Petit précis biographique des candidats à la primaire de la gauche

Alors que les médias bruissent de « débats » entre les candidats à la primaire de la « Belle Alliance Populaire », qu’Internet propose des synthèses et des infographies follement interactives autour des programmes et que l’on se déchire à l’euro près sur les réseaux sociaux autour du revenu universel, il est plus difficile de trouver des contenus pour nous apprendre qui sont ces sept hommes et femme(s).

Bien sûr, hors de question de trop personnaliser les discours politiques, de sombrer dans un complotisme de classe ou de nier la nécessaire dimension théorique du processus démocratique. Cependant, un rapide coup d’œil sur les parcours et sur les aspects publics concrets de la vie des candidats peut s’avérer intéressant, voire éclairant.

Le « plus à gauche » sur la piste, Benoît Hamon

Il a 49 ans, fils d’une secrétaire et d’un ingénieur qui bossent pour l’industrie navale militaire à Brest. Il passe une partie de sa scolarité chez les cathos puis suit une licence d’Histoire à Brest et arrête les études ensuite à 21 ans.

Il entre en politique à 20 ans, à la Fac, lors des mouvements étudiants contre la loi Devaquet en 1986. Il s’inscrit au PS et milite pour le courant rocardien (situé sur l’aile droite du parti, celui par lequel a commencé Valls).

Repéré par un député rocardien, il devient assistant parlementaire à 24 ans (1991). Il fonde dès 1993 un courant au PS avec... Arnaud Montebourg et Vincent Peillon. Repéré par Jospin, il devient son conseiller à la jeunesse (1995-1997) puis devient conseiller de Martine Aubry une fois ministre (1997-2000).

Ensuite, il se réfugie de 2001 à 2004 comme directeur de stratégie dans l’institut de sondage Ipsos, détenu par Didier Truchot, 180ème fortune française.

Entre-temps, il s’est pacsé avec Gabrielle Guallar, diplomée de Sciences Po Paris, spécialiste en conseil institutionnel et privé dans le domaine de la culture. Elle est passée par des boîtes privées, le Centre National du Cinéma et depuis l’été 2014, alors que son boyfriend était ministre, elle est Responsable des Affaires Publiques de LVMH (85 milliards d’euros de capitalisation), leader mondial du luxe, détenu par Bernard Arnault, polytechnicien, 15ème fortune mondiale avec 41 milliards d’euros.

De 2001 à 2008, il est conseiller municipal de Brétigny-sur-Orge. Il est député européen de l’Est de 2004 à 2009. En 2007, lors de la primaire pour la présidentielle, son courant explose car il est en désaccord avec Peillon et Montebourg.

En 2008, il crée un nouveau courant en gauchisant la ligne et en réussissant à regrouper d’autres courants de « gauche » du PS. Le courant pèse 20 % et il en profite pour se présenter à la direction du PS sans succès, même s’il se saisit de l’occasion pour se rapprocher de Martine Aubry pour laquelle il appelle à voter, en attendant un éventuel renvoi d’ascenseur... Il devient à ce moment là porte-parole du parti.

De 2009 à 2012, un peu sec de mandats mais toujours porte-parole, il collabore pour « Le Fil », cabinet de conseil en sondages fondé par des anciens d’Ipsos et du cabinet de Martine Aubry... Le cabinet loue ses services à Yahoo, 20 minutes (de Vincent Bolloré), Ipsos, Suez, l’association des Régions et Départements de France... Il est conseiller régional de Paris depuis 2010.

Ministre de 2012 à 2014 (économie sociale puis enseignement supérieur).

Conseiller municipal de Trappes en 2014-2015 et conseiller d’agglo. Député des Yvelines depuis 2014 — il s’oppose à la loi Macron, critique la loi El Khomri et vote pour l’état d’urgence.

Il déclare 230 000 euros de patrimoine.

Pantouflard, cumulard, professionnel de la politique depuis 25 ans, ses revenus le placent dans les 5% les plus riches, il pratique assidûment l’endogamie et est passé expert en manœuvres internes au PS.

L’autre casaque « rose-rouge », Arnaud Montebourg

Né dans la Nièvre d’un père fonctionnaire des impôts et d’une mère universitaire prof d’espagnol, il a 54 ans.

Il va au collège et lycée dans la Nièvre puis entame des études de droit à Dijon en 1980. Il commence alors à militer dans le syndicat étudiant modéré et pépinière de socialistes ambitieux, l’UNEF, et s’inscrit au Parti Socialiste. Il part à Paris et obtient sa licence en Sorbonne puis passe à Sciences Po Paris en 1985 avant d’échouer au concours d’entrée de l’ENA. Il choisit alors le courant de Laurent Fabius au sein du PS.

Il part faire son service militaire mais son parcours lui évite les footings à 5h du matin et il se retrouve à rédiger des discours de remise de médailles dans quelques ministères (1985-1986).

Il devient officiellement avocat au barreau de Paris en 1990 et il entre dans le cabinet du très réputé et médiatique Thierry Levy avec lequel il travaille quelques années. Il remporte un concours d’éloquence qui lui permet de devenir commis d’office dans les affaires qui relèvent des Assises (1992).

En 1997, il devient député PS de Saône-et-Loire, pas loin de chez lui. Il a épousé quelques jours auparavant Hortense de Labriffe, fille de comte et de comtesse et collaboratrice d’Edouard Balladur et Philippe Douste-Blazy, qui deviendra directrice de deux pools de producteurs de cinéma français.

Il est réélu député en 2002. Proche de Vincent Peillon à cette époque, il crée en 2003 un courant au PS, également avec Benoît Hamon, puis devient chef du PS dans le département de Saône-et-Loire. En 2005, en désaccord avec ses « amis » au sujet du besoin d’une nouvelle constitution, il crée un énième courant. En 2007, il soutient Ségolène Royal et devient son porte-parole de campagne puis est de nouveau réélu député. Ségolène Royal le suspend un mois à cause d’une déclaration où il se moque de François Hollande.

En 2008, il soutient Martine Aubry pour qu’elle prenne la tête du Parti face à... Ségolène Royal. En 2008, il devient parallèlement conseiller général puis président du Conseil général de Saône-et-Loire. Il avait refusé le cumul des mandats jusque-là mais finit par se laisser tenter. Devenu absentéiste à l’Assemblée Nationale en 2010-2011, il décide de ne pas se représenter à la députation en 2012.

Il divorce en 2010 et vit en concubinage avec la célèbre journaliste Audrey Pulvar qui travaille à France 3, I-télé, Les Inrockuptibles (propriété du riche homme d’affaires Matthieu Pigasse, énarque et proche de Laurent Fabius avant de se reconvertir dans la banque Lazard et faire fortune) et D8 (de Vincent Bolloré).

En 2012, il se présente à la primaire socialiste pour la présidentielle, arrive troisième et décide de soutenir François Hollande dont il devient ministre de l’Economie. Il démissionne de la présidence du Conseil général mais reste simple conseiller jusqu’en 2015.

Ils se sépare d’Audrey Pulvar en 2012, sort avec Elsa Zylberstein un temps puis forme un couple dès 2014 avec Aurélie Filippetti (normalienne et agrégée de lettres, écologiste puis socialiste avant de devenir ministre sous François Hollande, 720 000 euros de patrimoine déclaré).

Il est vidé du gouvernement cette même année, s’inscrit à une formation express de management en école de commerce (il demandera une bourse...) et annonce son retrait de la vie politique.

Il devient vice-président du conseil de surveillance de la chaîne d’ameublement Habitat (82 millions d’euros de chiffre d’affaires, ayant licencié 15 % de son personnel l’année d’avant), puis devient conseiller stratégique de Talan (société de services informatique qui fait 100 millions d’euros de chiffre d’affaires par an).

En 2015, il investit 56 000 euros dans une entreprise d’éoliennes domestiques et devient président du conseil de surveillance. L’été dernier, il quitte Habitat et annonce sa candidature à la primaires de la « gauche ».

Il déclare un patrimoine de 1 500 000 euros

Pantouflard, (petit) cumulard, professionnel de la politique depuis 20 ans, ses revenus le placent dans les 5 % les plus riches, il pratique assidûment l’endogamie et est passé expert en manœuvres internes au PS.

Celle qui n’a de radical que le parti, Sylvia Pinel

Fille d’une mère adjointe de mairie de village et collaboratrice de sénateur (radical) et d’un père agriculteur conseiller municipal d’un village et agriculteur, elle a 39 ans.

Elle passe par un collège et lycée de Montauban puis enchaîne avec des études de droit à Montauban, puis un master à Toulouse et un autre à Limoges.

Quelques mois plus tard, elle est repérée par le pape du radicalisme du sud-ouest, Jean Michel Baylet (fils de professionnels de la politique radicaux et directeurs du journal La Dépêche du midi, il a été lui-même maire, député, sénateur et président de conseil général et... PDG et propriétaire de La Dépêche... dont il a refourgué la direction à ses enfants. Il a été condamné pour abus de biens sociaux et faux dans la gestion du journal familial).

Elle devient chargée de mission pour l’ami Baylet puis directrice de son cabinet avant d’être adoubée afin de se présenter à la députation pour le compte du Parti Radical de Gauche. Elle remporte le scrutin dans le Tarn-et-Garonne en 2007 du premier coup. En 2010, elle devient conseillère régionale Midi-Pyrénées. En 2011, elle se présente aux cantonales mais échoue au second tour.

En 2012, elle fait partie de l’équipe de campagne de François Hollande, elle est nommée Ministre du Commerce, du Tourisme et de l’Industrie puis elle remporte de nouveau l’élection législative. En 2014, elle est nommée Ministre du Logement.

En 2015, elle se présente de nouveau aux élections régionales, remporte la victoire et devient première vice-présidente de la région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. Elle quitte le gouvernement en 2016 pour remplir cette fonction et récupérer son poste de députée. En 2016, elle prend la présidence de son parti, le PRG, puis annonce sa candidature à la présidentielle, soutenue aussi par Génération écologie avant de se raviser et de rejoindre la primaire.

Elle est célibataire et déclare un patrimoine de 300 000 euros.

Cumularde, professionnelle de la politique depuis 15 ans, maniant habilement les rouages de son parti et les stratégies d’alliance avec le grand-frère socialiste.

Le cheval fougueux de l’écologie, François Henri Goullet de Rugy

Né à Nantes, il est fils de deux enseignants, il a 43 ans. Issu, par son père, d’une famille anoblie en 1765 et membre de L’Association d’entraide de la noblesse française depuis 1945.

Il suit sa scolarité dans un collège et un lycée publics nantais puis intègre Sciences Po Paris après le Baccalauréat. C’est à ce moment qu’il entre à Génération Ecologie, le parti de Brice Lalonde.

Il épouse Emmanuelle Bouchaud, journaliste et conseillère régionale Front Démocrate, le parti de Jean-Luc Bennahmias, dans les Pays-de-Loire. Ils sont séparés.

Dès sa sortie de Sciences Po, il fonde son club politique (1995) puis il entre chez les Verts (1997) et se présente à la députation à Nantes dans la foulée. Il fait moins de 4 % à l’élection. Cependant, il trouve un strapontin à l’Assemblée en devenant secrétaire général du groupe Radical et Écologiste jusqu’en 2002.

En 2001, il est élu conseiller municipal Les Verts à Nantes et devient adjoint aux transports de Jean-Marc Ayrault puis vice-président de l’Agglo, chargé des déplacements. En 2007, il est l’un des rares Verts à bénéficier d’un accord avec le PS. Il se présente donc à la députation et cette fois, il remporte l’élection. Il est élu secrétaire de l’Assemblée Nationale et participe à l’influente commission des finances.

En 2008, il se présente aux municipales dans une commune de banlieue de Nantes. Il perd et devient simple conseiller municipal d’opposition. En 2010, il intègre Europe Ecologie Les Verts. En 2012, il se présente de nouveau à la députation en Loire-Atlantique, avec le soutien du PS et sous l’étiquette Europe Ecologie Les Verts. Il devient co-président du groupe écologiste à l’Assemblée et intègre la Commission de la Défense.

En 2015, favorable à un retour des écologistes au gouvernement après la rupture de 2014, il écrit un livre intitulé Ecologie ou gauchisme, il faut choisir. Il fonde avec Jean-Vincent Placé un nouveau parti écologiste de centre-gauche nommé « Ecologistes ! ». L’ami Jean-Vincent est récompensé par François Hollande par un poste de ministre, François de Rugy attend son heure mais veut devenir ministre et vite, comme il se plaît à le dire dans le presse.

En 2016, il remplace Denis Baupin, en délicatesse médiatique pour des affaires de harcèlement sexuel, et devient vice-président de l’Assemblée Nationale. Deux jours plus tard, il quitte le groupe écologiste avec cinq autres camarades ce qui provoque la dissolution du groupe et il rejoint les socialistes.Il est assidu à l’Assemblée et il a une activité parlementaire plutôt dynamique.

François de Rugy gagne 5 500 euros net par mois grâce à son mandat de député. Avec les 15 000 euros d’indemnités, il loue un bureau et emploie trois personnes. Il possède deux maisons pour une valeur de 400 000 euros et il a 80 000 euros d’économies.

Cumulard, ambitieux et professionnel de la politique depuis sa sortie de l’école il y a 20 ans, il sait très bien manœuvrer dans le monde des partis lilliputiens qui gravitent autour du PS et qui servent de marche-pied pour accélérer les carrières.

L’intellectuel de l’écurie, Vincent Peillon

Né à Suresnes, il est le fils d’un militant communiste qui dirigea des banques liées à l’URSS et d’une directrice de recherche à l’INSERM. Son grand-père maternel est l’initiateur de l’insulinothérapie en France, sa grand-mère est une avocate féministe de renom, son oncle est l’inventeur de la pilule abortive RU 486 et sa tante chercheuse en économie au CNRS. Son frère, Antoine, est journaliste d’investigation. Vincent Peillon a 56 ans.

Bachelier à 16 ans, il enchaîne avec des études de philosophie à la Sorbonne. Absentéiste, il obtient quand même sa licence à 20 ans puis, victime d’une agression, il arrête les études, travaille dans la compagnie des wagons-lits sur le ligne Paris-Copenhague et en profite pour passer du saumon fumé en contrebande. Il fonde rapidement une société d’import-export de saumon grâce à ses contacts et vend essentiellement à des comités d’entreprise.

Au bout de trois ans il reprend les études, passe le concours et devient professeur de philosophie à Lyon puis Calais. Il devient agrégé après un premier échec puis devient formateur pour instituteurs dans la Nièvre.

Il se marie une première fois avec la philosophe et normalienne Brigitte Sitbon puis divorce. Cette dernière obtiendra en 2015 un prestigieux poste d’Inspectrice Générale de l’Éducation Nationale au tour extérieur, c’est à dire par nomination politique. Il se marie une seconde fois avec la journaliste diplômée de Sciences Po Paris Nathalie Bensahel, spécialiste d’économie (La Tribune, Libération, Nouvel Obs) qui devient directrice du service « Lifestyle » de l’Obs en 2012 pour éviter les conflits d’intérêt avec son mari ministre.

Il est repéré par Pierre Moscovici et en 1992, il est détaché auprès du président de l’Assemblée nationale, Henri Emmanuelli, pour écrire des discours. Il obtient la même année un doctorat de philosophie à la Sorbonne. La gauche perd les législatives en 1993 et il retourne à son poste de professeur, cette fois à Nanterre puis Neuilly-sur-Seine.

Il est élu députe dans la Somme de 1997 à 2002, il devient secrétaire national des études théoriques politiques au PS puis porte-parole en 2000, alors que François Hollande est secrétaire.

Après sa défaite en 2002, il entre au CNRS pendant deux ans où il étudie et écrit au sujet du socialisme français pré-marxiste (Buisson, Jaurès, Quinet, Leroux...).

En 2002, il fonde un courant au PS avec Arnaud Montebourg pour proposer des réformes internes mais les tensions entre les deux hommes finissent par faire éclater le courant et Vincent Peillon se rapproche de Benoît Hamon et de son premier mentor, Henri Emmanuelli.

En 2004, il est élu député européen de la circonscription du Nord-Ouest. En 2007, il soutient la candidature de Ségolène Royal et en est le porte-parole. En 2009, il est de nouveau élu député européen, cette fois-ci dans le Sud-Est, il y sera réélu en 2014. Tous les experts s’accordent pour dire qu’il fait de la figuration au Parlement Européen et qu’il est extrêmement absentéiste.

En 2011, il soutient Dominique Strauss-Kahn puis François Hollande dont il intègre l’équipe de campagne. En 2012 et jusqu’en 2014, il est ministre de l’Éducation Nationale. Il reprend ensuite son mandat au Parlement européen, toujours très absentéiste et il donne des cours à l’Université de Neuchâtel en Suisse.

Le Canard Enchaîné a montré il y a quelques jours que François Hollande a joué de ses relations au printemps dernier pour que Vincent Peillon obtienne une laboratoire de recherche sur la laïcité doté d’un budget de 150 000 euros et de bureaux à Paris, poste idéal pour préparer un retour au premier plan en politique, potentiellement pour gêner la course de Manuel Valls, ce qui ne déplairait pas au chef de l’État...

Vincent Peillon déclare un patrimoine de 800,000 euros. Il touche environ 10 000 euros par mois comme député européen et des sommes variables par ses activités d’écrivain, chercheur et professeur.

Professionnel de la politique depuis 20 ans, député européen fantôme, endogame discret et grand manœuvrier au sein du PS.

Le favori de la course, Manuel Carlos Valls Galfetti

Né à Barcelone d’un père artiste-peintre très catholique (que Manuel vouvoie conformément aux usages de la bourgeoisie catalane) et d’une mère suisse-italienne. Son parrain est l’écrivain italien Carlo Coccioli, son grand-père est un banquier catholique qui cache des prêtres pendant la Guerre Civile. Manuel Valls a 54 ans.

Enfant de chœur et participant assidu à la messe, il fait des études secondaires banales (il a eu 05/20 à l’oral du Bac de Français) mais s’inscrit à 17 ans aux jeunesses socialistes pour soutenir Michel Rocard, son idole (1980). Il enchaîne avec une licence d’Histoire à l’Université de la Sorbonne (site Tolbiac) où il s’inscrit au syndicat étudiant UNEF-ID et à la Ligue des droits de l’Homme. Il rencontre à la Fac deux autres rocardiens avec lesquels il lie une amitié durable, Alain Bauer (criminologue célèbre, patron d’une boîte de consulting en sécurité, conseiller influent de Nicolas Sarkozy, membre de dizaines de missions institutionnelles, il est très critiqué sur le plan scientifique... et mis en examen pour des affaires d’abus de bien social) et Stéphane Fouks (conseiller en communication de très nombreux hommes politiques influents, Jospin, DSK et Gbagbo puis devient vice-président de Havas, leader mondial du conseil en communication, au chiffre d’affaires de près de 2 milliards d’euros). En 1982, il est naturalisé français.

De 1983 à 1986, mettant ses études entre parenthèses, il devient attaché parlementaire du député PS très proche de Rocard, Robert Chapuis. Il quitte ce poste pour devenir conseiller régional d’Ile de France et il finit par obtenir sa licence à l’âge avancé de 24 ans. Il fait son service militaire dans la foulée au Régiment des Trains de Fontainebleau avec Arnaud Montebourg en 1986 puis se marie en 1987 avec Nathalie Soulié, institutrice rencontrée sur les bancs de la faculté.

En 1988 il prend la tête du PS à Argenteuil et entre, grâce à l’entremise de Jean-Paul Huchon, au cabinet de Michel Rocard, alors premier ministre. Il s’occupe de missions de relations avec le parlement et liées à la jeunesse. La même année, il intègre la franc-maçonnerie par l’intermédiaire de son ami Jean-Pierre Antebi, par ailleurs trésorier de la LICRA, pépinière de socialistes ambitieux. Manuel Valls devient pendant quelques années administrateur de la Mutuelle des Étudiants de France, autre structure très liée au Parti Socialiste.

En 1989 et jusqu’en 1998, il devient adjoint au maire communiste d’Argenteuil. De 1991 à 1993, il est délégué interministériel chargé des Jeux Olympiques d’hiver à Albertville. Il devient ensuite secrétaire à la communication au PS et chef du PS au Val d’Oise.

En 1992, il est réélu conseiller régional en Île de France. En 1995, il rejoint la loge maçonnique fondée par l’ami Alain Bauer, devenu parrain d’un de ses enfants, et où se rend aussi Stéphane Fouks.

Il se présente à la députation dans le Val-d’Oise en 1997 mais finit quatrième et, en consolation, il devient chargé de la communication au cabinet de Lionel Jospin, premier ministre de 1997 à 2002.

En 1998, il est réélu conseiller régional d’Ile de France et et devient premier vice-président. En 2001, il trouve le temps de devenir maire d’Ivry puis remporte les législatives dans l’Essonne en 2002. Il démissionne alors du Conseil régional.

En 2003, il soutient François Hollande pour qu’il devienne premier secrétaire du PS, devenant lui même secrétaire à la coordination et l’organisation. En 2005, trop occupé, il quitte la franc-maçonnerie.

En 2007, il soutient Ségolène Royal lors de la primaire, en vue de l’élection présidentielle. Il est réélu député dans l’Essonne. Il refuse dans la foulée de devenir ministre d’ouverture sous la présidence Sarkozy. Il divorce à cette époque.

En 2008, il est réélu comme maire à Evry. La fiscalité de la ville aura augmenté de 50 % pendant ses mandats et les dépenses en personnel et en avantages sont parmi les plus élevées de France pour une commune de cette taille. Les dépenses en communication et en publicité ont augmenté de 852 % selon la Cour des Comptes.

De 2008 à 2012, il est Président de la communauté d’agglomération Evry Centre Essonne. En 2009, il crée un club politique autour de sa personne. Il soutient Ségolène Royal qui veut diriger le Parti et s’oppose violemment avec Martine Aubry qui remporte finalement le poste.

En 2010, il se marie avec la violoniste Anne Gravoin. Artiste de variétés (Roch Voisine, Voulzy, Aznavour, Obispo, Halliday, Moire, Lavoine...), elle intègre l’équipe de musiciens de l’émission Chabada, présentée par Daniela Lumbroso dont le mari est un proche de Manuel Valls. Elle est à la tête de la (grosse) société Régie Orchestre, fournissant un catalogue de 400 musiciens classiques pour les tournées internationales de stars de la variété. Elle co-dirige le Alma Chamber Orchestra qui a été impliqué dans des suspicions de financement opaque de la part d’un marchand d’armes sud-africain et dictateur congolais Denis Sassou-Nguesso, décoré des insignes de la Légion d’Honneur par... Manuel Valls. C’est l’homme d’affaires mis en examen et détenteur de la gestion des eaux et électricité à Madagascar, François Gontier, qui sous-loue des locaux à l’Alma Chamber.

En 2011, il se présente à la primaire du PS dans l’objectif d’être candidat à la présidentielle. Il finit loin derrière avec à peine 6 % des voix et appelle à voter pour François Hollande dont il devient directeur de communication pour la campagne.

En 2012, il est nommé ministre de l’Intérieur et il remporte pour la troisième fois les législatives dans l’Essonne. Il démissionne de son poste de maire mais reste conseiller municipal et ne siège pas à l’Assemblée, laissant son suppléant s’en charger, comme le demande François Hollande pour ses ministres.

Il devient premier ministre en 2014. En 2017, quelques semaines après sa démission il récupère son poste de député.

Fan de Mozart, il pratique la boxe 2 heures par semaine.

De nombreux articles de presse rapportent qu’il aurait usé de son influence pour faire surveiller par des policiers, depuis des années, la résidence de son ex-femme et des ses enfants. Il aurait également fait déloger les Roms installés non loin de son appartement près de la Bastille.

Son patrimoine est sujet à polémiques. Il a déclaré 93 000 euros en rentrant au gouvernement mais il s’avère qu’il possède un appartement à 250 000 euros à Evry, et un montage financier légal lui permet de ne pas faire figurer sur sa déclaration l’appartement de 250 m² dans le XIème arrondissement évalué à 2 millions d’euros.

Il touchait 15 000 euros par mois en tant que Premier Ministre, désormais, il est revenu à un modeste 5 000 euros par mois de député.

Il est grand-officier de la Légion d’Honneur et Grand-Croix de l’Ordre National du Mérite. Il a aussi été décoré au Maroc, Espagne, Côte d’Ivoire, Sénégal, Mali et Royaume-Uni.

Cumulard hors-classe, professionnel de la politique depuis 35 ans, maître des réseaux et des manœuvres politiques au PS, petit cachottier de ses origines bourgeoises et ambitieux patenté.

L’outsider improbable, Jean-Luc Bennahmias

Né à Paris d’un père représentant de commerce en lingerie féminine et d’une mère au foyer qui décède très jeune, dans une famille où la culture protestante est très importante (son grand-père et son frère sont d’ailleurs pasteurs). Il est scout (laïc) durant sa jeunesse. Il a 62 ans.

Il suit un enseignement secondaire tout à fait classique dans la banlieue Est de Paris. Il passe un BTS technico-commercial à Paris VIII-Vincennes puis un diplôme de commerce en formation continue à 30 ans.

Il s’engage dès l’adolescence dans le Parti Socialiste Unifié de Michel Rocard et rencontre à cette époque la jeune garde de la « deuxième gauche », dont Manuel Valls. Cependant, il suit régulièrement les appels à mobilisation de la Ligue Communiste Révolutionnaire d’Alain Krivine où milite Gérard Filoche à la même époque.

Il milite également dès 1973 pour les droits syndicaux et les libertés des citoyens qui font leur service militaire. Il vit en communauté en banlieue et écrit des pamphlets anti-militaristes. Il rencontre sa compagne à cette époque, Lise, désormais archiviste à Marseille.

Une fois diplômé, il intègre plusieurs journaux dont des hebdos écologistes et des magazines à grand tirage (Télé 7 jours, Événement du Jeudi, la Vie...). Il donne des cours de communication à l’Université Paris VII et Paris VIII pendant des années (1988-1996). Il est passionné et spécialiste de sport.

En 1984, il adhère aux Verts, peu après leur création et fonde avec Dominique Voynet un courant qui prône l’alliance avec le PS. Il devient directeur de la communication des Verts.

En 1992, il devient conseiller régional en Île de France. En 1997, il devient secrétaire national des Verts. De 1999 à 2004, il siège au Conseil Économique et Social à Paris. En 2002, il est directeur de campagne de Noël Mamère pour l’élection présidentielle. En 2002, il se présente à la députation à Marseille, parachuté à la dernière minute et échoue. En 2004, il est élu conseiller régional en Provence Alpes Côte d’Azur puis député européen.

En 2007, il milite activement pour une candidature de Nicolas Hulot à la présidentielle. C’est finalement l’amie Dominique Voynet qui s’y colle et qui fait 3 %. Jean-Luc Bennahmias décide de quitter le parti, moribond selon lui, pour rejoindre le MoDem de François Bayrou.

En 2008, il se présente aux municipales à Marseille, fusionne avec la liste PS au second tour et échoue. Il devient conseiller municipal et conseiller communautaire à l’Agglo.

En 2009, il est réélu, sous l’étiquette MoDem cette fois, député européen, malgré un score faible. En 2010, il lance une sorte de fédération écologiste autour de sa personne. En 2012, il appelle à voter Hollande entre les deux tours de l’élection présidentielle. En 2013, il acte l’alliance entre le MoDem et l’UDI (centre-droite).

En 2014, il quitte le Parlement Européen. Il soutient le candidat PS à la mairie de Marseille et démissionne du MoDem. Il fonde son parti, le Front Démocrate, qu’il qualifie de centre-gauche et écologiste.

Fin 2016, il annonce sa candidature à la primaire de la gauche. Il ne cache pas dans la presse son envie de devenir ministre des sports.

Cumulard, professionnel de la politique depuis 25 ans, spécialiste du louvoiement entre partis, manœuvrier de talent et ambitieux discret.

Et que vive la sociale...

P.-S.

Libre à chacun d’accorder le poids qu’il jugera opportun aux éléments biographiques des différents candidats et de les mettre ou non en regard de leurs programmes respectifs. Ces quelques éléments peuvent aussi servir à évaluer le degré de confiance que l’on peut avoir envers les paroles des sept représentants. Les plus hardis en tireront sans doute des conclusions sur l’évolution sociologique profonde de la « gauche » dite « modérée ».