesser. Elle fait partie de l’arsenal de la police sur décision de Nicolas Sarkozy depuis 2004, alors qu’il était ministre de l’intérieur. Dans une note datant du 24 décembre 2004, le directeur central de la Sécurité publique stipule pourtant que « les dispositifs manuel de protection ne doivent être employés que dans un cadre d’autodéfense rapprochée et non pour le contrôle d’une foule à distance », mais encore une fois de nombreux témoignages font état d’une utilisation de cette grenade de façon excessive et hors du cadre légal par les forces anti-émeutes. Source : Vice

[3Quoi qu’on pense de la gestation pour autrui, on sait bien ce que valent ces manifestant-es qui ont passé des mois à lutter contre l’ouverture du mariage aux personnes de même sexe. Et il n’est pas anodin qu’ils aient choisi le jour de la commémoration de l’abolition de l’esclavage pour manifester, après avoir caricaturé Taubira — une descendante d’esclaves — en singe.