Répression à l’Université de Poitiers : récit d’une lutte

Le 6 février dernier, sept étudiant.e.s sont passé.es l’un.e après l’autre devant la commission disciplinaire de l’université de Poitiers. La sanction administrative répond à une action menée par un groupe d’étudiant.e.s qui ont bloqué leurs cours « d’insertion professionnelle », dénonçant l’aspect marchand de ce cours et des mutations de l’Université.

Cette première séance d’instruction précède une deuxième séance, le jugement, qui se tiendra prochainement. La sanction administrative répond à une action menée par un groupe d’étudiant.e.s en décembre dernier à l’Hôtel Fumé.

Inscrit.e.s en L2 Sociologie, ces étudiant.e.s ont tenté de bloquer un de leurs cours d’insertion professionnelle (PPPE) dont la présence est obligatoire. Quelques minutes avant le début du cours, la porte de l’amphi est bloquée et les étudiant.e.s contestataires entament la négociation. Les élèves mobilisé.e.s dénoncent l’aspect professionnalisant de cet enseignement. Depuis les années 70 de nombreuses réformes veillent à assujettir l’Université aux nécessités du marché (LRU, Parcoursup, augmentation des frais de scolarité pour les étudiant·e·s hors U-E). Ces mesures sont autant de brèches à la logique marchande : poids des fonds privés, valorisation du patrimoine immobilier et professionnalisation. Les répercussions sont nombreuses : précarisation des étudiant·e·s, concurrence exacerbée, dégradation de l’enseignement et de la recherche.

Les bloqueur.euse.s refusent cette conception de l’Université comme lieu de formation professionnelle, dont l’objectif est d’accroître leur employabilité. Ils refusent de participer à un cours où il s’agit de juger la valeur d’un être humain sur des critères marchands. La contestation en acte du cours d’insertion professionnelle est récurrente au sein de SHA [1]. Chaque année, étudiant.e.s et professeur.e.s dénoncent son contenu néo-libéral et tentent de dialoguer par les moyens institutionnels avec l’administration, qui refuse toute considération de leurs opinions.

Pourtant, cette année, la réponse de la direction de l’université est d’une brutalité inédite : le doyen David Clarys a adressé une demande de saisine de la section disciplinaire au président de l’Université de Poitiers, Yves Jean, pour 9 étudiant.e.s. Le choix des personnes convoquées est plus qu’hasardeux : « reconnu.e.s » au trombinoscope, plusieurs n’étaient pas présent.e.s sur les lieux, certains n’étaient même pas en France… L’enjeu est pourtant de taille puisque les inculpé.e.s risquent une exclusion définitive de la fac.

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Une manifestation est prévue le 22 mars à Poitiers. Texte rédigé par des étudiant.e.s critique de l’Université de Poitiers.

Illustration : vue de l’hôtel Fumé, à Poitiers.

Notes

[1Sciences Humaines Et Arts.