Grève à la SNCF : les cheminots de Tours votent la poursuite du mouvement

Les cheminots et cheminotes, mobilisés depuis le 10 juin au soir, ont voté à l’unanimité pour la reconduction de la grève le vendredi 13. Avant l’assemblée générale, un cortège a manifesté rue Nationale.

Le mouvement d’opposition au projet de réforme ferroviaire se poursuit [1]. Ce matin, les cheminots grévistes des sites de Tours et Saint-Pierre-des-Corps s’étaient donné rendez-vous au Foyer du Cheminot pour aller jusqu’à la permanence parlementaire du député « socialiste » Jean-Patrick Gille.

La manifestation, qui réunissait des syndicalistes de SUD-Rail, de la CGT-Cheminots et de FO-Cheminots, a trouvé une rangée de flics devant l’entrée de la permanence. Le député et son assistant parlementaire étant à Paris pour échanger avec les représentants des intermittents et précaires en lutte contre le projet d’accord sur l’assurance chômage, une pétition et une motion intersyndicale ont été remises à une autre collaboratrice de Gille. A propos de la réforme, les manifestants ont scandé :

« La droite en a rêvé, la gauche l’a fait »

Une nouvelle assemblée générale des grévistes de Tours a eu lieu à 11 heures, avec une participation supérieure à la veille. Certains secteurs présentaient toujours des taux de grévistes extrêmement élevés. En région Centre, 80 % du personnel de la Suge (police ferroviaire) était en grève aujourd’hui. A l’ECT (Établissement Commercial Trains, établissement de rattachement des contrôleurs), plus de 70 % des agents ont débrayé.

« C’est le patron de l’ECT qui a dû ouvrir le local ce matin. J’avais jamais vu ça, même en 1995 » racontait l’un des grévistes.

Pour les cheminots et cheminotes grévistes, ces chiffres et la forte participation aux assemblées générales partout en France montrent bien que les chiffres communiqués par la direction de la SNCF sont bidons. « S’il n’y avait eu que 30 % de grévistes, le secrétaire d’État n’aurait pas reçu les syndicats aussi vite. » Deux rencontres ont eu lieu, hier soir et ce matin. A propos de la rencontre d’hier, un militant de SUD-Rail racontait que Frédéric Cuvillier avait essayé de convaincre les représentants syndicaux du bien-fondé de la réforme, sur le mode : « Je vais vous expliquer, vous n’avez pas bien compris. » Dans le bulletin imprimé par l’organisation syndicale, on peut lire :

« Lors de la rencontre, Frédéric Cuvillier a longuement expliqué qu’il était "de gauche". Mais on s’en fout totalement des états d’âme du monsieur qui est passé de ministre à secrétaire d’État ! Nous sommes en grève, nous voulons des réponses aux revendications mises en avant dans la plateforme unitaire de nos fédérations et dans nos assemblées générales. (...) Les revendications des grévistes sont :

  • la réintégration du système ferroviaire dans une seule entreprise publique (1 EPIC, pas 2 comme depuis 1997, pas 3 comme le projet de loi le prévoit) ;
  • l’arrêt de l’éclatement de l’entreprise SNCF orchestrée en interne par Guillaume Pépy et consorts : stop au découpage en "branches", aux réorganisations et expérimentations qui cassent les collectifs de travail et dégradent nos conditions de travail ;
  • la non-remise en cause du RH 0077 et du Statut, leur amélioration et leur extension à tous les salarié-es du secteur ferroviaire ;
  • l’annulation de la dette imposée depuis des années aux entreprises publiques ferroviaires [2]. »

Faute de réponses satisfaisantes du gouvernement aux revendications de la plateforme unitaire, les trois organisations syndicales ont proposé la poursuite de la grève, qui a été votée à l’unanimité. Le travail d’ancrage de la grève se poursuit, avec des piquets sur les lieux de travail aux heures d’embauche. D’autres actions sont prévues dans les jours qui viennent.

Notes

[2La dette a été contractée à la demande de l’État, qui a exigé la construction des lignes grande vitesse sans les financer.