Le blog Passeurs d’hospitalités — des exilés à Calais replace la journée dans son contexte — un contexte difficile pour les migrants et ceux qui les soutiennent.
« Étrange (...) la manière dont les autorités ont disposé la scène. Le rassemblement de l’extrême-droite, initialement prévu place d’Armes, a été déplacé à la demande du sous-préfet devant l’hôtel de ville, qui hormis son caractère monumental symbolise le coeur politique de la cité.
Les soutiens des exilés, qui organisaient un tournoi de football permettant aux Calaisiens et aux exilés de se rencontrer, s’étaient vu fermer les portes des terrains de sports de la Citadelle par la mairie, et avaient dû aller squatter des terrains voisins.
D’un côté les hôtes qu’on honore devant l’hôtel de la ville, l’extrême-droite ; de l’autre les parias qui doivent se rabattre sur les lieux qu’on veut bien leur laisser, les personnes qui tissent de la solidarité. »
Le collectif Sauvons Calais, dirigé par un jeune arborant une croix gammée sur le pectoral gauche, avait rameuté un public à sa mesure : des racistes photographiés en train d’effectuer des saluts nazis ou portant des tee-shirts de divisions SS. Le rassemblement était protégé par d’importantes forces de polices visant à empêcher toute perturbation du meeting. Un bref face à face entre militants d’extrême droite et antifascistes a quand même eu lieu à proximité de la mairie, où l’on pouvait entendre une foule de racistes scandant « Bleu blanc rouge, la France aux Français », slogan classique des manifestations du Front National.
Une centaine de militants antifascistes avait fait le déplacement, à l’appel de Calais Migrant Solidarity et de l’Action antifasciste Nord-Pas-de-Calais. Après avoir défilé dans les rues de la ville, ils ont rejoint le tournoi de foot où étaient également présents des membres du NPA et de Solidaires.
La situation des migrants à Calais est extrêmement précaire. Outre les violences policières qu’ils subissent (une manifestation de migrants était organisée le 5 septembre pour réclamer un traitement humain et le respect de leurs droits), ils doivent survivre dans des squats où tout manque.
La journée du 7 septembre a fait l’objet d’une couverture médiatique importante en Angleterre. En effet, depuis que le ministre de l’intérieur « socialiste » Bernard Cazeneuve a déclaré qu’il souhaitait « contraindre les Britanniques à prendre leurs responsabilités » [1], la situation des migrants calaisiens y fait débat. En réponse au gouvernement français, les Anglais ont proposé de leur mettre à disposition 20 kilomètres de barrières de sécurité, utilisées pour sécuriser un sommet de l’OTAN qui s’est déroulé au Pays de Galles. Une solidarité intergouvernementale qui se fait sur le dos des migrants.