Répression syndicale à la Poste : l’acharnement continue

En juillet 2011, une brève est publiée dans le tract mensuel "SUDVERSIF" du syndicat SUD pour dénoncer les sanctions contre un militant de SUD-PTT 36-37 et l’attitude autoritaire du directeur de La Poste vis-à-vis de cet agent [1]. Cette dénonciation fait suite à plusieurs autres, toutes dénonçant l’attitude de la direction envers les militants syndicaux.

Le directeur, Jean-Jacques Tibi, porte alors plainte car il s’estime "injurié". S’en suit un invraisemblable feuilleton judiciaire que nous rapportent les militants de SUD PTT 36-37 :

« Pas moins de 11 convocations devant les services de police ont été requises dans cette affaire, à l’encontre de 8 camarades. L’hébergeur du site est convoqué de son coté à Toulouse. Encore plus scandaleux, le 28 juin 2012, la police effectuait une perquisition dans nos locaux. On assiste bien là à une tentative de criminalisation de l’expression syndicale. Notons que la mise en examen de notre camarade militant du mouvement social est intervenue le jour même où l’Assemblée Nationale refusait de débattre de l’amnistie sociale. »

Trois rassemblements de soutien ayant regroupé 150 personnes suivront, et des milliers de cartes postales de soutien seront envoyées au président de la République. Le soutien des autres organisations du mouvement ouvrier est clair et massif :

La CGT FAPT 37 souligne que « plutôt que de perdre son temps à vouloir criminaliser l’activité syndicale, le DOTC devrait très rapidement mettre en application les directives du président de La Poste qui font suite aux nombreux drames humains ».

Le NPA d’Indre et Loire « condamne la perquisition effectuée dans les locaux de SUD PTT le jeudi 28 juin. Cette perquisition et le fait de retenir des militants syndicaux dans un commissariat participent à la criminalisation du mouvement social.
Le gouvernement Sarkozy en avait fait un de ses chevaux de bataille pour faire taire les mobilisations. Sarkozy battu, ces pratiques doivent cesser. La direction de La Poste, aidée par les pouvoirs publics, veut une nouvelle fois criminaliser l’action syndicale
 ».

La fédération CNT-PTT déclare être « aux cotés des syndicalistes de lutte qui chaque jour, dans des conditions difficiles, se battent pour que le mécontentement général des postier-e-s se transforme en un puissant mouvement social seul à même de faire aboutir les revendications des salarié-e-s et des fonctionnaires ».

La FSU d’Indre-et-Loire souligne qu’«  indépendamment de l’objet du litige qui oppose nos camarades à leur direction, [elle] ne peut que s’indigner des méthodes employées par les services de police (perquisition, convocations multiples…) à l’encontre de militants syndicaux ».

Le Collectif Alternative Libertaire 37 « se joint à la condamnation de la perquisition dont a fait l’objet le syndicat SUD PTT 36-37 le 28 juin, comme de la rétention pendant trois heures au commissariat du secrétaire départemental.
Il ne fait aucun doute que cette initiative inacceptable participe de la tentative de criminalisation des mouvements sociaux et d’une volonté d’en atteindre à la liberté d’expression comme au droit syndical
 ».

La Fédération SUD PTT souligne que « cela s’inscrit dans le cadre des multiples sanctions disciplinaires infligées par la direction de la DOTC ces derniers temps à des militants syndicaux SUD et CGT pour des faits liés à l’activité syndicale et à la défense des droits des personnels. L’appui des services de police à une telle politique est inacceptable.
La Fédération SUD PTT exige que soit mis fin à la politique de sanctions disciplinaires et de harcèlement des militant-es syndicaux en place aujourd’hui à La Poste
 ».

Le 4 juillet 2013, le procureur de la République prononce un réquisitoire aux fins de non-lieu sous ces termes :

« S’agissant des termes employés au sein de l’article litigieux et dénoncés par la partie civile, il n’est pas possible de considérer qu’ils constituent des injures au sens de la loi du 29 juillet 1881. Bien que désagréables à entendre pour M Tibi, les propos incriminés expriment des idées, des concepts restant en-deçà de la notion d’injure. Il n’est donc ni possible, ni souhaitable que la justice vienne sanctionner pénalement des écrits dont la teneur reste acceptable dans le cadre d’une société démocratique… Il ne résulte enfin pas du dossier que le syndicat SUD ait voulu stigmatiser les origines juives de M Tibi. »

Pour cette histoire, le syndicat SUD-PTT 36-37, en la personne de son ex-secrétaire départemental, est traîné devant le Tribunal de Grande Instance de Tours, le vendredi 14 février 2014.

En réaction, le syndicat propose plusieurs initiatives le jeudi 13 février et le vendredi 14 février en solidarité avec leur camarade.


Illustration : arrestation d’un facteur, 1926

P.-S.

MANIFESTATION LE 13 FÉVRIER 2014, à 18 heures, devant le direction de La Poste, rue Alexander Fleming, à Tours.

RASSEMBLEMENT NATIONAL CONTRE LA RÉPRESSION SYNDICALE ET GREVE A LA POSTE LE 14 FEVRIER 2014, de 8 heures 30 à 14 heures, devant le palais de justice de Tours. Barnum chauffé, restauration, boissons et musique...

Notes

[1Le tribunal Administratif d’Orléans annulera d’ailleurs ces sanctions en mars 2013.