Un an après le drame du Rana Plaza : enquête de Bastamag

Le 24 avril 2013, une usine textile s’effondrait dans la capitale du Bangladesh. Parmi les 5000 ouvriers et ouvrières qui confectionnaient des vêtements pour les grandes marques occidentales, 1138 sont morts. Bastamag a enquêté sur le respect des engagements pris par des marques comme Carrefour ou Auchan à la suite du drame, ainsi que sur l’indemnisation des victimes et les conditions de travail des ouvrières du textile.

« Le bâtiment de neuf étages – alors qu’il est conçu pour n’en posséder que cinq – comprend cinq ateliers de confection, travaillant pour des marques aussi diverses que Benetton, Walmart ou Mango. Mais probablement aussi pour Camaïeu et Auchan – qui ne reconnaît qu’une possible sous-traitance « sauvage » – et peut-être pour Carrefour, qui nie cependant tout lien avec le Rana Plaza. Le jour précédent, les ouvrières remarquent des fissures dans les murs. Les patrons les contraignent à reprendre leurs postes, en les menaçant de ne pas verser leurs salaires. »

« Les ONG espèrent profiter de l’anniversaire du Rana Plaza pour faire avancer la proposition de loi sur le « devoir de vigilance » des multinationales françaises vis-à-vis des atteintes aux droits de l’homme dans leurs filiales et leur chaîne d’approvisionnement à l’étranger. Déposée par trois députés socialistes et écologistes, la proposition est pour l’instant au point mort, confrontée à l’opposition des lobbies économiques et du gouvernement. Une pétition en ligne vient d’être lancée. »

« Selon les dispositions de l’accord, les donneurs d’ordre – Carrefour, Auchan et consorts – s’engagent à aider leurs fournisseurs à réaliser les travaux nécessaires, à maintenir des relations d’affaires pendant au moins deux ans, et à rémunérer pendant au moins six mois les ouvriers et ouvrières mis au chômage pendant la durée des travaux. Pourtant, au moins deux usines viennent d’être fermées suite aux inspections, dont un fournisseur d’Auchan employant 3 500 ouvrières, Softex. Les ouvrières ont été congédiées sans compensation, les patrons de l’usine se défaussant sur Auchan. »

L’intégralité de l’enquête est à lire ici : Un an après le drame du Rana Plaza, les grandes marques d’habillement ont-elles changé leurs pratiques ?

Le journaliste y fait le lien avec l’incendie survenu dans une usine textile de New-York en 1911. 146 personnes étaient mortes, pour la plupart des jeunes femmes entre 16 et 30 ans. Les issues de secours du bâtiment avaient été bloquées par les patrons, qui voulaient ainsi éviter la fauche et les pauses inopinées.

A lire aussi, cette interview avec une ouvrière rescapée de l’effondrement du Rana Plaza : « Depuis la catastrophe du Rana Plaza, les ouvrières du textile se sont radicalisées. »

Illustration : l’incendie de l’usine Triangle Shirtwaist, New-York, 1911