Le carton d’invitation est envoyé par Mathilde Ayral, responsable presse de la ville de Tours et de l’agglo. Le président du directoire du groupe La Nouvelle République et le maire de Tours, main dans la main, invitent un public trié sur le volet (l’invitation est « strictement personnelle ») au vernissage d’une expo organisée à l’hôtel de ville à l’occasion de l’anniversaire du journal.
En téléphonant au numéro inscrit sur le carton d’invitation, impossible de savoir qui de la mairie ou du journal réglerait la facture du cocktail. Mais l’important n’est pas de savoir qui payera les petits fours ; c’est d’apprendre que journalistes et élus les engloutiront côte à côte. Rien de tel qu’une petite coupe de vouvray face à un adjoint municipal pour travailler son indépendance et acérer sa plume...
Le journal pourra ensuite continuer à servir la soupe à la mairie — peu importe qui l’occupe, c’est l’institution qui compte. Gageons qu’il saura se montrer reconnaissant vis-à-vis de Babary. Après tout, c’est lui qui a organisé la fête d’anniversaire, et qui s’est chargé de distribuer les cartons d’invitation.
Mais les salariés du journal feraient bien de se méfier. Ce genre de collusion entre médias et pouvoir a tendance à déplaire aux lecteurs. Pour certains observateurs, ce type de « rapport incestueux au pouvoir » a contribué à ce qu’un quotidien pas si éloigné, La République du Centre, soit amené à supprimer 75 postes.
Illustration : Réflexion collective à la Nouvelle République. Qu’offrir à Serge Babary pour son anniversaire ?