Les ABCD de l’égalité : un abandon symbolique

Les ABCD de l’égalité seront abandonnés à la rentrée 2014. Nouvelle reculade politique du gouvernement devant la polémique sur la diffusion de « la théorie du genre ». Le point de vue de Nina Schmidt, de l’Observatoire des inégalités.

« Les ministres de l’Education nationale et des Droits des femmes ont confirmé le 30 juin dernier l’abandon des « ABCD de l’égalité » expérimentés dans les écoles depuis la rentrée 2013, et annoncé leur remplacement par un « plan d’action pour l’égalité entre les filles et les garçons à l’école ». Le gouvernement fait un pas en arrière dans le domaine de la lutte contre les inégalités entre les femmes et les hommes.

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Le 2 février 2014, la Manif pour tous défile dans la rue dénonçant la procréation médicale assistée et la gestation pour autrui, que contiendrait le projet de loi Famille. Les manifestants en profitent pour réclamer l’abandon de l’ABCD de l’égalité, qu’ils accusent d’être un outil de « la diffusion de l’idéologie du genre ». Dans la foulée, le mouvement des « journées de retrait de l’école » appelle les parents à ne pas envoyer leurs enfants en classe, notamment en répandant la rumeur que les enseignants, dans le cadre de cet ABCD, « apprenaient à leurs élèves à se masturber ».

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Le spectacle est désolant : la ministre des Droits des femmes abandonne un programme de lutte contre les inégalités femmes-hommes, alors que ces accusations se répètent de décennie en décennie dès que l’on ose affirmer « qu’il y a une part culturelle et donc construite dans ce qui s’appelle le masculin et le féminin », comme le rappelle l’inspectrice générale de l’éducation nationale honoraire, Martine Storti. Il est fondamental de faire réfléchir les enfants et ceux qui les forment, aux rôles stéréotypés des filles et des garçons dans notre société. Ces attributions sont bien le terreau des inégalités car elles enferment les individus dans des attitudes, des compétences, des destins, à l’encontre des droits et des libertés de chacun. »

L’intégralité de l’article est à lire sur le site de l’Observatoire des inégalités. Rappelons qu’à Joué-lès-Tours, le mouvement des Journées de retrait de l’école avait accusé une enseignante de l’école Blotterie d’avoir forcé des enfants à se masturber dans le cadre de la « théorie du genre » (accusations qui n’avaient évidemment aucun fondement). Le nouveau maire de la ville, Frédéric Augis, avait facilité la diffusion de ces accusations en prétendant que la précédente équipe municipale faisait enseigner « la théorie du genre (...) dans les écoles jocondiennes » et en déclarant son soutien aux associations « qui se battent contre ce genre de théories et autres abominations ». Il écrivait aussi : « Cette ABCD de l’EGALITE me scandalise et je ne veux pas qu’à Joué-lès-Tours cela continue ». En abandonnant son programme, le gouvernement lui donne satisfaction.