Non, l’abstention ne favorise pas le Front national

L’abstention ferait le lit du Front national. Cette antienne médiatique et de certains politiciens ne tient pas l’analyse, selon l’auteur de cette tribune. Qui assure que les partis dits « de gouvernement » sont les premiers responsables des « déterminants » du vote frontiste.

« Heureusement, il y a justement moyen de comprendre, si nous le souhaitons vraiment et si nous nous donnons la peine d’analyser rigoureusement ce que les politologues appellent les « déterminants » des votes en faveur du FN. Ainsi, Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l’Institut français d’opinion publique (Ifop), pouvait expliquer, dans la perspective de l’élection présidentielle de 2012, que l’abstention pénalise le Front national, précisant même que ce serait « une erreur de penser qu’une forte abstention favoriserait mécaniquement l’extrême droite en s’imaginant que, par nature, son électorat radical se mobiliserait davantage que ceux des partis de gouvernement. […] Les dirigeants du FN disent d’ailleurs eux-mêmes que l’abstention est leur principal adversaire ».

Son analyse fut amplement vérifiée, deux ans plus tard. Lors du premier tour des élections municipales de 2014, dans les 110 communes où le Front national obtenait plus de 20 % des suffrages, la participation moyenne fut bien plus élevée (62,33 %) que la participation moyenne nationale. De quoi démentir l’affirmation selon laquelle les scores élevés du FN seraient dus à l’abstention. Ainsi à Villers-Cotterêts (Aisne), le parti du clan Le Pen obtenait même 40,30 % des suffrages exprimés, alors que le taux de participation s’élevait jusqu’à 68,47 %. A Carros (Alpes-Maritimes), le Front national récoltait 35,75 % des voix, avec une participation de 70,7 %. Les exemples pourraient être multipliés. »

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