Municipales : récit d’une soirée de campagne au Champ Girault

Pantalons à pli ou en velours, cravates, cheveux gris. Le 4 décembre, à la salle Champ Girault, l’UDI a rassemblé environ 150 personnes autour du député-maire de Drancy Jean-Christophe Lagarde et du « ticket » Babary-Auconie, en course pour l’élection municipale à Tours. Premier épisode de notre série sur les municipales, "Socialisme ou Babary".

Ça commence fort, avec un clip de l’Union des Démocrates et Indépendants (UDI) dans lequel un animateur survolté, perché sur une estrade, fait une liste des réalisations de sa « famille » pendant que défilent des portraits de Clémenceau et de Jules Ferry. On y apprend notamment qu’à l’UDI, on aime « le beau »...

L’introduction revient à Sophie Auconie, qui fait le récit d’un passage dans « les quartiers » (sic). Elle explique notamment que si certains retraités reprennent le chemin du boulot, c’est à cause de « la pression fiscale » [1] , sans évoquer le montant ridicule des pensions versées, montant qui risque de s’affaiblir encore sous les coups portés par le gouvernement actuel comme par la majorité précédente. Elle évoque ensuite une association chargée de faire du lien social dans le quartier, et prend un ton indigné en nous apprenant que l’association est en train d’être expulsée par la mairie sans solution de relogement. Du coup, on aimerait bien savoir si la droite tourangelle fera de ce refus des expulsions sans solution de relogement un axe de sa politique en matière de logement…

Auconie termine son allocution par ce qui ressemble à un discours de remerciements à une cérémonie des Césars, puis Serge Babary entre en scène. Et l’on comprend mieux l’affluence quand il explique que sont essentiellement présents à cette soirée des candidats et des élus. L’ambition est grande : d’après Babary, la droite « peut reconquérir la ville, le département, la région ». Ne manquent plus que le pays, l’Europe et le monde, qui sait quelles sont les ambitions de l’ancien président de la Chambre de Commerce et de l’Industrie ? Vient ensuite une attaque en règle contre Jean Germain, critiqué notamment pour son comportement vis-à-vis de Sophie Auconie au sein du conseil municipal ; Babary, grandiose, enfile le costume du chevalier blanc et déclare : « Sophie n’est plus seule, je suis à ses côtés ». Cela dit, le groupe parlementaire UDI à l’Assemblée nationale ne comptant que des hommes, Auconie doit être habituée à un certain paternalisme au sein de son parti.

Candidats UDI partant à la conquête du monde

Vient ensuite la star de la soirée, le député-maire de Drancy Jean-Christophe Lagarde. Qui annonce tout de go que « l’on n’est plus dans le monde où on a inventé la Sécurité sociale » (ce qui ressemble fortement à une menace), et que « l’on n’est pas dans un rapport de lutte des classes ». Enfin, que l’UDI ne peut s’associer qu’à la droite républicaine, et non aux socialistes « acoquinés » avec les « écolos » ou les « cocos ». Cela dit, quand Lagarde parle de « droite républicaine », il faut imaginer qu’il en a une définition large. Car le maire UMP de Roquebrune-sur-Argens qui a publiquement regretté que les secours soient intervenus trop tôt à l’occasion d’un incendie dans un camp de Roms compte une élue UDI dans son équipe, Nicole Lotito [2]. Et c’est un député UDI (qui a démissionné du parti depuis) qui déclarait il y a quelques temps en parlant des Roms que « Hitler n’en a peut-être pas tué assez ».

La section jeune de l’UDI d’Indre-et-Loire

Lagarde livre ensuite son analyse sur la refiscalisation des heures supplémentaires, l’interdiction du cumul des mandats (« votée par des imbéciles »), les rythmes scolaires (« Jean Germain a mis le bazar pour se montrer bon élève »), le rôle d’un maire (« gérer la vie ») et l’insécurité. Sur ce dernier point, il déclare sans gêne qu’à Tours, « le réseau de vidéo-protection (sic) est inexistant ». C’est faire bien peu de cas des efforts déployés par Germain pour installer des caméras partout dans sa ville, et qui se sont traduits récemment par la mise en place d’une centaine de nouvelles caméras le long du trajet du tramway. Interrogée à ce sujet, une membre de l’équipe de campagne Babary-Auconie admettra que, sur ce point au moins, les propos de Lagarde étaient faux. Celui-ci nous assurera que c’est l’équipe de campagne qui lui a indiqué que le réseau de vidéosurveillance n’était pas à la hauteur. On se prépare donc à une surenchère sur le sujet pendant la campagne municipale.

On n’est pas restés pour le verre de l’amitié.

Notes

[1Il est à craindre que cet "élément de langage" revienne souvent dans la campagne, notamment si l’on en croit ce message d’Auconie daté du même jour http://bit.ly/1bKLkgn