Tous les soirs à Tours ce sont au minimum 200 personnes, femmes, enfants et hommes, qui dorment dehors. 200 personnes qui appellent quotidiennement le 115 dans l’espoir de trouver une solution d’hébergement. Il arrive, par chance, que celui-ci réponde pour une nuit à leur besoin, mais le plus souvent ils sont renvoyés indéfiniment à un même répondeur leur demandant de « rappeler plus tard » ou se heurtent au couperet habituel « il n’y a plus de place, rappelez demain » [1].
L’INSEE estimait en 2009 le nombre de logements vides à plus de 5500 sur la seule ville de Tours [2], Jean Germain, sans doute un peu mieux myope, n’en a jamais compté que 2000 [3]. Cependant, l’essentiel est là : ces milliers de logements seraient largement suffisants pour loger de manière décente ceux qui tous les soirs dorment dehors mais aussi donner des appartements à ceux qu’on se contente d’héberger dans des conditions plus que précaires (hôtels miteux loués par des associations, foyers surpeuplés, etcetera).

Rue Adjudant Velin et rue du Sergent Leclerc (juste derrière l’ancienne caserne, rue du Plat d’Etain) ce ne sont pas moins de 6 petits immeubles de 4 appartements chacun qui sont vides, laissés à l’abandon depuis le départ des militaires. Pour empêcher l’irruption de squatteurs, on a bien pris soin de couper l’eau et l’électricité et de retirer (pour les laisser pourrir sur place) l’essentiel des canalisations et des gaines techniques. Quelques tags et bris de verres ont fini de les rendre repoussants mais avec un peu de débrouille et d’huile de coude ils seraient tout à fait propres à être habités. Nous sommes allés photographier ces 24 logements parmi les 5000 répertoriés par l’INSEE, afin de rappeler sans cesse que pendant que des hommes s’abîment dans la rue, des cloisons et des vitres s’abîment aussi sans que personne n’en profite. La loi autorise le maire et le préfet à réquisitionner des logements vides pour y loger ceux qui en ont besoin. On comprend qu’ils soient trop occupés eux-mêmes pour parcourir les rues à leur recherche, mais, beaux joueurs, s’ils ont besoin, on peut gentiment leur donner les adresses !









Muriel et Antoine Marcireau