Neuf accusés massacrés par la justice suite au mouvement à la maison d’arrêt de Blois

Dans la nuit du 18 au 19 août 2013, Mounir Benlhoussine, un jeune homme de 24 ans, meurt dans sa cellule de la maison d’arrêt de Blois. Malgré les appels de son co-détenu, les secours sont arrivés trop tard. Dans un établissement où l’ambiance est déjà tendue, cet événement conduit les détenus à se révolter. Le journal L’Envolée revient sur ces événements, et raconte un procès à charge.

Extraits :

« Qui veut entendre (...) les prisonniers accusés du saccage de la Maison d’arrêt de Blois lorsqu’en procès ils se font assassiner ? Une enquête de police a envoyé neuf jeunes gars devant le tribunal de grande instance de Blois. Alors qu’une soixantaine de détenus se sont révoltés, ces neufs-là ont été retenus pour l’exemple. Six d’entre eux, toujours incarcérés, ont été transférés après la mutinerie dans des prisons franciliennes et bourguignonnes, loin de leurs proches. Trois autres, sortis de prison depuis, comparaissent libres.

La liste des faits qui sont reprochés aux uns et aux autres est résumée par divers chefs d’accusation : rébellion et incitation à la rébellion, dégradation, violence sur un maton dénommé Chambris, et usage d’un téléphone portable pour communiquer avec l’extérieur. A l’issue du procès, ils prennent de 6 mois à 3 ans de prison, conformément aux réquisitions de Puechmaille, la procureure, pour qui « c’est frustrant de ne pouvoir condamner la soixantaine de mutins ! » Les peines prononcées sont lourdes, exemplaires et sévères. Bien plus que par le passé. Il faut que ça condamne, coûte que coûte car la justice blésoise ne cesse de rappeler qu’elle tient à sa petite maison d’arrêt et que sa dévastation est insupportable. »

« Rappelons qu’à l’origine de cette mutinerie, il y a dans la nuit du 18 au 19 août, la mort en cellule de Mounir Benlhoussine, un jeune homme de 24 ans. Malgré les appels de son co-détenu, les secours sont arrivés trop tard. Cet événement a ému les prisonniers rassemblés lors de la promenade du matin, et la tension est montée. H., cousin de Mounir, est l’accusé le plus chargé dans ce dossier. Il raconte à la barre : "Les secours sont arrivés trop tard pour sauver Mounir. J’étais à bout, j’ai demandé à rencontrer la direction. Je voulais voir son corps mais on me l’a refusé."

Il ajoute au sujet de l’altercation qui s’en est suivie entre quelques prisonniers et un surveillant : "Si j’ai sauté sur le surveillant Chambris, c’est à cause du désespoir, je comprenais pas pourquoi les secours ont mis tant de temps." Et puis, surtout, il nous apprend que "tout le monde était déjà sous pression avant sa mort. C’est Bouada un chef de détention, il mettait sous pression tout le monde, il fouillait tout le temps, il était trop répressif. (…) Tout le monde était déjà à bout de nerf avant ce décès donc c’était impossible de contenir cette rage". Il poursuit : "Ensuite je suis retourné en cours de promenade car Mme Ettore, la directrice adjointe a voulu que j’explique la situation aux autres détenus afin de les calmer car tout le monde était affecté et se posait des questions". »

A lire sur le site de L’Envolée : http://lenvolee.net/apres-le-mouvement-neuf-accuse-massacres-par-la-justice-pour-le-mouvement-la-ma-de-blois/

P.-S.

L’Observatoire International des Prisons annonce aujourd’hui les chiffres suivants : 67 075 détenus au 01/01/14 (+0.76% par rapport à l’année dernière) ; 995 matelas au sol ; taux de sur-occupation dans les maisons d’arrêt : 134.5 %.