Les flics municipaux de Loches porteront bientôt des flingues

Nouveau signe du raidissement sécuritaire en cours, les quatre flics municipaux de la commune de Loches vont bientôt être équipés de pistolets semi-automatiques.

Le maire de Loches, Marc Angenault, a décidé de confier des armes à feu aux policiers municipaux de sa commune. D’après France 3 Centre, « cette décision forte a été prise le 26 avril dernier, lors du conseil municipal ».

L’armement de ces policiers s’inscrit dans une tendance lourde, qui voit de plus en plus de municipalités confier des flingues à leurs équipes : en 2016, plus de 9 000 policiers municipaux étaient équipés d’une arme à feu, un chiffre en hausse par rapport à l’année précédente [1].

Les conditions d’armement des policiers municipaux ont été assouplies par la loi du 21 juillet 2016 sur l’état d’urgence et la lutte antiterroriste : plus question d’apprécier la nature des interventions des flics ou les circonstances dans lesquelles ils agissent, une simple demande du maire suffit. Dans un rapport remis au premier ministre le 11 septembre dernier [2], deux députés LREM proposent d’aller encore plus loin, en faisant de l’armement des policiers municipaux la règle.

Une banalisation croissante des flingues

Sans surprise, l’un des deux rédacteurs du rapport est un ancien flic, ex-patron du RAID. Pour sa collègue et lui, l’armement croissant des municipaux est « une évolution logique » qu’il s’agit « d’amplifier ». En plus de vouloir renforcer l’armement et les pouvoirs des polices municipales, ces députés En Marche préconisent de « donner à l’univers de la sécurité privée les moyens de la confiance et de l’ambition », notamment en facilitant l’équipement des agents de sécurité privée en Taser. La loi sur la sécurité publique du 28 février 2017 autorise déjà les boîtes de sécurité privé à confier des armes à feu à certains de leurs agents.

On assiste à une banalisation de la présence armée dans l’espace public, depuis les fusils d’assaut des bidasses de la mission Sentinelle jusqu’aux semi-automatiques des policiers lochois. Comme le notait la Commission nationale consultative des droits de l’homme lors de l’adoption de la loi de février 2017 [3], « au-delà des argumentations sécuritaires immédiates qui peuvent être avancées, c’est en fait toute une conception des rapports dans la société qui est mise en cause par de telles mesures ». Alors que les dispositifs de protection sociale explosent les uns après les autres, le renforcement d’un modèle de pseudo-protection sécuritaire se poursuit.

Illustration par Chiot’s Run (CC BY-NC 2.0).

P.-S.

Parmi les 578 personnes mortes à la suite d’interventions policières au cours des 40 dernières années, 352 ont été tuées par arme à feu. Voir la base de données établie par Bastamag.

Notes

[1D’après le rapport des députés LREM Alice Thourot et Jean-Michel Fauvergue :« En 2016, 18 044 policiers municipaux étaient équipés d’une arme, toutes catégories confondues, soit 84 % des effectifs, dont 9 434 l’étaient au moyen d’une arme à feu (44 % des effectifs, contre 39 % en 2015). Le nombre d’agents dotés de pistolets à impulsion électrique a, quant à lui, plus que doublé en un an (passant de 811 en 2015 à 1 804 en 2016). »

[2Le rapport est disponible à cette adresse.

[3Voir l’avis de la commission à cette adresse.