Nouvel arrêté anti-mendicité : la mairie veut "nettoyer les rues" de Tours

La mairie a pris un nouvel arrêté anti-mendicité couvrant la période des fêtes de fin d’année. L’objectif : interdire le centre-ville aux « individus errants » pour laisser la place aux consommateurs.

Le nouvel arrêté a été signé par Serge Babary le 21 novembre et couvre une zone plus large que les précédents. Mais comme les précédents, il interdit :

« toute occupation abusive et prolongée des rues et autres dépendances domaniales, accompagnée ou non de sollicitations ou quêtes à l’égard des passants, accompagnée ou non de chiens, même tenus en laisse, lorsqu’elle est de nature à entraver la libre circulation des personnes, la commodité de passage et la sûreté dans les rues et autres dépendances susvisées »

Le texte de l’arrêté le dit clairement : la pauvreté qui s’affiche dans les rues du centre-ville est incompatible avec les « nombreuses manifestations de fin d’année (marchés de Noël, attractions foraines, patinoires...) [qui] vont se succéder sans interruption » et avec « l’afflux touristique important (...) pendant les fêtes de fin d’année ».

Les mendiants, les quêteurs et les buveurs de canettes de bière en pleine rue ne font pas de bons consommateurs, et n’ont donc pas vocation à occuper des rues essentiellement destinées au commerce. La mairie prétend même que ces individus portent atteinte à la « liberté d’aller et venir », comme s’ils installaient barrages et check-points en centre ville.

La prévention et l’aide aux plus démunis, c’est bon : « du social, on en fait déjà beaucoup » déclarait récemment l’adjoint au maire en charge de la sécurité, Olivier Lebreton. Il expliquait alors que son rôle consistait à envoyer les SDF jouer de la guitare ailleurs. Un ailleurs de plus en plus lointain, vu l’extension de la zone couverte par l’arrêté, qui va désormais jusqu’à la place de la Liberté.

Interrogé par La gazette des communes sur « les bons ingrédients d’une politique municipale de sécurité et de prévention », Lebreton expliquait aussi :

« Cela inclut également de nettoyer les rues et d’effacer les tags. Il faut également rencontrer les riverains, les commerçants de chaque quartier. (...) L’écueil qu’il faut éviter est d’attendre les courriers des citoyens pour répondre aux demandes de sécurité. Il est impératif d’aller à leur contact. Je considère qu’en la matière tout est lié : la rue doit être propre, équipée d’une caméra et dans laquelle des policiers municipaux patrouillent à pieds. »

Lebreton n’étant pas en charge de la question des déchets, les lecteurs comprendront : une rue propre et nettoyée, c’est une rue débarrassée des individus indésirables. Sans même attendre que des problèmes avérés surviennent, il faut intervenir pour chasser les pauvres. Par contre, pour les gosses de riches, la mairie sait se montrer plus clémente.

La Ligue des Droits de l’Homme n’a pas attaqué ce nouvel arrêté, mais attend que son recours contre l’arrêté pris l’année dernière par Jean Germain soit examiné par la Cour administrative d’appel de Nantes.

Illustration : Le Noël des Vieux : le pot au feu offert