Brésil : la coupe déborde !

Le pays de la coupe est en grève. Les grèves du nord au sud du Brésil montrent l’état chaotique du pays du football.

Le pays de la coupe est en grève

Les grèves du nord au sud du Brésil montrent l’état chaotique du pays du football.

« Pour les banques, un milliard, pour les intérêts de la dette 46% du budget de pays, pour les magistrats 35% d’augmentation, pour la coupe du monde on a dépensé plus du double de ce que le gouvernement avait prévu. Par contre, pour les ouvriers de la culture, les transports publics, l’éducation nationale et la santé, rien du tout ! » dénonce l’un des représentants des fonctionnaires du Ministère de la Culture brésilien, qui sont en grève depuis le 12 mai.

La grève du Ministère de la Culture, qui menace l’ouverture des musées pendant la coupe du monde, fait partie d’un mouvement qui prend tout le pays à quelques jours du début de la coupe du monde.

Malgré le désir de quelques syndicats liés au Parti des Travailleurs (PT) de la Présidente Dilma Rousseff, plusieurs ouvriers de différentes catégories ont croisé les bras pour dénoncer les mauvaises conditions de travail et de rémunération. Les ouvriers des transports publics de São Paulo ont arrêté leurs activités depuis la semaine dernière. La ville de l’ouverture de la coupe du monde vit des jours de chaos.

Aussi, les mouvements sociaux profitent de l’occasion de la coupe du monde pour montrer que le pays du football est aussi le pays de la ségrégation sociale, de l’abandon des populations indigènes, du racisme, de l’intolérance et de l’homophobie. Le Mouvement des Sans Logement [1], le Mouvement des affectés par les projets de barrages [2] (comme Belo Monte), les indiens, entre autres, sont dans les rues de plus d’une vingtaine de grandes villes du Brésil.

La répression par la Force de Sécurité Nationale

La réponse du gouvernement est dure. La Force de Sécurité Nationale a été envoyée dans les villes qui vont accueillir les matchs de la coupe du monde. Le gouvernement a mise en œuvre une législation de criminalisation des mouvements sociaux, comme la Loi nº 12.850/2013 [3]

« Notre grève a été considérée illégale par le Tribunal Suprême de Justice [4]... Pourtant on a suivi toutes les formalités légales, on a épuisé toutes les possibilités de négociation, le gouvernement n’a jamais accepté de négocier avec nous. Voilà, notre grève est légitime ! La décision du tribunal est complètement politique ! C’est étonnant qu’un parti qui se dit de gauche, comme le Parti des Travailleurs, qui a été élu par les ouvriers brésiliens, s’emploie à des techniques chères à la dictature militaire qui a abattue notre pays pendant plus de vingt ans ! » dit l’un des fonctionnaires du Ministère de la Culture.

Illustration : Victor Teixeira, illustrateur latino-américain indépendant, brésilien et de gauche.

Notes

[1Movimento dos Trabalhadores Sem Tetos - MTST, équivalent du Droit Au Logement brésilien http://www.mtst.org/

[2Movimento dos Atingindos por Barragens - MAB http://www.mabnacional.org.br/

[3Cette Loi de "sécurité nationale", votée en septembre 2013 ainsi que la loi d’"Organisation criminelle" qui l’accompagne, donne un cadre juridique spécifique particulièrement répressif aux manifestations contestant les politiques du gouvernement. Elle a déjà été rebaptisée par les manifestants "loi générale de la coupe" ou "loi d’exception". Ces derniers, par leurs actions, ne cessent de rappeler que "lutter n’est pas un crime !"

[4Supremo Tribunal Federal - STF, équivalent brésilien de la Cour Suprême des États-Unis.