Extension de cheptel bovin à Monts : la Confédération paysanne dit non

Après son projet avorté de ferme-usine, le même groupement agricole de Monts veut aujourd’hui passer à un troupeau de 350 vaches laitières. Dans un communiqué, la Confédération paysanne met en garde contre ce projet et dénonce la tendance à l’agrandissement des fermes.

Une enquête publique est en cours pour une nouvelle demande d’extension de cheptel dans un GAEC de Monts [1]. Ce même GAEC avait levé l’opposition de citoyens, de la Conf’ et de l’association Restons fermes en 2015, avec une première demande d’extension qui n’avait à l’époque pas été accordée. La Conf’ est toujours opposée à l’extension et l’explique.

Pâturage, autonomie alimentaire, pas d’OGM : oui, mais pas avec 350 vaches laitières et en péri-urbain !

Dans ce dossier de demande d’extension, à la différence de 2015, le GAEC annonce arrêter l’atelier de taurillons et n’augmenter « que » jusqu’à 350 vaches laitières. En plus des chèvres déjà présentes, 350 vaches supposent déjà énormément de trafic routier pour acheminer les aliments et respecter le plan d’épandage du fumier et lisier. Un trafic regrettable et difficilement conciliable avec la localisation péri-urbaine de la ferme.

Le GAEC insiste sur leur volonté de suivre la charte de Délices de Touraine [2], initiative intéressante qui impose le pâturage cinq mois de l’année avec 45 ares par vaches, l’autonomie alimentaire du troupeau à 90 % et pas d’aliments OGM. Nous espérons qu’ils vont réussir à respecter ces engagements affichés, qui vont dans le sens d’une agriculture durable, mais nous en doutons fortement. C’est irréalisable avec 350 vaches, d’autant plus en contexte péri-urbain, car il faudrait 157 hectares de pâturage à proximité de la salle de traite. Avec ce projet, Délices de Touraine prend un risque pour son image.

Maintien de l’emploi local, prix rémunérateurs, bonnes conditions de travail : oui, mais pas avec des fermes irreprenables qui perpétuent un système voué à l’échec !

La demande d’extension insiste également sur l’amélioration de conditions de travail sur la ferme, la nécessité d’un prix rémunérateur du lait et le maintien de l’emploi à la laiterie de Verneuil grâce à la quantité de lait produite.

Là encore nous partageons ces impératifs de prix rémunérateur, de condition de travail et d’emploi sur le territoire. Mais justement, une ferme de 350 vaches n’est pas la solution à ces enjeux. L’agrandissement des fermes est une solution à court terme, qui perpétue le système à outrance : endettement des paysan-nes et fermes impossibles à céder ensuite car elles seront trop chères. La course en avant à l’agrandissement est l’avenir des investisseurs mais pas des paysan-nes.

Il est urgent de travailler à des solutions à long terme : favoriser la transmission des fermes d’élevage, permettre des installations nombreuses et réparties sur le territoire pour fournir assez de lait localement sans concentrer les nuisances. Pour cela, deux impératifs : garantir un prix rémunérateur et ne pas saper les aides qui permettent aux éleveurs leur transition vers un système résilient : ICHN, aides bio, aides publiques avec conditionnalité sociale et environnementale.

Les exemples de fermes laitières résilientes existent dans le département. La Chambre d’agriculture doit les encourager plutôt que soutenir un projet qui perpétue un système en crise. Dans le département, il existe des fermes d’élevage laitier qui développent l’autonomie alimentaire de leur troupeau et leur résilience. Ces paysan-nes sont de toutes tendances syndicales et certain-es sont élu-es à la Chambre d’agriculture.

Aujourd’hui seule la Conf’ ose dire tout haut qu’il faut stopper la tendance à l’agrandissement. La Chambre d’agriculture a validé la demande d’extension du GAEC. Nous regrettons qu’elle ait soutenu une telle solution court-termiste qui aggrave la crise en cours. Nous espérons au contraire que, dans les mois qui viennent, le travail sur la transmission et l’installation sur des fermes d’élevage sera une priorité dans le département. Et que tous les acteurs travailleront à donner envie à des jeunes (ou moins jeunes) de devenir éleveurs laitiers et à ce qu’ils puissent vivre correctement de ce métier. Il y a urgence.

P.-S.

Lire aussi sur le site de la Confédération Paysanne : Bio : nouveau renoncement ! et PAC 2018 : La trahison gouvernementale !.

Notes

[2Lire la présentation du label Délices de Touraine en cliquant ici.