C’est La Nouvelle République qui le signale :
« Monique Colboc, qui figure sur la liste de Céline Delagarde (PS) aux municipales à Chinon, est l’une des rares candidates d’Indre-et-Loire à avoir paraphé la Charte "Manif pour tous" (...) qui défend notamment la volonté d’abroger la loi Mariage et adoption pour tous [1]. »
Cette « charte des municipales » est un document produit par les acteurs de La Manif pour tous en direction des candidats aux élections municipales. Les signataires de la charte s’engagent à respecter un certain nombre de principes, et comme le résume le journal Libération : « toutes les marottes de cette France très tradi sont là » : refus des unions homosexuelles, préservation de la « filiation père-mère-enfant », lutte acharnée contre des supposées « expérimentations de genre » à l’école... Outre la particularité que constitue la présence de la candidate citée sur une liste du Parti Socialiste à Chinon, on trouve d’autres signataires en Indre-et-Loire.
Les candidats qui ont signé la charte de La Manif pour tous
A Joué-les-Tours, la tête de liste UMP Frédéric Augis a signé ainsi qu’une des ses camarades Annie Laurencin. A Saint-Pierre-des-Corps, deux colistiers du candidat UMP Mickaël Lecuyer ont signé, en famille puisque qu’il agit d’un couple : Jean-François Lebourg et Marie-Reine Orgeret (épouse Lebourg).
A Tours, les trois « boutinistes » [2] présents sur la liste de Serge Babary (UMP-UDI) ont signé : il s’agit d’Edouard De Germay, de Thibault Coulon, et de Cécile Chevillard. On peut noter que les engagements qu’ils ont pris en signant la charte de La Manif pour tous n’apparaissent pas dans le programme de la liste « Tours ensemble », alors même que ces engagements sont censés se traduire par des actions concrètes [3].
Mise à jour. Depuis la parution de cet article, deux autres colistiers de Serge Babary ont signé la charte de La Manif pour tous : Aurélie Ossadzow et Brice Doineau. Par ailleurs, on nous a signalé que Serge Babary avait été de toutes les manifestations contre la mariage homosexuel. Le candidat, interrogé sur ce sujet lors du débat organisé par l’École Publique de Journalisme de Tours, a botté en touche en indiquant qu’il s’agissait d’un débat national. Mais comme le montre la suite de cet article, certains des engagements pris par ses colistiers sont bien censés être mis en œuvre à l’échelon local.
A Amboise, une bonne partie des membres de la liste de Daniel Guyon (candidat divers droite) ont signé cette charte, surement guidés par leur chef de file, lui-même signataire. On trouve : Benoit Aubé, Lydie Bel, Daniel Blanchard, Mariana Bremard, Daphné Dufrenois, Paul Gouamba, Carine Lancereau, Victor Le Pennec, Marc Léonard, Lilan Michau, Michel Petit et Claire Genty, conseillère municipale sortante. Mais on retrouve aussi des signataire sur une autre liste, celle menée par Christophe Galland : Michel Moire et Francoise Sejourné.
A Ballan Miré ont retrouve deux signataires Mathilde FONCK, et Olivier DE LA FERTÉ, présent sur la liste de Didier KOENIG (UMP).
A Chambray-les-Tours, Michel LAMY et Jerome CHEVILLARD ont signé la charte, ils sont sur la liste de Laurent BORDAS (UMP).
Saint Avertin, un conseiller municipale sortant a signé Pierre FAUCHART présent sur la liste du maire UMP.
Phillippe Briand à Saint Cyr-sur-Loire n’est pas épargné par cette vague réactionnaire, un de ses colistiers ayant signé : Michel GILLOT
Enfin, dans la petite commune de Saint-Christophe-sur-le-Nais, un conseiller municipal sortant a signé cette charte : Jean-Michel Rullon. A Noizay : Bertrand LANOISELÉE et à MOUZAY :Claire CHATAGNON.
A quoi s’engagent les signataires de la charte ?
Les signataires s’engagent, une fois élus, à défendre différentes positions idéologiques ou à mettre en place certaines actions [4]. Florilège.
- La création d’un élu chargé des bonnes mœurs (selon les critères de La Manif pour tous) :
« Qu’un adjoint soit dédié aussitôt après les élections à la mise en œuvre d’une politique répondant aux engagements de la présente charte. »
- La mise en place une politique visant à maintenir les préjugés sexistes :
« Préserver l’enfant de toute expérimentation basée sur les concepts de Genre, diffusés sous couvert de lutte contre les stéréotypes et pour l’égalité Homme / Femme, en particulier en maternelle, dans les crèches et dans les temps périscolaires à l’école. »
- La nomination d’inquisiteurs de La Manif pour tous dans les établissements publics, avec un accent particulier mis sur les lieux recevant la jeunesse :
« Élu(e), je délèguerai une personne en accord avec cette Charte dans les Conseils des Écoles et, le cas échéant, dans les Conseils d’administration des collèges et lycées de ma commune. »
Enfin, il s’agit de soutenir plus largement une politique nationale mettant en avant une certaine conception de la famille, faisant passer les croyances personnelles rétrogrades avant les principes égalitaires, et favorisant la stigmatisation de certaines catégories de personnes.
« Élu(e), j’exprimerai mon soutien, lors des élections sénatoriales, et donnerai mon parrainage, lors de l’élection présidentielle, aux candidats qui s’engageront sur le programme législatif suivant :
- Abroger la Loi Mariage et Adoption pour Tous sans rétroactivité pour préserver et restaurer la filiation père-mère-enfant et favoriser l’éducation des enfants par leurs parents,
- Refuser la marchandisation du corps, en particulier via l’ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux célibataires ainsi que la GPA quelle que soit la composition du couple,
- Inscrire dans le droit la reconnaissance pour les élus de se prévaloir de la liberté de conscience dans l’application de la Loi Mariage et Adoption pour Tous. »
Bref, un avenir radieux en perspective que nous propose La Manif pour tous ! Sans surprise, Libération signalait dans son article en date du 26 février que « une flopée de candidats FN assure, à ce jour, le gros des signataires dans des villes de plus de 50 000 habitants ».
Photo : Marie-Lan Nguyen / Wikimedia Commons / CC-BY 2.5