Grève à la SNCF : "Si ça continue, on risque de perdre notre flegme légendaire"

Après un passage à la préfecture d’Indre-et-Loire et à la direction régionale de la SNCF, les cheminots et cheminotes en lutte ont voté la poursuite de la grève à l’unanimité.

Ce lundi marque le début d’une phase décisive pour la grève des cheminots. Le gouvernement prévoit toujours que l’Assemblée nationale examine le projet de loi à partir de mardi, et la direction SNCF est toujours aux abonnés absents alors qu’elle porte aussi sa responsabilité dans la grève, par son entreprise de casse systématique du service public et des droits des cheminots et cheminotes.

A Tours, les grévistes avaient donc décidé de présenter des motions au préfet et au directeur régional. Un cortège comptant environ 150 cheminots de Tours et Saint-Pierre-des-Corps s’est rendu devant la préfecture, en scandant : « La droite en a rêvé, Hollande l’a fait. » Après un échange avec le chef de cabinet du préfet, un représentant de la CGT a déclaré aux grévistes assemblés :

« On l’a prévenu qu’on était déterminés. Si ça continue, on risque de perdre notre flegme légendaire. »

Les manifestants se sont ensuite rendus devant les locaux de la direction régionale, qu’ils ont investis pour rencontrer le directeur. Un cheminot a ironisé sur le taux de grévistes annoncé par la direction à la presse :

« Vous avez annoncé vendredi qu’il y avait 17 % de grévistes. Soit on nous ment ; soit il n’y a que 17 % du personnel qui est indispensable dans l’entreprise, vu qu’on fait paniquer le gouvernement et qu’il n’y a plus de circulation ; soit ceux qui nous dirigent ne savent pas gérer. Je pense qu’on nous ment... »

Une motion reprenant les revendications des cheminots en lutte a été lue au directeur régional. C’est à écouter ici :

Motion lue au directeur régional - Durée : 3 minutes

Un cheminot a reproché à la direction d’avoir fait le choix du pourrissement, et d’avoir utilisé la communication sur le baccalauréat pour monter les usagers contre les cheminots. Il a aussi dénoncé la décision de la SNCF de former dans l’urgence des cadres non-grévistes pour faire circuler les trains et casser la grève, au mépris de la sécurité des voyageurs [1]. « J’ai honte dans mon entreprise quand je vois ça. »

Le directeur a été copieusement hué quand il a prétendu que le RH077, qui encadre les temps de travail et de repos dans l’entreprise, ne serait pas remis en cause. Les grévistes lui ont répondu en scandant les articles du projet de loi qui attaquent l’accord, et ont expliqué qu’ils craignaient qu’une nouvelle convention collective n’entraîne un nivellement par le bas de leurs conditions de travail. Le directeur a admis qu’il n’existait aucune garantie du contraire.

"Cuvillier, si tu savais"

Plus de 100 grévistes étaient présents à l’assemblée générale qui a suivi. La CGT, SUD-Rail et FO ont appelé à poursuivre et renforcer le mouvement. « La mobilisation grandit, contrairement à ce qu’on nous laisse croire » assurait le délégué FO. Et la grève a été reconduite à l’unanimité.

Certains militants ont dénoncé la position des médias, qui en ont mis « plein la gueule » aux grévistes. D’autres signalaient que « des managers font le tour des piquets de grève et traitent les grévistes de menteurs. » Enfin, beaucoup se félicitaient des très nombreux messages de soutien reçus.

Comme en réponse à ceux qui accusent les syndicats en lutte de ne pas vouloir que les choses bougent, un gréviste a déclaré :

« Une réforme, il en faut une, parce que c’est le bordel sur les chantiers. Ça tourne pas. Il faut revenir sur les fondamentaux. Et pour ça, il faut que le projet du gouvernement cesse. »