Métropole : les élu-es de Tours prennent une claque

Depuis quelques mois, la plupart des élu-es locaux aspiraient à ce que l’agglo obtienne le statut de métropole, espérant ainsi mieux rivaliser dans la grande compétition des villes françaises. Un ministre de passage a douché leurs ambitions.

Les élu-es de l’agglomération étaient plein d’ambitions. Ils se voyaient déjà à la tête d’une superbe métropole, qui leur donnerait de nouveaux titres et de nouveaux pouvoirs. Et avec un peu de chance, ils décrocheraient le gros lot avant Orléans — puisque ces gens-là continuent à entretenir une concurrence dérisoire avec la capitale régionale.

Ils étaient presque unanimes. Le président du conseil départemental était pour, le député Jean-Patrick Gille était pour (« même si Philippe Briand, le président de Tours Plus et Serge Babary, le Maire de Tours, n’ont pas jugé bon de m’y associer »), c’était la grande union sacrée. Une délégation d’élu-es était même allée « en rangs serrés » à Paris pour rencontrer le ministre compétent. Seule Marie-France Beaufils, maire (PCF) de Saint-Pierre-des-Corps, s’opposait au projet. Une opposition renvoyée au rang de « détail » par La Nouvelle République, dont la rédaction semblait également emballée par le projet.

La démarche était donc « historique ». Le mot, utilisé par le maire de Tours lors du conseil municipal du 20 juin 2016, était aussi repris par un membre de l’opposition — favorable au projet —, et avait auparavant été utilisé par Philippe Briand, le président de l’agglo, qui évoquait un « moment historique » dans les colonnes du quotidien local. Comme on l’a déjà dit, ce quotidien participait à l’effort collectif via un discours enthousiaste :

« Si Tours Métropole naît, elle gagnera en puissance, en notoriété, en compétences, en indépendance et défendra son territoire en direct avec l’État » [1].

A l’issue de la réunion à Paris, Serge Babary osait une déclaration amusante :

« Notre projet suscite un véritable engouement. »

L’ambition démesurée de petits politiciens locaux

Au-delà du cercle très fermé des politicards locaux et du journal qui les sert, on peinait pourtant à sentir le moindre frémissement dans la population. A aucun moment les habitant-es n’ont été informés ou consultés sur ce projet. Comme le reconnaissait le maire de Tours lors du conseil municipal du 20 juin, le débat s’était tenu à huis clos :

« Le débat sur la métropole a déjà été largement entamé, commenté, aussi bien à Tour(s)plus au cours de réunions, de commissions générales, et du débat du 2 mai, que ici-même, lors d’une commission permanente que nous avons fait récemment. »

Faut dire que les arguments avancés par les élu-es favorables au projet n’avaient pas de quoi faire rêver. « Devenir la force d’entraînement du territoire régional », comme le promettait le président de l’agglo, ne fait pas partie des préoccupations du quotidien. Et quand il se lance dans des tirades aux accents populistes [2], Philippe Briand peine à convaincre.

Circulez, y a rien à voir

Toute cette belle énergie, tout ce beau plan pour l’avenir des habitant-es de l’agglomération, se sont écroulés avec la venue à Tours de Jean-Michel Baylet, ministre des collectivités territoriales et de l’aménagement du territoire, en marge du congrès de la FNCCR. A la question « Tours a-t-elle des chances de devenir Métropole ? », le ministre a clairement répondu « Non » [3]. Qualifiant l’effort des élus tourangeaux de « touchant », il a indiqué :

« Pour que Tours passe Métropole il faudrait une réforme législative qui n’est pas à l’ordre du jour »

Espérons que les élu-es emploieront désormais leur énergie à des projets un peu moins mégalo...

« Elle, qui n’était pas grosse en tout comme un oeuf,
Envieuse, s’étend, et s’enfle, et se travaille,
Pour égaler l’animal en grosseur »

Notes

[2« La question est l’intérêt de notre population, tenter de construire un territoire attractif. (...) Nous devons nous battre ensemble pour rester debout et donner de l’espoir à tous. »