Rassemblement contre la politique antisociale de la mairie : « C’est pas les pauvres qu’il faut éliminer, c’est Babary et ses poulets ! »

Retour sur le rassemblement organisé contre la politique anti-sociale menée par la mairie de Tours.

De la solidarité à la charité

De l’obligation de prouver au moins 3 mois de résidence à Tours pour bénéficier des aides sociales, à la fin du principe de la gratuité des frais de cantines pour les plus démunis, comme l’indiquait l’appel à la manif : longue est la liste des mesures antisociales votées par Babary et sa majorité. On en a aussi appris un peu plus à propos de la fermeture programmée de la cuisine centrale du CCAS, située 2, rue Jean Mermoz : « pas aux normes », sans que la mairie n’ait chiffré le coût de la réfection nécessaire et sans que la suite pour les salarié-es et les bénéficiaires soit connue à cette heure. Car l’actualité du CCAS en ce moment, c’est... un appel à don !

Au début du rassemblement, une partie des organisateurs s’est livrée à une mise en scène pour le moins grotesque. Autour d’une banderole « Tours trahit Saint Martin », ils ont rejoué, tout en dénonçant les politiques de la mairie, une scènette inspirée de l’histoire qui veut que Martin ait donné la moitié (l’autre appartenant à la Légion romaine) de son manteau à un pauvre pour qu’il se réchauffe. Cet appel à Saint-Martin — porté notamment par des militants de partis historiquement anticléricaux — n’a manifestement pas fait l’unanimité, tant il est vrai que tout le monde, à commencer par la mairie elle-même, se réclame de Saint-Martin, et que le message était totalement brouillé puisque faisant référence à la charité bien plus qu’à la solidarité. Dénoncer l’hypocrisie de la bourgeoisie catholique, c’est une chose ; s’approprier ses idoles, c’en est une autre.

« C’est pas les pauvres, c’est pas les sans-papiers qu’il faut éliminer, c’est Babary et ses poulets »

Après des prises de paroles d’élu-es d’opposition, les organisateurs ont appelé à mettre un terme au rassemblement. D’autres, bien plus nombreux, ont choisi de rester pour chanter et crier leur opposition aux politiques du maire et de son équipe. Une chorale a entonné « La semaine sanglante » et « La Lega ». Les chants étaient ponctués de « Babary dégage » , « Babary casse-toi » , « Babary, si ta mère avait connu l’avortement, on aurait aujourd’hui beaucoup moins d’emmerdements » [1] puis « C’est pas les pauvres, c’est pas les sans-papiers qu’il faut éliminer, c’est Babary et ses poulets ».

Le rassemblement a envahi la chaussée, continuant ses chants et slogans tout en bloquant la circulation. Ce qui n’a pas tardé à faire venir les flics, qui ont repoussé les manifestant-es sur le trottoir. Évidemment, un des poulets s’était équipé d’un flashball... Les slogans ont continué pendant un temps, certain-es rappelant la propension des flics à assassiner, et de la justice à les acquitter.

Pendant ce temps là, à l’intérieur de la mairie, majorité (qui avait appelé ses partisans à bourrer la salle) et opposition s’écharpaient à propos du PLU [2] avec les habituels appels au « rayonnement » et à l’« attractivité » en s’accusant mutuellement de faire — par excès de conservatisme ou de critiques — peur aux promoteurs. Comme une illustration tragique des priorités unanimement partagées par les élus de tous bords.

De l’autre côté de la place, le cercle du silence mensuel rappellait que la mer méditerranée est un cimetière à flot ouvert...

Notes

[1Des menaces ont également pesé sur les subventions du Planning familial d’Indre-et-Loire, cf http://larotative.info/le-planning-familial-37-dans-la-957.html.