Chronique d’une année scolaire : le jour où Blanquer est venu vendre sa came

Il court, il court, le ministre. Il passe en coup de vent et dépose des poussières de partenariat avec des entreprises privées. Promettre monts et merveilles à coups de communication est plus aisé que de répondre aux questions des personnels et des élèves.

Blanquer se promène dans le département. À coups de tables rondes d’une trentaine de minutes, et de visites express, le ministre semble décider à éviter tous les sujets qui fâchent : réforme du bac, réforme des lycées, conditions de travail des personnels, manque de moyens humains et financiers, inégalités des territoires...

Le ministre est accompagné du photographe Yann Arthus-Bertrand durant ces journées du 21 et 22 novembre. Ce dernier vient en tant que président de la Fondation Goodplanet, dont le slogan est simple : « Agir rend heureux. » Celle-ci a pour vocation de sensibiliser l’ensemble des acteurs aux enjeux environnementaux. Elle met en œuvre des projets de terrain autour de cinq grandes thématiques (biodiversité, agriculture durable, énergie propre, déchets et éducation) afin de préserver notre planète.

La présence du photographe est une preuve (encore une fois) des déviances privées d’un ministère se disant de service public. Ce n’est effectivement pas la première fois que le ministère propose des actions à destination des scolaires émanant d’entreprises ou de fondations privées. En tant qu’enseignante, j’ai toujours des doutes quant à la bonne foi de ces services offerts par des partenaires privés sous couvert le plus souvent d’écologie et de développement durable.

La Fondation Goodplanet se targue d’une charte de bonne conduite, qui consacre un paragraphe aux partenaires et mécènes privés.

En revanche, elles impliquent de la part des partenaires et mécènes qu’ils partagent la philosophie et les objectifs de la Fondation. La Fondation GoodPlanet n’aura pas d’engagement avec les entreprises ou organisations dont les activités sont en conflit ou en contradiction avec ses valeurs, son champ d’activités ou tout principe inhérent à sa Charte. Les entreprises et industries qui nous accompagnent s’engagent formellement par la signature de cette Charte à entreprendre de façon volontariste, dans une démarche de progrès à long terme, des actions de minimisation de leurs impacts primaires et de leurs externalités dommageables, sur les trois sphères du développement durable : environnementale, sociale et économique.

J’avoue rester assez dubitative lorsque l’on sait que parmi les partenaires de cette fondation on trouve BNP Paribas, Suez, Bouygues ou encore Danone, entreprises pas si raccord avec les valeurs de Goodplanet. Suez lutte activement contre la gestion publique de l’eau, tandis que la BNP, malgré des campagnes médiatiques visant à soigner son image de banque responsable, continue imperturbablement à financer des méga-projets fortement émetteurs de gaz à effet de serre, notamment dans le secteur du charbon.

Alors, le ministre peut répéter à l’envie que je dois croire à l’École de la confiance, j’avoue que je reste sourde à ses injonctions.

Deca