La ville de Tours solidaire de la bourgeoisie de l’art

Étrange initiative de la mairie de Tours ce 10 mars : sous prétexte de dénoncer la fermeture des musées, alors que les galeries d’art et les commerces restent ouverts, Emmanuel Denis et son adjoint à la culture ont ouvert les portes du Musée des Beaux-Arts à des commissaires-priseurs venus annoncer la vente aux enchères d’un tableau de Claude Monet [1].

La maison Rouillac a donc bénéficié des moyens de la municipalité pour annoncer à la presse la mise en vente, en juin prochain, d’une toile baptisée Dieppe. Mise à prix de départ : 1 million d’euros, soit au minimum une commission de 160 000 euros pour Philippe et Aymeric Rouillac. Le tableau vient d’une collection privée, et atterrira sans doute dans une autre collection privée : la crise en cours ne semble pas trop affecter le marché de l’art.

Ça n’a pas empêché l’adjoint à la culture, Christophe Dupin, de se fendre d’un couplet incongru sur l’exception culturelle et le caractère essentiel des œuvres d’art, qui ne devraient pas « subir les mêmes règles du commerce » que les autres biens. La démonstration aurait sans doute été plus convaincante si elle ne s’appuyait pas sur un tableau qui, d’après le site du commissaire-priseur, n’a été exposé au public que deux fois, en 1940 et 1960.

t.b.

Edit : l’article était initialement illustré par une photo de la conférence de presse organisée par la mairie. Suite à une réclamation de l’attaché de presse de la ville, auteur de la photo, elle a été modifiée.

Notes

[1L’argument du respect des gestes barrières pour la réouverture du musée a été en partie saboté par les commissaires-priseurs et leur expert, qui ont enlevé leurs masques afin d’apparaître plus à leur avantage lors de leurs interventions.