Rencontre avec l’association Chrétiens Migrants : « Il y a une absolue nécessité à continuer de se mobiliser »

Cela fait 18 ans que l’association Chrétiens Migrants se bat pour l’accueil des migrants et migrantes à Tours, contre les élu-es, contre l’État, ou contre certaines structures d’hébergement. Danielle et Louis sont au cœur de cette lutte, et travaillent tant avec l’archevêque qu’avec des militant-es d’extrême-gauche, parmi une équipe de bénévoles qui tient une permanence au cœur du Sanitas. Échange avec eux sur le sens de leur action et sur l’évolution des discours sur l’accueil des réfugié-es au cours des dernières semaines [1].

Le regard et les discours sur l’immigration semblent avoir évolué depuis la publication de la photo d’un jeune enfant kurde mort sur une plage turque.

Louis : La photo du petit Aylan a bousculé les gens, et on voit qu’il se passe quelque chose. Nous qui sommes des observateurs de terrain depuis longtemps, on a vu une évolution de la réflexion, tant au niveau local qu’au niveau national ou européen – même si cette réflexion ne va pas forcément dans le bon sens.

L’association Chrétiens Migrants, depuis sa fondation, se situe volontairement au milieu des chrétiens et des étrangers. Et le 1er octobre, une rencontre a eu lieu au diocèse de Tours, animée par l’archevêque. Depuis 2007, c’était une des rares fois qu’on voyait cet archevêque se manifester publiquement et fermement sur la question des étrangers. Là, les ordres venaient du « patron », puisque le pape a lancé un appel conséquent en disant que chaque paroisse devait prendre en charge une famille. Ce qui était intéressant lors de cette réunion, c’est que la réflexion a porté sur qui on devait accueillir, et que l’archevêque a entre autres déclaré qu’il n’y avait aucune restriction sur l’accueil : on ne fait pas de choix entre les migrants.

Balkans, exil de civils sur les routes, 1912

C’est donc une évolution par rapport à l’épisode des chrétiens d’Orient, à l’occasion duquel, outre l’archevêque et la préfecture, on avait vu la droite catholique se mobiliser pour ces réfugiés parce que c’était des coreligionnaires, donc de « bons » réfugiés. Là, du côté de l’Eglise catholique, on aurait dépassé cette distinction entre « bons » et « mauvais » migrants, que continue à opérer l’Etat ?

Danielle : Tout à fait. L’archevêque a reçu des appels de bons chrétiens prêts à accueillir des familles, à condition qu’elles soient chrétiennes. Il leur a répondu : « C’est tout le monde ou personne ». On a été agréablement interpellés par cette réaction. Mais c’est normal : on ne fait pas de tri, on ne va pas demander aux gens leur certificat de baptême.

Louis : Il faudra voir comment ça se traduit concrètement. Parce qu’à Chrétiens Migrants, nous aidons des réfugiés qui ont un statut mais qui ne sont pas arrivés dans le cadre des relocalisations décidées au niveau européen. Or, ces réfugiés-là ne sont pas pris en charge par les services publics. Par exemple, nous accompagnons une réfugiée Érythréenne qui a son statut et que le 115 refuse, alors que nous savons maintenant qu’il y a des dizaines, voire des centaines d’appartements libres dans le département. L’inertie des services publics est incompréhensible. Il faudra interpeller le coordinateur qui a été nommé à la préfecture.

Danielle : Non seulement nous refusons qu’un tri soit effectué entre chrétiens et musulmans, mais nous refusons aussi le tri entre ceux que certains appellent « les demandeurs d’asile économiques », et « les bons réfugiés chassés par la guerre ». Or, alors que notre position sur le sujet a souvent été attaquée, elle a été reprise lors de la réunion du 1er octobre, où il a été dit qu’il n’était pas question d’aider les réfugiés syriens en abandonnant ceux qui sont déjà-là et qui n’ont rien.

Louis : A Saint-Pierre-des-Corps, des Chrétiens ont accueilli une famille dans un appartement vide de la paroisse catholique, conformément aux recommandations du pape. Cela fait des années que nous réclamons ça. Mais la principale difficulté que nous avons rencontrée, c’est la crainte des autorités civiles ou ecclésiastiques de la désobéissance à ce que pourraient penser leurs supérieurs. Ils ont une « trouille » pas possible, tant dans les mairies que dans les paroisses. Alors qu’à l’évidence, quand on a un logement vide, on ne peut le refuser à de pauvres gens qui couchent dehors. C’est impensable ! D’autant que les pouvoirs publics ont l’obligation de ne laisser personne à la rue : en ne mettant pas les appartements libres à disposition, ils se mettent hors la loi.

Balkans, cohue de chariots de réfugiés dans un port, 1912

Danielle : Il faut bien distinguer l’action et la position de l’association Chrétiens Migrants de celles de la « pastorale des migrants », qui est un service de l’Église chargé au niveau des diocèses d’être attentif aux étrangers qui arrivent. L’association Chrétiens Migrants n’est pas un service de l’Église, elle a été créé en 1997 par un prêtre et par la Cimade, qui ont appelé diverses associations à accompagner les personnes qui avaient été laissées sur le carreau après la circulaire Chevènement. Cette circulaire appelait les sans-papiers à sortir de la clandestinité pour obtenir des papiers. Or, seule la moitié des personnes avaient été régularisées. Il a donc fallu aider celles et ceux qui avaient pris le risque de se montrer, et la dynamique inter-associative lancée au niveau national s’est répercutée à Tours, avec des associations comme Le Nid, le Secours Catholique, le CMR, l’ACAT, la JOC, Emmaüs etc.

Louis : Dès la création de l’association, il a été convenu de n’exclure personne de son action. Par ailleurs, Chrétiens Migrants a été chargé de développer une action politique sur la question des migrants. Ainsi, l’association a été amenée à travailler immédiatement avec des mouvements laïques – y compris d’extrême-gauche, puisque c’étaient les seuls à porter une action politique de terrain. Cependant, nous avons toujours gardé notre liberté d’action et de parole.

Danielle : Le fait qu’on ne se contente pas de mener une action caritative, cela a beaucoup déplu à certains membres de l’Église. Mais au départ, nous n’avions pas vocation à faire de l’hébergement. Nous y avons été contraints, pour faire face à des situations très précaires. Et nous ne pouvons le faire que grâce aux dons qui nous parviennent.

Réfugiés de Paris arrivant à Dieppe, 1914

Au niveau local, il a fallu la publication de la photo du jeune enfant échoué sur une plage turque pour que les élus se mobilisent. Pourtant, la question de l’accueil des réfugiés n’est pas nouvelle. Et les mêmes élus locaux n’ont rien fait pour venir en aide au campement qui a accueilli pendant deux mois des familles dans le quartier du Sanitas. Pour prendre des exemples concrets, ni Wilfried Schwartz, maire de La Riche qui a été le premier à réagir suite à la vague d’émotion causée par la mort d’Aylan, ni Serge Babary, maire de Tours qui invoque Saint-Martin opportunément, n’ont levé le petit doigt. Comment avez-vous perçu leur mobilisation pour le moins tardive ?

Louis : Le maire de Tours a laissé pourrir la situation au Sanitas, alors qu’il a été averti de sa gravité. Le 1er juillet 2015, lors d’une réunion à l’hôtel de ville avec toutes les associations et tous les services sociaux, l’adjointe au maire a refusé d’examiner la situation du camp, sous prétexte que ce n’était pas à l’ordre du jour. En outre, nous soupçonnons qu’il y ait eu une entente, peut-être tacite, entre la déléguée diocésaine et les responsables de la mairie, afin d’évincer de cette rencontre le Réseau Éducation Sans Frontières. Celui-ci n’a donc n’a pas pu assister à la réunion, malgré mes interventions, et aucune des associations présentes ne m’a apporté son soutien ; j’en suis resté scandalisé.

Danielle : Le revirement des élus est quand même curieux. Tout d’un coup, on a appris que l’accueil des réfugiés allait être réglé sans problème, que des appartements étaient à disposition… Alors que pendant des mois nous avons entendu dire qu’il n’y avait pas de solutions, qu’il fallait laisser dormir des familles sur les trottoirs, on a soudainement découvert que l’accueil de 25 000 Syriens ne poserait pas de problème. C’est invraisemblable.

Louis : Il y a longtemps que nous nous battons contre les principaux responsables de l’hébergement d’urgence, notamment l’hébergement des étrangers. L’argument de la mairie, c’est que la responsabilité de l’hébergement des étrangers – et de tous les sans-abris – incombe à l’Etat (ou au conseil départemental quand il y a des enfants). Mais toutes ces structures sont d’une inertie formidable, et ne cessent de se renvoyer la balle.

L’expulsion du campement du Sanitas s’est moins mal passée que nous le craignions, mais ça ne s’est pas fait d’une façon acceptable, et il est resté des gens sur le carreau. Certaines affaires ont pu être récupérées, mais beaucoup ont été détruites. Quand j’observe l’attitude de la municipalité et que j’écoute les élus qui sont prêts à offrir des logements aux réfugiés, je me demande s’il s’agit d’une posture ou d’une conversion.

Le péché mortel de ces gens-là, c’est l’obéissance aveugle. Parce que ça se fait, parce que ça se dit, parce qu’il ne faut pas perdre les élections, parce qu’il faut donner des gages au Front National… Ce réflexe politique qui consiste à se soumettre aux idées du café du commerce, c’est quelque chose qu’une démocratie devrait complètement rejeter. On ne peut agir et réfléchir librement en se comportant de la sorte.

Si le maire de Tours est sincère quand il déclare que « Tours est une terre d’accueil et de partage », que « la ville doit être une terre d’avenir pour les réfugiés et leurs enfants », alors j’applaudis des deux mains. Seulement, pour l’instant, les actes ne correspondent pas aux déclarations. Monsieur Babary n’a pas renouvelé la subvention à notre association qui paye des nuits d’hôtels à des réfugiées pour pallier les carences du 115, et il a supprimé l’aide alimentaire aux sans-papiers, ainsi que la gratuité totale des cantines pour les enfants de sans-papiers. Ça, ce sont des décisions concrètes prises par le maire de Tours [2]. Il a beau faire de belles déclarations, j’attends que sa conversion soit effective. Il faut que les gens puissent se nourrir, et que nous ayons les moyens de loger ceux qui restent sur le carreau. Et s’en prendre aux enfants pour économiser quatre sous, c’est proprement honteux.

Tours accueille 173 Chrétiens d’Orient réfugiés, Irakiens et Syriens, et tout s’est parfaitement déroulé : ces personnes ont obtenu des titres de séjour, des logements équipés, des cours de français, les enfants ont été scolarisés dans des écoles privées catholiques… C’est un modèle que l’on pourrait décalquer pour les autres réfugiés. Mais cela doit aussi s’appliquer aux personnes qui sont déjà sur le territoire, et qui contactent le 115 tous les jours pour obtenir un hébergement !

Après la bataille d’Ostende, une foule de réfugiés, 1914

La préfecture a lancé un appel d’offres pour la gestion de l’accueil des réfugiés arrivant suite à la mise en œuvre de la procédure de tri européenne. Qu’en pensez-vous ?

Danielle : Les chambres mises à disposition par le CROUS serviraient à regrouper tout le monde, le temps d’effectuer certaines démarches administratives. Il s’agirait d’une sorte de « sas », afin de faciliter l’examen des situations. Les personnes seraient ensuite réparties dans d’autres logements.

Louis : La position de l’État est la suivante : « J’accueille, je contrôle, et j’expulse ». La politique de la France suit celle de l’Europe, qui se confronte à des résistances, comme en Hongrie ou en Pologne et même en Allemagne.

Pour revenir sur le plan local, je pense que l’improvisation du campement du Sanitas a constitué une expérience positive, car nous avons vu arriver en soutien des personnes qui, jusqu’ici, n’avaient pas pris conscience du phénomène. Ainsi, de nombreux musulmans sont venus nous aider. Nous avons donc rencontré au sein du « réseau citoyen » qui s’est créé des personnes qui sont dans le même état d’esprit que nous étions il y a vingt ans.

Aujourd’hui, il y a des urgences à gérer, et des gens se mobilisent. Ce qu’il faut, c’est agir avec intelligence, et faire en sorte que cet engagement ne dure pas que quelques jours ou quelques semaines.

Danielle : La générosité des gens qui se déclarent prêts à accueillir des réfugiés chez eux nous fait parfois peur. Car ce type d’engagement peut être usant, et il est très difficile d’annoncer aux personnes accueillies qu’elles doivent s’en aller. On ne peut pas fonctionner sur la base de « coups de cœur », comme celui provoqué par la mort du petit Aylan. Un coup de cœur peut être un déclencheur, mais cela doit susciter une réflexion.

Louis : Il existe différents systèmes d’aide. Ainsi, pour les hommes célibataires, qui sont complètement abandonnées et dont tout le monde se fout – alors qu’on arrive souvent à mobiliser les services sociaux pour les familles avec enfants –, il existe un réseau nommé « Welcome », qui organise un accueil et une prise en charge alternée. Cela permet que la charge ne soit pas trop lourde pour celles ou ceux qui veulent aider. Dans le département, un certain nombre de personnes ont fait part de leur intérêt pour la constitution d’un réseau de ce type… à suivre.

Danielle : Il ne faut pas que les gens se trompent : c’est une lutte, et on prend des coups. Il ne suffit pas de suivre son cœur, de dépanner provisoirement quelqu’un : il faut une réflexion et une organisation pour faire avancer la lutte en faveur de l’accueil des migrants. Il y a des choses à apprendre, des écueils à éviter. Parce qu’on assiste souvent à des choses très dures.

Louis : Dans les cas où il y a des campements, la police intervient souvent de façon inhumaine.

Danielle : Ils entrent à coups de botte, alors que les gens ne résistent pas. Et ensuite, ils déclarent : « Ça s’est passé dans le calme ». Je suis déjà allée trouver devant la porte du commissariat deux jeunes Indiennes en chemises de nuit, très dignes… Les policiers ne leur avaient même pas laissé le temps de mettre un vêtement. Il n’y a aucun respect de la dignité des personnes, alors qu’elles ont déjà souffert, ont été chassées de leur pays. Face à ces situations, l’émotion ne suffit pas, il faut prendre en compte la personne dans son entier.

Louis : S’il est important que des personnes généreuses s’impliquent, il est également important qu’elles soient éclairées. C’est pour cela que nous avons lancé il y a deux ans un bulletin autour du Cercle du silence. Ce bulletin présente une réflexion sur l’évolution de la situation sur l’immigration à Tours, en France et en Europe. Le réseau militant sur cette question réunit Chrétiens Migrants, RESF, la Ligue des droits de l’Homme, et la CIMADE : ces associations peuvent accompagner les personnes qui souhaitent s’investir, les amener à la réflexion et les former.

Réfugiés dans une rue de Varsovie, 1920

L’association Chrétiens Migrants existe depuis 18 ans. Avez-vous observé une évolution des conditions d’accueil et de prise en charge des personnes migrantes ? Quel bilan tirez-vous après toutes ces années d’action ?

Louis : En ce qui concerne l’accueil et l’hébergement, nous menons depuis 18 ans une guerre de tranchées contre les services sociaux de la préfecture et du conseil général (devenu conseil départemental). Aujourd’hui, le conseil départemental ne fait pas son travail en ce qui concerne l’accueil des mineurs étrangers isolés. Si les élus n’étaient pas influencés par une idéologie politique de rejet, ils pourraient accueillir tous les mineurs [3]. Étant entendu que les jeunes pris en charge peuvent être répartis dans d’autres départements après cinq jours – c’est ce que prévoit la « circulaire Taubira ».

Danielle : L’un des arguments du conseil départemental, c’est qu’il ne s’agirait pas de mineurs. On a beau présenter des papiers, des photocopies d’état-civil, ils sont systématiquement vus comme des faux. Alors nous sommes désormais contraints de faire des demandes comme si ces jeunes étaient majeurs.

Louis : En ce qui concerne l’État, le nombre de place d’hébergement progresse, mais la préfecture d’Indre-et-Loire et la direction de la cohésion sociale mélangent tout pour qu’on n’y comprenne rien. Néanmoins, depuis le 1er juillet, on sait un peu mieux de quoi il retourne. Pour les places d’hébergement, on ne fait pas la distinction entre les sans-abris français et les sans-abris étrangers. Mais le nombre de places est insuffisant. D’après nos calculs, qui s’appuient sur des chiffres officiels, il faudrait 1 400 places d’hébergement en Touraine. Or, d’après les annonces de la direction de la cohésion sociale, il n’y en avait que 1 200 au 1er juillet. Il manque donc 200 places – et même plus, si l’on tient compte du fait qu’un certain nombre de places ont été occupées par les Chrétiens d’Orient. L’Etat a fait un effort, mais cet effort s’avère insuffisant pour répondre aux besoins.

On sait à présent que si 60 à 120 personnes sont refusées par le 115 chaque soir, c’est que cela correspond à une volonté politique. Après l’inventaire des appartements vides qui a été réalisé dans le département, on sait qu’il y a de la place pour accueillir des réfugiés syriens : pourquoi ne pas mettre à disposition ces appartements à des personnes déjà présentes sur le territoire, qu’elles soient étrangères ou françaises ? C’est un nouvel élément de discussion. Mais y a-t-il une volonté politique d’accueillir tout le monde ? Il semble que cette idée ait progressé dans l’Église catholique. Verra-t-on un progrès dans le monde politique ? Sans doute parmi les gens de gauche, de la vraie gauche, mais ça ne progresse pas chez ceux qui sont soumis aux idées du Front National, qu’ils soient membre de Les Républicains ou du PS. Notre travail de citoyens, c’est de faire entrer dans l’esprit des gens qu’on ne doit pas accepter l’exclusion.

Aujourd’hui, nous oscillons entre l’habitude du rejet, insufflée doucement depuis près de 20 ans par les gouvernements successifs – le gouvernement actuel n’étant pas revenu sur les décisions du précédent –, et une attitude d’accueil. Un sursaut citoyen permettrait peut-être de faire changer les choses.

Beaucoup de gens sont intoxiqués par ce qu’ils voient à la télévision, entendent à la radio, lisent dans les journaux. La couverture de l’immigration dans les médias locaux n’est pas nulle, mais nos propos sont systématiquement confrontés à la parole officielle de la préfecture, qui prévaut dans l’esprit des gens sur l’analyse du citoyen.

Combattre les 64 000 demandeurs d’asile qui arrivent en France tous les ans en disant qu’ils mangent le pain des Français, c’est une sottise. Parallèlement, nos multinationales continuent de réaliser des bénéfices scandaleux sur le dos des pauvres du monde entier. Quand on regarde la répartition des patrimoines et des revenus… Là aussi, il y a un combat à mener.

Au-delà des questions d’immigration, il y a des réflexions à avoir sur la démocratie, sur l’altérité, le totalitarisme… Nous devons être à la fois en mesure de répondre immédiatement à l’urgence de gens qui sont dans la misère absolue, et en capacité d’éclairer les citoyens pour qu’on ne s’habitue pas au rejet, qui se fonde sur l’accaparement par certains du travail des autres. L’entretien d’une xénophobie d’État permet de mettre de côté la question de la répartition des richesses, et d’éviter que les pauvres se tournent vers les véritables exploiteurs.

Il y a donc une absolue nécessité de continuer à se mobiliser.

Propos recueillis par L.

Notes

[1Entretien réalisé le mardi 28 octobre.

[2Depuis la réalisation de cet entretien, une subvention de 2 000 euros (soit une baisse de 500 euros par rapport aux années précédentes) a finalement été votée lors du conseil municipal du 17 novembre 2015 ; l’association devrait donc la toucher avec un an de retard.

[3Environ 4 500 mineurs arrivent par chaque année, pour toute la France.