Réfugiés en lutte à Tours : malgré les mensonges, le combat continue

A Tours, la situation se dégrade lentement pour les réfugiés. Ceux issus du foyer Albert Thomas voient leur situation s’assombrir, d’autres n’ont toujours pas accès, même malades, à un hébergement d’urgence et appellent le 115 quotidiennement. Pour autant, la lutte continue.

Demandes d’asile refusées, réceptions de notifications de transfert vers l’Espagne ou l’Italie, remises à la rue, expulsions à venir du CAO de Grandmont par ADOMA [1], fermeture fin juin de ce même CAO qui héberge environ 60 personnes, potentielles annonces de sortie des appartements gérés par Koalia et l’Entraide Ouvrière...

L’après Albert Thomas n’est pas facile pour la majorité des anciens résidents. La préfecture avait pourtant annoncé via la DDCS que les dossiers allaient être réexaminés, voulant ainsi mettre fin aux trois mois d’occupation du foyer Albert Thomas afin que la Croix-Rouge puisse prendre possession des lieux. Certains résidents orientés vers le CAO de Saint-Pierre-des-Corps ont en effet pu déposer leur demande d’asile sur le territoire et sont ainsi sortis de la procédure Dublin [2]. Rien ne leur assure pour autant qu’ils ne seront pas déboutés, mais il s’agit bien d’un apaisement pour eux, même provisoire.

A Tours, la situation est toute autre. Aucun résident du CAO n’a ici été sorti de la procédure Dublin. Pire, les refus de demande d’asile s’accumulent avec de nouvelles notifications de transfert vers l’Italie ou l’Espagne. Les résidents du CAO de Grandmont ainsi déboutés seront prochainement exclus par Adoma pour se retrouver à la rue, l’annonce leur a été faite ces derniers jours. Idem pour ceux hébergés un mois par la Croix-Rouge. Cette dernière leur avait promis un suivi des dossiers et un accompagnement durant cette période... Le délai arrivant à terme, étudiant ou non, c’est la rue qui les attend. Au sein des appartements gérés par Koalia ou l’Entraide Ouvrière, certains ont vu leur demande d’asile refusée malgré de très sérieux dossiers. Ils craignent également d’être mis dehors prochainement.

De nombreux réfugiés, hommes et femmes, sont également laissés sans hébergement et appellent quotidiennement un 115 saturé en raison d’un nombre insuffisant de places d’hébergement d’urgence [3]. La plupart sont toujours sous le joug de la procédure Dublin et n’ont pas accès à un avocat [4] ou à des soins médicaux parfois cruciaux [5].

Face à cette situation, habitants et associations continuent de se mobiliser comme ce samedi 22 avril dernier, où une manifestation a été organisée en centre ville. A Saint-Pierre-des-Corps, des parrainages d’habitants s’organisent début mai. A Tours, une nouvelle manifestation regroupant tous les habitants et toutes les associations mobilisé-e-s devrait avoir lieu courant mai car le silence ne sera jamais une solution.

Le monde occidental s’est bâti sur l’exploitation de peuples entiers à travers le monde. Les exemples ne manquent pas en Afrique comme au Moyen-Orient et nous y participons encore indirectement aujourd’hui. Alors que fascistes et populistes agitent l’épouvantail de l’immigration pour faire trembler le peuple, c’est l’ultra-libéralisme et la finance qui viendraient en sauveurs après avoir semé pauvreté, guerres et dictatures à travers le monde... Et l’on devrait choisir...

crédit photo 2 : © Nestor Da

Notes

[1Le Centre d’Accueil et d’Orientation géré par l’entreprise ADOMA au sein de locaux mis à disposition par le CROUS se trouve dans le campus universitaire Grandmont à Tours. Il compte une soixantaine de résidents qui s’y sentent isolés. L’accès est interdit aux visiteurs passé 18h, aucun interprète n’est présent sur place, pas même pour les travailleurs sociaux d’ailleurs en nombre insuffisant, les regroupements religieux ou politiques y sont interdits, des agents de sécurité patrouillent dans les couloirs et n’ont pas le droit de porter assistance aux résidents sous peine de renvoi...

[2Cette procédure prévoit que les migrants puissent être transférés vers le pays par lequel ils sont entrés dans l’Union européenne, ou vers le pays dans lequel ils ont été contrôlés pour la première fois, afin que leur demande d’asile y soit examinée.

[4Par manque de suivi, ils ne savent pas pouvoir bénéficier d’une aide juridictionnelle gratuite.

[5Un ressortissant de Guinée Conakry possède un certificat de l’hôpital de Tours qui détaille des apnées du sommeil lourdes toutes les 6h. Il a donc été muni d’une assistance respiratoire pour la nuit. Pour autant, il est laissé à la rue quotidiennement malgré ses appels au 115.