Flash back

Le 16 décembre, les syndicats de la Sécurité sociale vont négocier avec leur employeur (l’Union des Caisses Nationales de Sécu) les augmentations de salaire.

Les propositions patronales sont éloquentes : 0 euros d’augmentation pour 2014 et 2015. Cela fera 5 années sans augmentation collective et générale des salaires. Les 5 fédérations syndicales (CGT, FO, CFDT, CFTC, CGC) décident alors de rencontrer la ministre de tutelle Marisol Touraine. Ce qui n’est pas un mince exploit, puisque celle-ci a toujours refusé de recevoir les syndicats de la Sécu.

Pour faire pression, l’ensemble des fédérations décident de ne plus participer à aucune réunion d’instance. Là aussi, bel exploit que de maintenir la CFDT dans ce cadre unitaire de boycott des réunions. Tout cela contraint la ministre à accepter de nous recevoir.

Le jour J

La date est fixée au 16 février, les délégations seront composées de deux représentant-E-s, la ministre « passera » 30 minutes (qui sur place se transformeront en 20).

Nous voilà donc au Ministère des Affaires Sociales ; pour la CGT, Corinne de la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) de la Manche et moi de la Casse nationale d’assurance vieillesse (CNAV) 37. Passage sous les portiques, on vide les poches parce que ça bip, salle d’attente, puis entrée dans la salle de réunion. La ministre arrive avec son staff : les hommes, chef de cabinet, directeur de la sécu ; les femmes, secrétaires…

Elle part dans un monologue pour nous expliquer qu’elle est là pour défendre les valeurs de la Sécu que certains veulent remettre en cause (pense-t-elle à son gouvernement ?), que les salariés de la Sécu font preuve de compétences dans une situation particulièrement difficile, etc. Mais sur la question des salaires, pas un mot !

Nous prenons la parole pour lire une déclaration commune CGT et FO lui demandant de retirer sa lettre de cadrage salariale qui bloque toute augmentation générale, on lui demande de rouvrir les négociations, et au passage on revendique un minimum de 7% d’augmentation, c’est juste le rattrapage de l’inflation entre 2010 et 2014… La CFDT et la CFTC lui proposent de négocier 2 ou 3 miettes (l’intersyndicale aura fait long feu !), on n’a pas compris ce que voulait la CGC …

Réponse de la ministre : « avec l’inflation proche de zéro, il ne peut pas y avoir d’augmentation, et puis c’est la politique (d’austérité !!!) du gouvernement, elle ne peut pas en changer, ne nous plaignons pas, les salaires sont bloqués pour deux ans (2014 et 2015), c’est court, elle aurait préféré quatre ans ».

Sur ce, elle se lève et s’en va. Nous décidons CGT et FO de partir également, laissant nos camarades de la CFDT, CFTC et de la CGC reprendre leur rôle de syndicats responsables-adeptes-du-dialogue-avec-nos-dirigeants…

Le jour d’après

Nous n’avions aucune illusion sur le résultat de cette rencontre. La ministre n’a fait que confirmer ce que nous écrivons depuis des mois. L’avenir des salariés de la sécu pour ce gouvernement ce sont les salaires bloqués, les emplois supprimés, le personnel méprisé avec des conséquences désastreuses pour les assurés.

La CGT et FO de la sécu ont décidé d’appeler ensemble à la grève interprofessionnelle du 9 avril. Ces deux organisations demandent aux syndicats dans les caisses de sécu de se rencontrer et de mobiliser le plus largement possible les salariés. Un contact a été pris par la CGT avec SUD Protection Sociale, présent dans quelques organismes.