Blois : colère des conducteurs et usagers du réseau de bus Azalys

Avec les travaux de voirie, le réseau est fortement perturbé ; au point que conductrices et conducteurs mais aussi les usagèr-es sont franchement en colère.

Les Tourangeaux se souviennent des perturbations liées aux travaux du tram, hé bien il existe une ambiance similaire à Blois. Il y a suffit d’un simple fait divers le jeudi 10 décembre au matin — un collégien oublie son sac dans le bus en pleine psychose Vigipirate — pour que le réseau soit partiellement et provisoirement KO. Mais cette simple goutte d’eau a fait déborder un vase bien rempli, tant du côté des salarié-es de Kéolis que des usagèr-es. Récit à plusieurs voix.

Des salarié-es à bout de nerfs...

Le groupe Keolis (filiale SNCF [1]-Caisse des Dépôts et Consignations) est — comme à Tours [2] — délégataire pour l’agglo de Blois du réseau de transport urbain (Azalys, ex-TUB). La pression à la rentabilité est là encore maximum, au point par exemple de provoquer un grave accident comme le rappelait une salariée. Souvenez vous, c’était le 13 mars dernier : deux bus se sont percutés sur le pont Gambetta qui enjambe les voies SNCF près de la gare de Blois, peu après 7h30 [3]. La faute à un encadrement qui a mis une forte pression sur la jeune conductrice — sortie il y a peu de formation — pour rattraper le retard immanquablement pris tous les matins entre 7h et 9h sur le réseau. Cette conductrice débutante a été licenciée à la sortie de son hospitalisation pour faute grave sans que l’encadrement ne soit en aucune façon inquiété. Par ailleurs, certains bus ne sont pas ou mal chauffés témoigne un chauffeur : « nous sommes obligés de conduire en manteau » . Le temps de pause prévu au terminus avant de reprendre le service est souvent sacrifié.

Tout cela a conduit à 2 jours de grève massivement suivie à l’appel de FO avec le soutien de la CFDT et de la CGT, début octobre : 80% de grévistes, seuls 5 bus ont circulé [4]. Un autre syndicaliste explique que lors des réunions de délégué-es du personnel (DP), les élu-es du personnel sont snobé-es par l’encadrement, l’énorme souffrance au travail accumulée au fil des mois est ignorée, au point que ce lundi 7 décembre les DP ont déposé pour la première fois une « alerte sur la santé et l’environnement » en comité d’entreprise [5], car les personnels n’en peuvent plus du tout !

Des usagèr-es excédé-es !

La situation pour les usagèr-es du matin comme du soir est dramatique avec des retards fréquents de 10 à 20 minutes [6] pour un trajet de seulement une quinzaine d’arrêts et de minimum 15 à 40 minutes sur une rotation ! Le soir, comme témoignait une salariée qui déjà arrive souvent en retard au travail : « à chaque fois je manque de rater mon train ! » . Mais il n’y a pas que les « pendulaires » qui se plaignent : d’une manière générale l’information sur la situation du réseau est assez parcellaire et souvent moyennement fiable. Quelques exemples : l’affichage électronique tant à l’intérieur de la gare SNCF qu’à l’arrêt gare SNCF (de Blois) est en panne depuis des mois, les SMS d’alerte de perturbations sont parfois reçus avec plusieurs dizaines de minutes de retard par rapport à l’incident, le standard d’information est difficilement joignable avec des attentes de plusieurs minutes et les réponses aux courriels se font au mieux après un délai de plusieurs jours. La seule réponse de la direction a été de payer des jeunes au lance-pierre pour effectuer une enquête [7] sur plusieurs lignes afin de déterminer les priorités (en fait une unique priorité comme l’indiquait un des enquêteurs) pour tenter de contenir la colère de celles et ceux qui payent de 19€ à 29€ par mois suivant leur catégorie.

Créer un collectif usagèr-es - salarié-es ?

Si l’état catastrophique du réseau de bus urbain blésois n’est pas bien compliqué à décrire, en sortir est franchement plus délicat. Pour autant, pas question d’attendre 2021 (fin de la délégation de service public) pour que la situation pour tout-es s’améliore ! Une solution suggérée par un syndiqué : créer un collectif regroupant usagèr-es et salarié-es en colère afin de faire réagir les élu-es de l’agglo et l’encadrement d’Azalys. Il est en effet certain que des rassemblements réguliers devant la mairie pour les conseils municipaux et pour les réunions du conseil communautaire de la Communauté d’agglomération de Blois (Agglopolys) sont un premier moyen de se faire entendre ; rendre visite au dépôt 22 rue Laplace (à côté de la Poste) est un deuxième moyen à disposition afin que la situation s’améliore rapidement et durablement. Bon, on commence quand ?

P.-S.

Si des salarié-es (syndiqué-es ou non) veulent témoigner de la situation, il suffit de s’inscrire pour proposer un texte ou un tract.