Soutien du maire de Tours à François Fillon : un cas d’école de tartufferie

En déclarant son soutien à François Fillon, Serge Babary donne un bel exemple d’hypocrisie, saluant au niveau national des politiques qu’il prétend combattre au niveau local.

Dès le lendemain du premier tour de la primaire de la droite, le maire de Tours annonçait son soutien au vainqueur, l’ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy de 2007 à 2012, François Fillon. A la caméra de TV Tours, il expliquait :

« [C’est]quelqu’un qui a eu des responsabilités, et qui a exprimé d’une façon assez précise, assez claire, son projet pour la France. (...) Je soutiens sa candidature pour le deuxième tour »

A La Nouvelle République, il déclare :

J’ai choisi François Fillon pour ma proximité économique et libérale avec lui. Je suis proche de lui et vote pour lui sans hésitation.

Il faut dire que le candidat préféré du maire, Bruno Le Maire, s’est pris une sérieuse tôle : 2,29 % des voix en Indre-et-Loire, 2,4 % au niveau national.

Fillon, qui devrait logiquement être désigné comme candidat du parti Les Républicains pour l’élection présidentielle de 2017, s’est notamment illustré pendant la campagne par une ligne très « dure » en termes de réduction des dépenses publiques [1].

Du coup, le soutien que lui apporte le maire de Tours a quelque chose de savoureux. Alors qu’il pleurnichait il y a quelques mois contre la baisse des dotations de l’État aux collectivités locales (communes, départements, régions) [2], le voilà qui déclare son soutien à un candidat qui compte aller encore plus loin en la matière. Dans son programme, l’ancien premier ministre promet « 100 milliards d’euros d’économies en 5 ans sur les dépenses publiques », et explique que :

« Les collectivités locales, qui représentent 20 % des dépenses publiques, seront également amenées à contribuer en proportion à la maîtrise des dépenses ».

Soit, si l’on comprend bien, une baisse à attendre de 20 milliards d’euros des dotations aux collectivités sur 5 ans. Une saignée encore plus forte que celle réclamée par le pouvoir actuel, qui a imposé un plan d’économies sur trois ans se traduisant par une baisse de 3,6 milliards d’euros par an de la dotation globale de fonctionnement (DGF) versée par l’Etat aux collectivités [3].

On peut aussi noter que le programme de Fillon prévoit de supprimer 500 000 postes dans la fonction publique, notamment en revenant sur les 35 h. Évidemment, le projet ne précise pas quelle fonction publique serait touchée en priorité.

Mais dans ces conditions, on se demande comment le CHRU de Tours pourrait rester « un CHRU de premier plan », argument avancé par le maire de Tours pour justifier la candidature de la ville au statut de métropole. Le personnel soignant se plaint déjà d’une situation de sous-effectif chronique, qui nuit à la qualité des soins.

On se demande également comment pourrait être garantie la présence d’un réel service public postal dans les communes, en faveur de laquelle le maire s’est prononcé lors du dernier conseil municipal. Il a même fait voter un vœu demandant que la décision de l’entreprise La Poste de fermer des bureaux soit suspendue, le temps qu’une concertation ait lieu.

On pourrait donner d’autres exemples, mais ce ralliement de Babary à Fillon illustre la tartufferie de nos élus, qui dénoncent dans leurs assemblées locales les politiques qu’ils réclament au niveau national.

Notes

[1Ses petits camarades de jeu ne valent pas mieux, mais ont été moins ambitieux dans leurs déclarations. Ainsi, Alain Juppé ne promet « que » 300 000 postes suppressions de postes dans la fonction publique.

[2Cf notamment Voisins vigilants, tarifs des salles municipales, formation des élus, migrants : le conseil municipal du 6 juillet comme si vous y étiez. Une manifestation d’élus avait été organisée devant les grilles de la préfecture d’Indre-et-Loire (La NR du 19/09/2015).