Soutien du collectif Ohé du bateau, j’ai été littéralement atterré de voir son président, Franck Mouget, plonger la tête la première dans les festivités du 1700e anniversaire de Saint-Martin. Ainsi qu’en témoignent divers articles de la presse locale et vidéos circulant sur Internet ou Facebook, Franck Mouget était le 2 juillet dernier, lors de l’ouverture de ces festivités, partout. Costumé à la parade, donnant de la voix (à deux pieds marins de Babary) lors du dévoilement de la statue place Anatole France, au cours de la soirée qui se poursuivit par des spectacles « orchestrés par Franck Mouget » comme le résuma la NR du lendemain…
Bref, il était sur le pont, tout le problème étant de savoir lequel ! Celui de l’ego du personnage dont nul n’ignore, au moins dans le milieu culturel, l’hypertrophie structurelle ? Celui de l’indépendance, proclamée mais bien mal tenue, de l’artiste face aux pouvoirs publics locaux ? Celui de célébrations on ne peut plus dispendieuses (1,5 millions d’euros en tout) qui favorisent, comme l’on dit, la pêche en eaux troubles ? Celui de la dérive évidente entre la construction du grand projet associatif, culturel d’Ohé du Bateau et la soumission à l’ordre cultuel de la bonne bourgeoisie tourangelle ? Celui de la confiance trahie de maints citoyens ou associations ayant pris leur part dans le financement du rachat du Bateau Ivre ? Etc., etc.
Sur le site de Ohé du Bateau, on peut lire que le collectif s’est créé pour ne pas laisser vendre la salle du Bateau Ivre à des « promoteurs immobiliers », que son combat est aussi de l’ordre de « la résistance citoyenne », et que la culture et le spectacle vivant sont de plus en plus « malmenés, délaissés par les pouvoirs publics ». C’est pour ces raisons que j’ai, avec tant d’autres, apporté mon soutien à cette initiative. Aussi quand j’ai vu son président se commettre avec ceux-là même qui, de Germain en Babary, vendent le Haut de la rue Nationale à Eiffage ou à Hilton, réduisent en 2105 et 2016 les subventions aux associations culturelles (ou autres), dilapident les fonds publics en festivités confessionnellement et socialement orientées, je me suis en effet senti trahi. Et je me suis interrogé sur les raisons de… restons aimables… ce grand écart.
Pour ma part, j’ai donc décidé de suspendre tout soutien futur avant que ne soit éclairée ma boussole de quelques déclarations publiques du capitaine sur le cap qu’il vise réellement. Et je suis certain de ne pas être le seul mutin…
Pierre Bitoun
