Mort d’un migrant lors de son expulsion : Le Figaro salue le difficile travail de la police

Jeudi 21 août, Abdelhak Goradia est décédé lors de son transfert du CRA de Vincennes vers l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle pour être expulsé vers l’Algérie. Il est mort dans un fourgon de police, par asphyxie et régurgitation selon l’autopsie.

Jeudi 21 août, Abdelhak Goradia est décédé lors de son transfert du CRA de Vincennes vers l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle pour être expulsé [1] vers l’Algérie. Il est mort dans un fourgon de police, par asphyxie et régurgitation selon l’autopsie. Cet assassinat ordinaire a notamment été dénoncé par la Ligue des Droits de l’Homme et par Sans Papiers Ni Frontières [2]. Des détenus du CRA de Vincennes sont entrés dans une grève de la faim vendredi 22 pour exiger justice pour M. Goradia et pour dénoncer leurs conditions de rétention [3].

Le Figaro, par l’intermédiaire de la journaliste Angélique Négroni, s’est lui aussi ému à sa manière de ce décès. Dans un article intitulé La délicate mission des policiers en charge de l’expulsion des étrangers daté du 26 août, on assiste à un plaidoyer virulent en faveur des forces de l’ordre et de l’oppression. A grands renforts de témoignages de la flicaille, on nous explique que ces pauvres policiers sont confrontés à des « difficultés » (sic !) quand il s’agit d’embarquer de force des étrangers condamnés à l’expulsion.

Pour « neutraliser ces violences », les flics ligotent souvent brutalement les expulsés, pour éviter qu’ils ne se blessent. Belle ironie ! M. Goradia a eu droit à un casque de boxe matelassé utilisé « pour protéger celui qui se projette, tête la première, contre les parois du fourgon » avant d’être étouffé.

Négroni nous explique bien sûr que si certains sans-papiers se rebellent dans les CRA et lors des expulsions, c’est parce qu’ils sont agités et violents, laissant le secrétaire général de la Cimade avancer l’argument de troubles psychologiques liés à l’enfermement en CRA.

Les souffrances appliquées aux étrangers lors de leur placement en rétention ou de leur expulsion ne sont pas des maux nécessaires à leur sécurité. La mort d’un sans-papier est pas un accident regrettable mais la conséquence logique d’une politique xénophobe. Il n’y a pas de bonne façon de détenir un être humain, de le priver de liberté, de l’expulser d’un territoire sous prétexte qu’il n’a pas la bonne nationalité. Les méthodes policières employées sont aussi nauséabondes que les directives gouvernementales qui les encadrent. Disserter sur la délicatesse dans le maniement de la matraque et du serflex relève au mieux d’une hypocrisie déplacée. Ici, il s’agit d’irrespect à l’égard d’un homme assassiné et à l’égard de celles et ceux qui vivent dans la crainte et la certitude de lire leur nom sur le tableau des expulsions d’un CRA.

Illustration : extrait de Instruction relative à l’éloignement par voie aérienne des étrangers en situation irrégulière, guide édité par le ministère de l’intérieur et la direction générale de la police nationale.

Notes

[1Pour se rappeler de ce que peut signifier une expulsion, on peut lire ou relire les récits de Monsieur X et Charmant, déjà publiés sur La Rotative.

[2Pour lire le communiqué de Sans Papiers Ni Frontières, c’est ici

[3Un communiqué intitulé On ne négociera pas est disponible sur Paris-Luttes.Info