« Ce n’est pas que dans la rue que ça se passe »

Les Comités syndicalistes révolutionnaires (CSR) [1] ont publié deux textes d’analyse sur la mobilisation sociale contre la réforme des retraites du gouvernement. Dans un contexte de « grève par procuration » et face au risque d’enlisement de la mobilisation par des manifestations qui s’essoufflent, les CSR appellent à construire la grève reconductible dans le privé par un travail de terrain auprès des travailleur.euses non grévistes.

Dans un premier appel daté de décembre intitulé « Ce n’est pas que dans la rue que ça se passe ! », après le succès des journées de mobilisation des 5 et 10 décembre contre le projet de réforme des retraites, les CSR appellaient à « sortir du mythe des grèves de 1995 » pour construire la grève dans le secteur privé et engager le rapport de forces avec le patronat :

« Des secteurs professionnels sont déjà engagés dans la grève reconductible. Ils ne doivent pas s’y épuiser en multipliant les manifestations toutes les quarante-huit heures. Car il y a d’autres espaces que les grands boulevards pour se retrouver et qui permettent un contrôle plus durable de l’espace. Les piquets de grève doivent être visibles, ouverts sur l’extérieur et servir de base pour s’étendre à d’autres professions. Le temps libéré grâce à la grève doit être orienté vers une campagne en direction des entreprises privées pour syndiquer, mettre en confiance et proposer la grève dès que possible. C’est cette dynamique de socialisation de la grève qui apparaîtra beaucoup plus inquiétante aux organisations patronales qu’une grève circonscrite au secteur public. C’est justement l’occasion d’organiser des professions qui le sont peu dans de véritables syndicats de branche. »

Dans un second texte de janvier intitulé « Construisons la reconductible dans le privé ! », les CSR constatent l’impasse dans laquelle s’engage la mobilisation contre la réforme des retraites à travers des manifestations et des actions médiatiques qui pompent l’énergie militante au détriment des actions dans les boîtes et autour des piquets de grève. Les CSR rappellent que la « grève générale ne se fantasme pas, elle s’organise » :

« La question centrale est désormais de donner une autre nature à la grève du 9 janvier et de la transformer en grève reconductible au cœur des structures de domination de classe : les entreprises privées. Pour cela, dès les prochains jours nous devons préparer cette perspective en généralisant les expériences qui ont été menées par plusieurs unions départementales CGT. (...) Les manifestations doivent servir la grève et non pas s’y substituer. Le but d’une manifestation n’est pas de se défouler, de se retrouver ou de se compter. La manifestation syndicale, c’est la fédération des professions en grève. Le matin de la grève, les travailleurs doivent donc se rassembler sur leur piquet pour se déplacer collectivement et visiblement vers le lieu de rassemblement unitaire. »

Les textes sont consultables en cliquant sur les liens ou sur le site syndicalistes.com.

Illustration du reportage photo du collectif La Meute du 5 décembre 2019.

Notes

[1Les CSR constituent une tendance syndicale au sein de la CGT, se présentant comme l’héritière du syndicalisme révolutionnaire.