Retour sur la Vélorution organisée à l’occasion du Printemps du climat

Le 20 mars 2014, en fin de journée, une cinquantaine de cyclistes se sont retrouvé-e-s au rond point de Saint-Cosme à Fondettes, répondant ainsi à l’appel de Vélorution et du Printemps du Climat.

Les premiers échanges entres sympathisants de différentes associations ont lieu [1]. Des élu-e-s PS de Fondettes sont également présents et soutiennent le projet de téléphérique au dessus de la Loire [2], autrement qualifié d’absurde et mégalomaniaque par une manifestante.

Peu après, le groupe prend la route direction de Saint-Pierre des Corps, encouragé par une banderole déployée à cette occasion, illustrée d’un bébé portant un masque à gaz et clamant « Voitures individuelles induisent problèmes collectifs » . Remontant la rive droite de la Loire jusqu’à la place Choiseul, occasionnant un ralentissement roulant à l’allure des bicyclettes, le cortège grossit grâce à l’arrivée d’un deuxième groupe.

Lors de ce premier arrêt, un membre d’Aquavit prend la parole. La banderole est de nouveau déployée et le sera à chaque halte, durant lesquelles sont prévues des points presse. Mais l’absence de journalistes, à l’exception d’un journaliste de La Nouvelle République, est marquante. À l’avant-veille du premier tour des municipales, la question du climat, de l’énergie et des déplacements non-polluants semble n’intéresser les médias locaux que lorsque le problème est délocalisé, comme ce fut le cas en début de semaine à Paris, où la pollution aux particules fines, entre autres, prenait une tournure tragicomique dans les rédactions.

De même, la volonté des manifestants d’interpeller les candidats de l’agglomération aux municipales fut tout simplement avortée par l’absence flagrante des concernés, en dehors d’Emmanuel Denis et d’Armelle Gallot-Lavalée, respectivement premier et huitième sur la liste d’Europe-Écologie-les Verts, qui ont participé à la quasi intégralité de la manifestation, marquant de fait leur accord avec l’esprit et les doléances des manifestant-e-s.

La troupe suit son chemin par le pont Wilson, empruntant naturellement la seule voie automobile de l’ouvrage, marquant ainsi sa désapprobation de l’aménagement cyclable réalisé sur site lors des travaux du tramway, pour lequel la ville de Tours s’est vue, à la stupéfaction d’un grand nombre de cyclistes de l’agglo, attribuer le guidon d’or de la Fubicy en 2013 [3].

Empruntant la rue Nationale, le côté festif et bienveillant de la manifestation semble être apprécié par les piétons. Averti-e-s au son funky de la sono embarquée sur un vélo biporteur, les passant-e-s ont fait cas de l’effet des décorations colorées des bicyclettes ainsi que du vélo géant « tall bike », conduit par un cycliste en tenue de liquidateur [4].

Lors d’un nouvel arrêt d’une quinzaine de minutes place Jean Jaurès, des membres d’Aquavit, piétons, prennent part aux discussions entamées. Puis, reprenant la route jusqu’au rond point du croisement du boulevard Heurteloup et de l’avenue Georges Pompidou, le défilé se fait sous la pression des automobilistes, souvent seuls dans leur voiture, qui « n’ont pas le temps pour ces conneries de bobos écolos », et « doivent aller travailler, au contraire des hippies que vous êtes ».

Semblant habitués à subir ce genre de railleries, ainsi que les touche-touche pare-chocs contre roue provoqués par des automobilistes de plus en plus impatients d’aller reformer leurs habituels et familiers bouchons motorisés, les cyclistes ne se laissent pas démonter.

Arrivés au « rond point de la mort » (sobriquet donné par les habitués de la Vélorution à l’aménagement où est implanté une station Lig’Air de surveillance de la qualité de l’air, et servant d’accès à l’autoroute), la banderole de 6 mètres est déroulée puis fixée durablement sur la bretelle d’accès, bien visible des automobilistes quittant ou se rendant sur la voie rapide. Quelques tours de carrefour giratoire plus tard, les cyclistes prennent la dernière section de leur parcours, qui les ramènent devant la mairie, point final traditionnel de la Vélorution tourangelle.

Notes

[1Des membres des associations et collectifs Apne, Aquavit, Arial, Brigade activiste des clowns, Moucifon, CC37, les Désobéissants et Roulement à Bill étaient présents durant la manifestation.

[3Lire à ce propos l’article de la Rotative et le communiqué de Roulement à Bill.

[4Ce nom désigne tous les personnels civils et militaires intervenant après un accident nucléaire majeur malgré les très hauts niveaux de radiations qu’ils peuvent subir. On a reparlé de liquidateurs pour désigner les dizaines de techniciens et pompiers restés sur place après les accidents nucléaires de Fukushima pour refroidir coûte que coûte les réacteurs.