Élections municipales : à Tours, l’abstention largement en tête

Dès l’ouverture des bureaux de vote, les électeurs se sont massivement détournés des isoloirs. Près de 50 % des inscrits ont trouvé mieux à faire : sur 78 450 inscrits, environ 41 000 seulement se sont déplacés. Le candidat qui arrive en tête du scrutin n’a rassemblé que 18,4% des inscrits (36 % des votants).

L’abstention est le langage muet dont il convient de se servir pour indiquer son mépris des lois et de leurs faiseurs. Voter, c’est se rendre complice. On prend sa part des décisions. On les ratifie d’avance. On est de la bande et du troupeau. Comment refuser de s’incliner devant la Chose légiférée si l’on accepte le principe de la loi brutale du nombre ?

En ne votant pas, au contraire, il semble parfaitement logique de ne se soumettre jamais, de résister, de vivre en révolte. On n’a pas signé au contrat. En ne votant pas, on reste soi. On vit en homme que nul Tartempion ne doit se vanter de représenter. On dédaigne Tartalacrème. Alors seulement on est souverain, puisqu’on n’a pas biffé son droit, puisqu’on n’a délégué personne. On est maître de sa pensée, conscient d’une action directe. On peut faire fi des parlottes.

Dans le peuple même on perd la foi : les derniers électeurs ricanent. Le paysan renonce à implorer. L’ouvrier songe à d’autres moyens… Rien de bon n’est sorti de l’Urne. Jamais, pour cause de misère, il n’y eut autant de suicides. Qu’a-t-on fait contre le chômage ? Que n’a-t-on pas fait contre la pensée ? Lois d’exception, lois scélérates… Bientôt, plus que le suffrage, le dégoût sera universel.

On vous trompe, bons électeurs, on vous berne, on vous flagorne quand on vous dit que vous êtes beaux, que vous êtes la justice, le droit, la souveraineté nationale, le peuple-roi, des hommes libres. On cueille vos votes et c’est tout. Vous n’êtes que des fruits… des Poires.

On vous trompe, on vous trompe sans cesse. On vous parle de fraternité, et jamais la lutte pour le pain ne fut plus âpre et meurtrière. On vous parle de patriotisme, de patrimoine sacré — à vous qui ne possédez rien. On vous parle de probité ; et ce sont des écumeurs de presse, des journalistes à tout faire, maîtres fourbes ou maîtres chanteurs, qui chantent l’honneur national. Les tenants de la République, les petits bourgeois, les petits seigneurs sont plus durs aux gueux que les maîtres des régimes anciens. On vit sous l’œil des contremaîtres.

Extraits du texte Vous n’êtes que des poires !, à télécharger sur Infokiosques.net.