Mobilisation lycéenne : retour sur la journée du 7 décembre à Tours

Le 30 novembre, les lycéen·nes avaient été nombreux·ses à défiler dans les rues de Tours, avec les conséquences que l’on sait en termes de violences policières et de répression. Ce vendredi matin, un appel avait été lancé pour réitérer blocages et défilés.

D’abord, il y a le rejet simple de Parcoursup et de la loi ORE, du « nouveau bac » et de la réforme des filières, le refus de la révision de la voie professionnelle. Il y a ensuite la condamnation sans appel des violences policières subies par les lycéen·nes vendredi dernier à Tours, et partout et par tous en France depuis. Il y a enfin, la volonté de ne pas rester passif vis-à-vis d’un pouvoir qui hypothèque un avenir qui s’annonce de plus en plus flou.

C’est dans ce cadre que s’inscrivait la matinée d’action de ce vendredi 7 décembre à Tours. La veille, un blocus avait été organisé au lycée Grandmont contre les conditions d’hébergement à l’internat, et des rassemblements lycéens de moindre ampleur avait eu lieu en centre-ville lundi et mardi.

Et pour mieux appréhender l’ambiance, il suffit de dire que dès 8h, des motards de la police, soutenus par deux camions, stationnaient à proximité du lycée Vaucançon. Il s’agissait manifestement de faire peur. Aux lycées Choiseul et Clouet, une partie des lycéen·nes décidaient malgré tout de rejoindre le lycée Vaucançon. Une heure plus tard, ce sont pas moins de 300 lycéen·nes qui décidaient de rejoindre la place Jean Jaurès où un rendez-vous avait été lancé pour 10h.

Au même moment, alors que Blanquer justifiait dans les médias l’usage des flash-ball contre des mineur·es, on apprenait que la préfecture avait envoyé à tous les établissements scolaires de nouvelles directives afin de convaincre les lycéen·nes de ne pas aller manifester. Directives qui doivent être diffusées dans les conseils de classe et qui font l’objet d’un mail du ministre.

A Paris et Marseille, mais pas seulement, des enseignant·es ont pris l’initiative de rejoindre les lycéen·nes afin d’être là, avec eux, en cas de dérapage de la part des forces de police.

Sur place, rapidement, ce sont environ 400/500 lycéen·nes qui bloquent le tramway (après négociations auprès des manteaux rouges de Keolis) et organisent un barrage filtrant en amont de la place. Les poubelles sont utilisées pour gérer la circulation. Encore un truc que les flics n’ont pas fait. A croire qu’ils espèrent un drame pour mieux justifier leur intervention. Dans le coup, une bagnole de la douane sera bloquée aux cris de « Police partout ! Justice nulle part ! ».

Le temps oscille alors entre pluie fine, éclaircies et vent. L’ambiance est plutôt chouette : c’est un peu le bazar mais on sent une réelle motivation collective. On se demande juste où sont les étudiant·es. On retrouve quelques camarades syndicalistes et plusieurs gilets jaunes venus au cas où les flics décident d’intervenir.

S’ensuit une tentative de débaucher les lycéen·es de Balzac, sans succès.

Retour à Jean Jaurès puis passage devant le lycée Descartes — qui avait baissé les grilles pour l’occasion. Direction la préfecture où « la jeunesse » est venue répondre « Résistance ! » au climat délétère que le gouvernement et ses hérauts instituent partout sur le territoire. Quelques flics en civils mais rien d’autre.

Il est décidé d’aller bloquer la place Anatole France et d’organiser une Assemblée Générale (AG) aux Tanneurs dans la foulée.

Il reste alors une cinquantaine de lycéen·nes. On y retrouve des représentant·es des lycées Choiseul, Bayet, Grandmont et Paul Louis Courier. Cela cause stratégie, organisation collective et matérielle, transmission d’informations, actions prochaines, auto-défense, convergence des luttes.

Alors que la stratégie de la tension semble être la seule réponse de l’Etat vis-à-vis de sa population, la mobilisation lycéenne continue à Tours.