Non à la régression du droit des femmes en Espagne et ailleurs !

Face à l’offensive menée par le gouvernement espagnol contre la loi autorisant l’avortement, et dans un contexte où les forces réactionnaires se mobilisent contre les droits des femmes en général, un rassemblement est organisé à Tours, place Jean Jaurès, le samedi 1er février à 14 heures.

Un grand nombre d’organisations appelent à se mobiliser pour soutenir les féministes espagnoles qui manifesteront à Madrid le 1er février [1]. Mobilisons nous pour les soutenir. Manifestons ensemble le 1er février : non à l’ordre moral qui veut gérer nos vies, oui à nos droits, tous nos droits et la liberté de choix d’avoir un enfant ou non. Femmes d’Espagne, de France et d’ailleurs, unies dans le même combat !


Sur la nécessité de poursuivre la lutte pour défendre le droit à l’IVG, vous pouvez lire cet article de Gaëlle-Marie Zimmermann intitulé FAQ autour de l’IVG et de la nécessaire poursuite de la lutte : questions courantes et propositions de réponses.

Extraits :

Je ne comprends pas pourquoi il faut lutter pour le droit à l’IVG : en France, l’avortement est déjà légal !

Oui, l’avortement est légal, mais légal ne signifie pas forcément « accessible ». Les nombreuses fermetures de centres pratiquant l’IVG, le manque de moyens, la désinformation, les actions de manipulation de certains sites web pour pousser les femmes à mener leur grossesse non désirée à terme, et plus globalement les actions toujours plus nombreuses de militant.e.s anti-choix sont une constante menace pour ce droit qui reste très fragile. De plus, les aléas politiques et les risques que représentent l’éventuelle arrivée au pouvoir de partis opposés au droit à l’IVG pourraient fort bien mettre cette légalité en péril : rien n’est donc acquis.

Pourquoi militer pour l’IVG plutôt que de faire de la prévention contre l’IVG ?

La prévention, dans le sens premier du terme, consiste à empêcher qu’une chose négative ou nocive se produise. Cela sous-entendrait donc que l’IVG est quelque chose de mal, de négatif, de nocif, alors que concrètement, c’est plutôt la grossesse non désirée qui est un événement négatif.

L’IVG est en fait une solution, et on ne prévient pas les solutions : on les utilise. L’IVG n’est pas un problème en soi, mais la solution à un problème.

Alors ce qui est « mal », « dangereux » et « préjudiciable » pour une femme, ce n’est pas l’IVG (dont la décision peut être difficile ou simple à prendre, et qui peut être bien ou mal vécue), c’est le fait d’avoir un enfant dont elle ne veut pas, et de subir une grossesse non désirée. C’est également, dans le cas où elle est contrainte de mener sa grossesse non désirée à terme, préjudiciable pour l’enfant (on trouve beaucoup d’études, plus ou moins fiables, sur le traumatisme post-IVG, mais aucune sur le traumatisme post-grossesse-non-désirée-menée-à-terme).

L’IVG est donc la solution pour interrompre une grossesse non désirée, et cela n’empêche en rien d’informer sur la contraception. Il n’y a donc pas d’incompatibilité entre le fait d’utiliser l’IVG en tant que solution, et d’informer sur la contraception pour éviter une grossesse non désirée.

Contraception et IVG sont deux maillons complémentaires de la chaîne du contrôle de la fécondité. Si le contrôle de la fécondité était une notion réellement intégrée et admise (et pas seulement en surface comme actuellement), on n’utiliserait pas des termes comme « prévention » et « récidive ».

De quel droit les femmes osent-elles revendiquer l’IVG « facile », sans douleur, accessible ?

Les femmes ne revendiquent pas l’IVG facile, sans douleur et accessible, elles revendiquent l’IVG sans complications procédurales inutiles, sans douleur volontairement infligée par le corps médical, et sans freins d’ordre technique ou moral.

Les femmes revendiquent le droit de choisir librement leur méthode (IVG médicamenteuse, en milieu hospitalier ou à domicile, IVG par aspiration sous anesthésie locale, IVG par aspiration sous anesthésie générale), sans être contraintes et poussées vers l’une ou l’autre.

Elles veulent des délais d’attente plus courts (et ne plus se voir imposer le délai de réflexion de 7 jours, qui n’est pas nécessaire à toutes), ce qui ne sera possible que si on cesse de fermer les centres qui pratiquent les IVG et qu’on allège la procédure.

Elles revendiquent également le droit à ne pas se voir infliger une douleur punitive.

Elles veulent aussi que l’on cesse de prétendre que c’est un acte technique lourd : l’acte technique a été alourdi lorsque les compétences abortives ont été transférées, au moment de la dépénalisation de l’IVG, des femmes qui le pratiquaient clandestinement et des médecins qui les aidaient à le faire, au corps médical qui a institutionnalisé une procédure d’IVG lourde et plus coûteuse.

Les femmes utilisent l’avortement parce qu’elles ont de multiples raisons de l’utiliser, et de multiples façons de l’utiliser. Et notamment parce que la contraception ne fonctionne pas toujours : pour rappel, 3 IVG sur 4 concernant des femmes qui ont une contraception.

La contraception n’est jamais efficace à 100 %, et n’oublions pas qu’en France, nous sommes actuellement sous un régime prépondérant du « tout-pilule » : c’est-à-dire que la pilule, prétendument « mode de contraception préféré des françaises », est en réalité simplement le mode de contraception « le plus prescrit aux françaises », ce qui n’est pas du tout la même chose.

La pilule est donc souvent imposée, ou du moins présentée comme le choix le plus logique, alors qu’elle est loin d’être idéale pour toutes les femmes, selon leur rythme de vie, leurs attentes et leurs contraintes.

La difficulté pour beaucoup de nullipares à obtenir la pose d’un DIU (stérilet), car une majorité de gynécologues refuse encore sans aucune raison médicale, est une des conséquences de ce « tout pilule », et un des exemples frappant des progrès à faire en matière de gestion de la contraception.

Les femmes utilisent l’avortement non pas « comme une contraception » mais comme un outil destiné à interrompre une grossesse non désirée.

Notes