Des mineurs isolés toujours en attente de scolarisation

Dans un courrier adressé au ministre de l’éducation et au rectorat d’Indre-et-Loire, de jeunes étrangers mineurs accompagnés par l’association Utopia 56 déplorent d’être laissés à la porte des établissements scolaires. Nous reproduisons ci-dessous leur courrier.

Nous sommes des jeunes entre 15 et 18 ans, et nous vivons dans un squat : le Plan B, en attendant d’être reconnus mineurs. Mais aujourd’hui nous voulons vous écrire ce courrier au nom de tous les enfants et tous les jeunes dans notre situation.

Nous avons tous fait les tests obligatoires du Centre d’information et d’orientation (CIO) parce que l’on nous a dit que c’est eux qui pourraient regarder notre niveau pour nous mettre dans une classe adaptée. Nous on veut aller à l’école, apprendre un travail. Pour beaucoup d’entre nous, nous avons quitté notre pays parce que l’on voulait étudier. On veut savoir et pouvoir dialoguer, parler bien le français et l’écrire aussi. On nous demande de nous intégrer et nous on croit que c’est grâce à l’école surtout que c’est possible.

La rentrée des classes est passée depuis trois mois maintenant et nous réalisons qu’il n’y a encore pas de place pour nous. Nous nous réveillons tôt chaque matin et nous regardons tous nos amis partir à l’école et nous, nous n’avons rien à faire. Alors nous réfléchissons à notre situation qui n’avance pas. Nous savons aussi que la scolarisation et la formation en cours seront les premiers critères pris en compte dans le dossier de régularisation à nos 18 ans. Sans cela, nous n’avons aucune chance. Pourtant, la porte de l’école reste fermée devant nous.

Nous savons que la République Française a fait la promesse dans sa constitution de garantir l’égal accès des enfants à l’éducation. Nous vous demandons aujourd’hui, au nom de tous les enfants et de tous les jeunes dans notre situation de respecter cette promesse. De ne pas organiser de « tri » en fonction de notre âge ou de notre niveau. Nous vous demandons aujourd’hui au nom de tous les enfants et de tous les jeunes dans notre situation de prendre conscience des enjeux d’une école aux portes fermées. Nous vous demandons de vous rappeler que l’école est obligatoire jusqu’à 16 ans mais que c’est aussi un DROIT passé ce délai.

On nous répète qu’il n’y a pas de place, alors on fait quoi nous ? Nous voulons réaliser nos rêves. Mais pour cela, nous ne devons plus être invisibles. On est prêts et on attend avec impatience le jour où nous aussi nous ferons notre rentrée des classes.