Laïcité de l’action publique : Tours exemplaire

Dans un contexte de questions sur la place des religions dans la société, la mairie de Tours donne l’exemple par une campagne de souscription publique pour la restauration du dôme et de la statue de la basilique Saint Martin.

S’il est bien une critique répandue dans les petits mondes tourangeaux, c’est celle de l’inaction de la nouvelle municipalité de la belle et bonne ville de Tours.
Toutefois, contre la foule des détracteurs « par nature », il faut bien reconnaître à M. Babary et à son équipe qu’ils savent agir, et de surcroît, avec la manière.
Annoncé par voie de presse [1] et par affichage municipal, la ville a donc lancé le 10/11/2014 une souscription publique pour la restauration du dôme et de la statue de St Martin [2]. Cette souscription publique et gérée par la mairie de Tours nous permet de « partager les valeurs de notre territoire » [3].

En voilà une belle manière de rendre accessible à tous la participation citoyenne à un projet fédérant toute la société ! On notera tout de même que M. Babary « précise que le recours à la Fondation du patrimoine permettra de s’adresser "aux bénéficiaires de l’ISF comme aux entreprises". » [4]. Mais, si toi, petit plébéïen(ne), souhaite donner en souvenir de Saint Martin qui coupa son manteau en deux pour en donner une partie à un pauvre [5] [6], tu peux être rassuré sur le salut de ton âme car ton don ira aux démunis. Effectivement le Diocèse de Tours possédait en 2011 un déficit de 1,9 millions d’euros [7]. De toutes façons, toutes les bonnes volontés seront les bienvenues quand le coût des travaux de restauration, obligatoires selon l’adjoint au rayonnement de la ville [8], s’élève à 1,7 millions d’euros.

Cette démonstration de l’adéquation des politiques publiques avec les questions les plus contemporaines était déjà présent dans le programme de M. Babary qui prévoyait la promotion de Tours comme centre mondial martinien [9]. Nous sommes certes tous impatients de cette grande fête de la Saint Matin, mais il faudra attendre encore jusqu’à 2016 pour cet événement d’ampleur mondiale. Par contre, il est d’ors et déjà possible de savourer une belle utilisation laïque des deniers publiques grâce aux dons pour la restauration de la Basilique Saint Martin, dont 66 % sont déductibles d’impôts.

Eusebio

Notes

[3Sur le partage du territoire : on le sait tous, la raison principale de l’élection de Serge Babary à la mairie fut sa proposition de grandes orgies gratuites en costumes Renaissance (p13 de son programme). Par rationalisation budgétaire (et en jouant un peu avec cohérence historique), il serait envisageable de partager la basilique restaurée (ou non) dans le cadre de ces soirées.

[6Donnant ainsi une image assez juste de la charité qui consiste plus dans le geste que dans le résultat. "Oh merci mon bon seigneur pour ce bout de manteau qui va m’aider à survivre sous la neige !"

[8NR du 18/11/2014