Janvier 1962 : arrestation d’un militant poujadiste rue Georges Courteline

A la fin du mois de janvier 1962, dans le cadre des opérations anti-OAS, Marcel Lucas, charcutier vivant rue Georges Courteline, à Tours, est arrêté. A son domicile, on a découvert des explosifs ainsi que des tracts OAS. Créée en 1961, l’Organisation de l’Armée Secrète veut conserver l’Algérie française, et sème la terreur tant en France qu’en Algérie ; ses attentats feront plus de 2 700 victimes.

Voilà ce qu’écrit Robert Florent, secrétaire adjoint de la fédération d’Indre-et-Loire de la SFIO, dans le n°813 du Réveil socialiste :

« Cette arrestation ne nous a pas surpris, car là encore il s’agit d’un ancien militant poujadiste, et ceux qui comme moi ont suivi la campagne électorale qui a précédé les élections législatives du 2 janvier 1956 ont bien connu M. Lucas. Lorsque la meute hurlante des poujadistes se pressait dans les réunions socialistes, non pour y apporter la contradiction à nos orateurs, comme il est de règle en démocratie, mais pour les insulter, les bombarder de tomates ou de pommes pourries, les menacer, M. Lucas était bien souvent à la tête de ces commandos.

Nous disions à cette époque que l’action du Mouvement Poujade n’avait rien à voir avec la défense des intérêts légitimes des petites commerçants et des artisans, et que les méthodes employées étaient des méthodes fascistes. (…)

Mais maintenant, si on retrouve quantité de meneurs poujadistes de 1956, compromis avec l’OAS, ce n’est par hasard, ce n’est pas parce que tous les poujadistes étaient pour l’Algérie française. Non : L’Algérie française, ces messieurs s’en moquent bien, cela n’est qu’un prétexte à leur agitation, comme l’était hier la défense du commerce. Mais si le prétexte a changé, le but reste le même : abattre la République et instaurer dans notre pays une dictature fasciste, parce que telle était, dès sa fondation, la destinée et la vocation du mouvement créé par M. Poujade. »

Parmi les militants poujadistes élus lors des élections législatives du 2 janvier 1956, on trouve notamment... Jean-Marie Le Pen. Élu dans la première circonscription de la Seine, il siègera à l’Assemblée nationale avant de partir combattre en Algérie. Il participera ensuite à la fondation du Front National — dont il est toujours président d’honneur —, notamment avec d’anciens de l’OAS.