Quand la Banque Postale bichonne Les Républicains

Au lendemain du premier tour de la primaire de la droite, les services financiers de la Poste ont envoyé une note à tous les bureaux du réseau afin que ces derniers acceptent les sacs de billets et de pièces des Républicains. Au grand dam des travailleurs des agences.

Lorsque vous, petit trésorier de votre association de bridge, amenez à La Banque Postale votre fond de caisse constitué des bénéfices réalisés après la soirée (payante) organisée avec le Rotary, les règles sont strictes et éditées par la direction de La Poste elle-même : pièces et billets doivent être séparés, et triés, voire placés dans des étuis adéquats.

C’est ce qu’ont oublié les personnes investies dans la primaire des Républicains, sans doute grisées par la forte participation à cette élection (car nous n’osons pas penser que ces personnes ne vont jamais à la Poste). Un grand nombre d’entre elles, en ce beau matin du lundi 21 novembre, se sont ainsi fait ré-expliquer le règlement par les préposés en exercice, qui, devant les sacs de billets et de pièces mélangés, ne se voyaient pas passer une partie de leur semaine à trier, compter, organiser les millions d’euros donnés en (très) petites coupures — il fallait payer 2 euros pour pouvoir participer au vote, et les deux tours de la primaire ont rassemblé 8 millions d’électeurs.

La suite, c’est le journal SUD-versif, bulletin du syndicat SUD PTT d’Indre-et-Loire [1] qui nous l’append : face au tollé provoqué par les militants Les Républicains rabroués dans les bureaux, les services financiers de La Poste ont produit en toute hâte une note interne pour contraindre les bureaux à accepter sans sourciller tous les sacs (scellés) d’argent liquide. Le petit personnel triera !

Et il peut bien le faire... En effet, Le Canard Enchainé a révélé le pot-aux-roses le mercredi suivant : La Banque Postale va prélever une commission de 8 % net sur les sommes reçues par les organisateurs de la primaire, soit environ 640 000 euros. « Cela rapporte beaucoup, vous l’aurez compris », conclut SUD-Versif. Une paille.

Les petits préposés pourraient quand même faire un effort, s’estimer heureux et comprendre que ce genre d’initiatives leur donne du travail ! Vous voyez, Marie-Monique ! Avec Fillon, ça va changer, les fonctionnaires vont enfin se mettre à bosser.

Enfin, ne noircissons pas le tableau. Par exemple, pour l’opération Pièces Jaunes, pas de surcharge de travail pour les postiers : tout va dans le même sac... Comme quoi, les partenariats de la Poste avec la droite ne sont pas forcément sources de problèmes...

Notes

[1Numéro du mois de décembre, n°237.