Métropole, cuisine centrale, accueil des migrants : compte-rendu du conseil municipal du 10 octobre

Compte-rendu illustré et subjectif du conseil municipal de la ville de Tours du 10 octobre 2016. En plus des sujets évoqués dans le titre, il est question d’inondations, de Radio Béton et d’une tondeuse John Deere.

C’est parti pour un nouveau conseil. On sait déjà que les élus FN vont proposer l’adoption de leur charte puante « Ma commune sans migrants », déjà présentée au conseil municipal de Joué-lès-Tours. On va aussi avoir droit à une question du groupe Tours2020 (UDE-PS) sur la cuisine centrale. L’un des principaux points est le passage de la communauté d’agglomération en métropole, la grosse marotte des élu-es locaux.

Pour rappel, le compte-rendu du précédent conseil municipal est à lire ici.

Le maire annonce que la séance démarrera par la « présentation d’un powerpoint » sur la stratégie locale de gestion du risque inondation (SLGRI). La question sur la cantine et le vœu du FN ne seront abordés qu’en fin de conseil.

Stratégie locale de gestion du risque inondation

C’est Chevtchenko, le premier adjoint, qui se fade la présentation sur le risque inondation. La stratégie se décline en trois axes :

  • un « développement résolu et résilient » du Val de Tours ;
  • l’acceptation de l’aléa et la maîtrise de la vulnérabilité ;
  • un réseau d’acteurs intercommunal solidaire et préparé à l’aléa.

D’après Chevtchenko, il est nécessaire de produire 6 000 logements d’ici 2030, mais on sait pas pourquoi. Peut être pour « maintenir la dynamique économique » de la zone, qui fait partie des objectifs. Il faut « un équilibre entre les enjeux liés aux risques et les enjeux socio-économiques ». L’adjoint parle aussi de « l’amélioration de la résilience » du Val, et de la place des équipements stratégiques, sensibles ou dangereux. Puis il s’interroge sur la manière de valoriser les espaces non-bâtis : « Quel modèle économique pour les espaces agro-naturels ? ». C’est joli cette expression, « espaces agro-naturels » ; ça fait champêtre.

S’agissant du deuxième axe, « il faut rendre négligeable le risque de rupture de digue », en organisant l’entrée de l’eau dans le Val, donc en aménageant des points de « surverse ». Un travail de renforcement des digues est en cours.

Le son du direct est dégueulasse et Chevtechenko n’arrête pas de tousser, c’est assez pénible.

Pour faciliter les écoulements, il faudrait « lever les obstacles aux écoulements dans le val ». Ce qui supposerait notamment de « mettre en transparence » la levée du canal (qui sépare Tours et Saint-Pierre-des-Corps). Il faudrait aussi « systématiser les aménagements perméables », « favoriser la vidange du val, et mieux gérer les points bas ».

Pour le troisième point, il s’agit de mettre au point une nouvelle gouvernance du risque, de mutualiser les moyens entre les communes concernées, et de « rendre plus averties et autonomes les populations ». Vu le peu de succès des réunions publiques organisées sur ce thème, ça risque d’être compliqué. Et y a du boulot : sur les 3 980 entreprises situées en zone inondable, 228 seulement ont réalisé un diagnostic de vulnérabilité aux inondations.

Cécile Jonathan (Tours2020) regrette que le sujet n’ait pas été inscrit à l’ordre du jour du conseil municipal. Elle aurait bien aimé « un petit mail » pour être prévenue.

Chevtchenko répond qu’on en est qu’au stade de la réflexion, et pas au stade de la mise en œuvre.

David Chollet (EELV) prend la parole. Son collègue Emmanuel Denis a mis une cravate ! Chollet s’inquiète notamment de l’évacuation des populations en cas d’inondation. Jacques Chevtchenko le rassure, la nouvelle stratégie ne remet pas en cause les plans communaux d’évacuation. Babary assure que ce qui a été présenté n’est pas définitif : il s’agit juste de signaler qu’une stratégie locale de gestion du risque inondation se met en place.

On revient à l’ordre du jour. Ça commence par la désignation de représentants de la ville au sein de commissions municipales et du Conseil de la vie locale (CVL) de Tours Sud. Le nouvel élu FN, René Sautereau, siègera au sein de la commission Logement – Action Sociale – Santé – Hygiène – Personnes Agées – Handicapés, ainsi qu’au CVL de Tours Sud.

On passe à l’élection de représentants au centre communal d’action sociale, suite à la démission de Julien Alet (adjoint aux Fontaines) – il s’agit de le remplacer par Claudine Buannic. Faut un vote à bulletin secret. Cécile Jonathan propose de s’épargner ça, et de procéder à un vote à main levée. Babary répond que c’est pas légal, et qu’on va faire comme la loi dit.

Joie de vivre

Transformation de la communauté d’agglomération en métropole

C’est le gros morceau du conseil. Le conseil d’agglomération a voté pour la transformation en métropole. Les conseils municipaux doivent maintenant revoter. Le maire rappelle que :

Le territoire souhaite s’inscrire dans ce mouvement continu qui permettra de :

  • construire des partenariats forts et ambitieux entre tissu économique, collectivités publiques et acteurs de l’aménagement au service des politiques publiques d’une part, entre les entreprises et les acteurs de l’économie sociale et solidaire au service d’une meilleure valorisation du capital humain du territoire d’autre part. Et enfin, entre acteurs du tourisme, acteurs financiers et culturels au service de grands évènements.
  • porter ces intérêts communs aux échelles régionale, nationale et internationale, s’insérer dans les différents réseaux d’influence, « capter » les ressources extérieures, financières, les grands investissements et la matière grise.

« Mieux valoriser le capital humain du territoire », ça c’est un beau projet. Le maire est toujours convaincu que l’agglo a toutes les qualités pour devenir une métropole, même si le ministre concerné leur a dit que non. Tout ça devient franchement ridicule. Babary rappelle qu’une forme d’union sacrée s’est créée autour de ce projet.

A propos des politiques de métropolisation, on vous recommande cet article du journal grenoblois Le Postillon : Pour la dissolution de la métropole. On peut constater que les logiques qui étaient à l’œuvre à Grenoble en 2013 sont exactement celles qu’on observe ici. Depuis, on a pu voir que le transfert de larges compétences à la métropole (politique locale de l’habitat, développement et aménagement économique, social et culturel, aménagement de l’espace métropolitain, protection et mise en valeur de l’environnement et du cadre de vie, politique de la ville et gestion des services d’intérêt collectif) constitue un obstacle à toute réorientation des politiques publiques locales.

Nicolas Gautreau reproche à Babary de pas avoir fait une présentation suffisamment solennelle… Pour lui, c’est l’aboutissement du travail démarré par Jean Germain en 1995. Il évoque la compétition qui sévit entre les villes, et déclare : « il faut qu’on obtienne ce statut de métropole ». Puis rappelle qu’en l’état, et malgré quelques rumeurs, rien n’est fait.

Emmanuel Denis indique que le groupe écologiste est plutôt favorable à ce transfert de compétences. Il se félicite que, pour parvenir aux objectifs que la métropole se donne, il soit prévu de passer par « trois transitions » : la transition numérique, la transition énergétique, et la transition écologique. Il s’interroge quand même sur la manière dont ces belles ambitions vont se transformer en actions concrètes. Et se déclare en faveur d’une consultation de la population, pour qu’elle soit impliquée dans l’élaboration du projet. Faut que le « capital humain » évoqué plus haut se mobilise afin d’être mieux valorisé !

Babary reconnaît qu’il y a un désintérêt de la population pour ces questions. Il évoque lui aussi la concurrence entre les villes. Il veut compter parmi celles qui ont un « rayonnement international fort », et non finir comme une sous-préfecture de la Creuse. Heureusement qu’il a organisé la parade de Saint Martin pour assurer le rayonnement de la ville !

Texier (PCF) s’interroge sur le cadre qui est proposé et les moyens pour y parvenir. Il signale qu’on se dirige vers une centralisation autoritaire des pouvoirs, qui va éloigner l’action politique des populations . Texier paraphrase de Gaulle, en expliquant qu’il ne suffit pas de sauter sur sa chaise comme un cabri en disant « métropole, métropole, métropole » pour parvenir à un avenir meilleur. Et que rien ne prouve que la métropole soit un outil de décision plus efficace. Tiens, il signale que le nouveau projet de loi de Finances prévoit une baisse de 3,7 milliards d’euros de la dotation aux collectivités locales. Une éventuelle métropole de Tours regrouperait quand même les deux-tiers de la population du département…

Babary répond qu’une charte de gouvernance prévoit d’affirmer la place centrale des communes dans ce dispositif. Mais pour mieux répondre aux besoins des populations, il faut s’inscrire dans « un ensemble dynamique » plutôt que dans « des collectivités vieillissantes ». Pour le maire, « le fait métropolitain » répondrait à un objectif de progrès social. Ahahah.

Gilles Godefroy (FN) rappelle que le FN est hostile à la métropole, qui « détruit la commune et le département ». Le département, « héritage de la révolution », serait condamné. Le FN qui défend l’héritage révolutionnaire, ça devient vraiment n’importe quoi. Babary répond que la France n’a pas commencé avec les départements, et évoque l’époque du rayonnement de la métropole de Tours dans l’ouest de la Gaule… Merde, le n’importe quoi continue.

Cécile Jonathan prend la parole. La caméra fait un plan sur les conseillers de la majorité, qui ont l’air de s’emmerder sec. Thibault Coulon (majorité) évoque Jean Royer, Louis XI et Saint Martin, qui auraient autant de mérite dans le processus de métropolisation que Jean Germain... Le projet construit permettrait de constituer une « métropole innovante », une « métropole des mobilités durables », une « métropole de la santé », une « métropole des connaissances », une « métropole des solidarités territoriales » (apparemment, toutes les communautés de commune du département soutiennent la dynamique de métropolisation de Tours). Et Tours deviendra un pays ruisselant de lait et de miel… Coulon déclare ensuite qu’il est optimiste – mais pas « béatement » – parce que le discours du ministre de l’aménagement du Territoire aurait changé de ton, et parce que Jean-Vincent Placé aurait témoigné d’un certain enthousiasme lors de sa récente visite à Tours. Faut vraiment être en chien pour se féliciter du soutien de Jean-Vincent Placé…

Saint Jean-Vincent, priez pour nous

Bouchet explique que c’est Germain qui a merdé sur le processus de métropolisation, en ne regroupant pas les compétences nécessaires au 1er janvier 2014. Ça vole vraiment pas haut. Mais bon, à la question : « la ville de Tours a-t-elle intérêt à passer en métropole ? », Bouchet répond « mille fois oui ». En réponse à Texier, il assure que la centralisation n’est pas forcément synonyme de manque de proximité.

C’est mis au vote. Quatre oppositions, Front National et PCF. Tous les autres élu-es votent pour.

Chartes de gouvernance

Là, c’est le moment où notre valeureux rédacteur est allé acheté de la bière pour tenir le coup. Ce point n’est donc pas traité. Sommairement, il est question, dans le cadre du passage en métropole,

« d’inscrire dans trois chartes de gouvernance les modalités qui présideront aux relations de notre intercommunalité avec les communes qui la composent, pour ce qui concerne l’exercice général de la gouvernance et la mise en œuvre de deux compétences nécessitant une grande proximité avec les habitants : l’espace public et la voirie, le plan local d’urbanisme (PLU) et documents d’urbanisme en tenant lieu. »

On peut quand même noter des passages comme celui-ci :

[La charte générale de gouvernance] prévoit également de solliciter de façon systématique et préalablement à toute décision, l’avis du maire dont la commune est exclusivement concernée par une mesure métropolitaine. En cas de désaccord, le sujet ne pourra être inscrit à l’ordre du jour des instances délibératives qu’à l’issue d’une phase de concertation.

Communauté d’agglomération Tour(s)plus — Présentation du rapport annuel 2015

Le maire propose de regarder une vidéo pour rendre le truc « un peu plus vivant ». Sur une musique idiote, on voit l’aéroport, le tram, MAME et ses start-ups, des étudiants dans des locaux super modernes, le chantier du CCCOD (comparé au palais de Tokyo, à Paris), le jardin de la Gloriette, une famille épanouie qui fait du vélo en bords de Loire grâce aux bons conseils de l’office du tourisme... Y a plein d’images filmées par drone, pour donner un aspect moderne au truc. D’ailleurs le maire souligne que ce drone a été créé par une start-up hébergée chez MAME.

Comme le rapport est sur un CD fourni aux élu-es, on n’en saura pas plus sur ce point.

Finances, commande publique

Budget principal de la ville de Tours — Exercice 2016 — Décision modificative n°4

C’est Françoise Amiot qui s’y colle. 10 000 euros ont été dépensés pour l’étude de l’implantation du centre chorégraphique dans le quartier des casernes. Comme d’habitude, ça va vite, et il n’y a rien dans le cahier des délibérations. 30 000 euros de matos ont été achetés pour assurer la sécurité devant les écoles.

Le festival Aucard de Tours a reçu un complément de crédit en raison de son annulation au mois de juin, mais on sait pas combien (peut-être les 5 000 euros qui apparaissent dans la partie « attribution de subventions », avec la mention « aide complémentaire »). Y a aussi eu un complément de crédit pour les illuminations de fin d’années, et 80 000 euros pour les animations de fin d’année (une partie de la somme prévue a été utilisée pour la sécurisation de la braderie).

C’est mis aux voix. Des oppositions et abstentions. On en vient au budget annexe des activités lyriques et symphoniques ; le conseil départemental va donner 60 000 euros pour un opéra (La Tosca). Puis un point sur le budget annexe du crématorium, dont les fours ont été renouvelés.

Tarifs municipaux 2016 — Créations et modifications

Avec l’organisation de « primaires » par le PS et l’UMP, de nouveaux tarifs ont été créés pour la location d’urnes et d’isoloirs.

Les horodateurs – en parfait état de fonctionnement – qui ont été remplacés par la ville seront revendus 500 euros pièce à des communes intéressées.

Si vous trouvez ces comptes rendus trop long, faites une pause

Attributions de subventions — Année 2016

203 000 euros sont distribués. La Cité de la gastronomie prend 30 000 euros. L’union commerciale et artisanale de Tours prend 22 000 euros. C’est la petite enfance qui se taille la part du lion, le sport arrive derrière, avec 48 000 euros de subventions, notamment pour des galas de boxe.

Blanchet intervient sur la cuisine centrale, puis se fait rembarrer par le maire. Babary indique que la cuisine centrale va être sollicitée par la Cité de la gastronomie pour l’opération qui consiste à servir un même repas à 90 000 personnes (« Le Grand Repas ») . « Une mobilisation générale et un déjeuner du partage », d’après le maire. Le lendemain du conseil municipal, les journalistes sont invités à la cuisine centrale pour l’élaboration du menu. On a presque un peu pitié pour les journalistes qui vont se fader ça.

Denis interroge le maire sur le sens de cette opération. Il fait observer que l’opération se déroule dans son entreprise, et que c’est complètement transparent pour les salariés. Babary répond que la démarche va au-delà de ça, et que la presse s’en fera l’écho. C’est beau, un maire qui peut prévoir ce qui sera dit dans la presse les jours suivants [1].

Bouchet précise que les menus sont élaborés avec des produits du Val de Loire.

« C’est une grande opération de pédagogie pour montrer que dans notre région, on peut avoir des produits qu’on peut consommer chaque jour ».

Godefroy se plaint de la subvention versée à Béton Prod (qui organise Aucard de Tours), en signalant que l’association a déclaré que le FN ne mettrait jamais les pieds dans ses locaux. Et donc il trouve que c’est anti-démocratique. Vu comment les mairies FN traitent les associations qui leur déplaisent, il ferait mieux de la fermer [2].

Beuzelin explique que le festival Aucard de Tours a une bonne visibilité, et qu’il est important qu’il continue à vivre. Apparemment, la Région a également filé de la thune à Béton, le conseil départemental aurait refusé. Elle évoque les soirées « Aucard is not dead », et elle prononce « Aucard iz not did ».

Il y a ensuite toute une série de points portant sur des garanties d’emprunts pour des opérations immobilières ou de réhabilitation de logements. Puis un point sur la mise en vente de matériels réformés (si quelqu’un cherche une tondeuse John Deere…).

Commerce, artisanat, foires et marchés, salons, forums, fêtes foraines

Organisation de Vitiloire

C’est Ballesteros qui s’y colle. Comme d’hab, elle lit laborieusement la délibération, sans rien ajouter. La délibération vise notamment à demander la plus grosse subvention possible à Tour(s)plus. L’opération aura lieu les 27 et 28 mai 2017.

Rénovation des vitrines des commerçants et artisans de Tours

Y a deux enveloppes de 10 000 euros. Il s’agit « d’aider les commerçants ou artisans désireux de rénover leur vitrine » :

« L’objectif de cette mesure est d’inciter les commerçants et artisans à rénover et à moderniser leur point de vente en valorisant le bâti architectural de la rue avec pour conséquence directe souhaitée, le développement du chiffre d’affaires des entreprises qui ont bénéficié de cette aide. »

Finances, commande publique, contrôle budgétaire, urbanisme, domaine de la ville, patrimoine, archéologie

Il est ensuite question de la ZAC de Monconseil, de la zone industrielle du Menneton (en bords de Cher), de la résiliation du bail des locaux de la police municipale de la rue Charles Gille (qui coûte une indemnité de résiliation de 28 000 euros à la Ville), du conservatoire, d’une exposition sur les fourmis, etc. Tout ça est voté sans grosses discussions.

Enfin, si, Texier interroge le maire sur le don Cligman – pour l’accompagner, pas pour le critiquer. Babary répond que la mairie « ne dispose pas de suffisamment d’éléments confirmés » pour les présenter. Et qu’elle ne peut pas mettre toutes les négociations sur la place publique.

Modification des modalités de financement des établissements d’accueil du jeune enfant par le conseil départemental

Blanchet déplore le manque de financement des crèches. Jonathan prend la parole ensuite, pour critiquer le désengagement du conseil départemental sur le financement des politiques « petite enfance ». On sait pas trop pourquoi, mais Blanchet lève le ton, et le maire en profite pour faire une blague sur le congrès de Tours (en référence au congrès qui a donné naissance au PCF en 1920).

En fait, Blanchet critique les orientations du gouvernement sur la protection sociale : c’est le choix du ministère de la Santé de diminuer les dotations qu’elle attaque. Ça n’a pas l’air de plaire à Jonathan, qu’on critique Marisol Touraine. Du coup le maire ironise : « C’est un débat qui nous dépasse totalement, vous parlez de la ministre de la Santé, que nous ne connaissons même pas ».

Darnet-Malaquin en rajoute une couche sur la baisse des dotations de l’État.

Compte-rendu de Monsieur le maire sur les actes accomplis en exécution de la délégation d’attributions du conseil municipal

Jonathan se félicite que le maire ait signé un droit de délégation au profit de la SET sur le quartier des Casernes. Le préfet serait à la recherche d’une date pour officialiser la vente des terrains (qui appartiennent à l’armée). Du coup Jonathan espère qu’il y aura une présentation du projet d’aménagement lors du prochain conseil municipal. Le maire répond que la ville n’est pas encore propriétaire du terrain, et il déplore que le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, ne trouve pas le temps de venir à Tours pour signer la vente – faut dire que ce ministre cumule son poste avec celui de président du conseil régional de Bretagne. Le maire est un peu énervé, et suggère à Jonathan d’utiliser son entregent pour faire venir Le Drian à Tours. Elle répond qu’il est déjà venu, mais qu’il n’avait pas été chaudement accueilli par la majorité municipale.

Babary est outré, et répond qu’il a passé « un très bon moment avec lui » :

« Vous ne pouvez pas me reprocher de ne pas accueillir convenablement tous les ministres de la République, et le président lui-même. Je le fais, avec mon devoir républicain, et je le fais en plus avec courtoisie. Alors vos attaques à deux balles, ça n’a aucun intérêt ».

Faut dire qu’on a eu un sacré défilé d’huiles ces derniers temps à Tours – ça sent les élections. Le maire est applaudi par sa majorité pour sa petite tirade.

Expressions orales

C’est Maupuis qui démarre, avec la question sur la cuisine centrale, en précisant que les élus Verts se joignent aux élus du groupe Tours2020. Comme la mairie réalise une « étude de programmation de la nouvelle cuisine centrale », ces élus s’inquiètent que la cuisine puisse être livrée au secteur privé.

Darnet-Malaquin signale que l’ancienne majorité avait fait réaliser en mars 2007 un audit sur la cuisine centrale, qui avait abouti à un rapport « assez alarmiste ». Mais apparemment, rien n’a été fait, et « on a perdu plusieurs années ». D’après l’adjointe, la cuisine centrale arrive « à bout de souffle » (mais on n’en conclura pas que la bouffe y est vraiment dégueulasse). Cela dit, rien n’est encore décidé, et elle se plaint que l’opposition fasse courir des rumeurs auprès des personnels. Apparemment, l’élue fait le tour de France des cantines municipales pour étudier différents scénarios.

Le maire se plaint :

« Comment voulez-vous qu’on travaille dans ces conditions ? Il y a toujours une suspicion, toujours un procès d’intention avant même, avant même qu’on ait rédigé le premier mot ».

Puis il clôt le débat. Blanchet essaye quand même de prendre la parole. Elle se fait envoyer balader, le maire passe la parole aux élus FN pour la présentation de leur vœu concernant leur charte « Ma commune sans migrants ».

Godefroy se saisit du micro pour présenter « la fameuse charte dite "Ma commune sans migrants" ». Apparemment, le texte de la charte ne peut pas être distribué aux élu-es, il annonce donc qu’il va lire l’intégralité du texte.

Le maire l’interrompt pour demander à certains élus « de cesser leur manifestation », « c’est simplement une démonstration pour la caméra ». Sauf que la caméra n’a rien montré de cette « manifestation ». D’après La Nouvelle République, des élus d’opposition ont brandi des affichettes dénonçant le discours du FN. Le maire réclame qu’on « laisse l’expression démocratique se faire ». Godefroy reprend donc son « expression démocratique » d’une parfaite débilité. Blanchet, assise à côté de Godefroy, tient une affiche dans la main, mais le réalisateur semble déterminé à ne pas la montrer ; on devine juste qu’elle a fait rimer « haine » et « FN ».

Godefroy termine en affirmant que « la majorité des Tourangeaux ne veut pas de ce flux migratoire ». Tiens, on voit enfin l’affichette de Blanchet, ça dit « Non à la haine, non au FN ». D’après Godefroy, nos concitoyens « font déjà un effort énorme de solidarité, ce n’est pas à l’État d’en rajouter ». On se demande dans quelle réalité il évolue. Le maire l’interrompt et passe la parole à Texier.

Pour Texier, « le fait que ce texte soit présenté à notre assemblée est la marque du glissement des consciences vers une forme d’inhumanité ». L’intégralité de son intervention peut être lue ici. Signalons juste que Joseph Epstein, chef des francs-tireurs partisans d’Île-de-France, fusillé en 1944, a étudié le droit, et non la médecine, comme indiqué dans le texte de Texier.

Emmanuel Denis dénonce la charte pour ce qu’elle est : xénophobe. Puis rappelle que neuf cadres du FN sont mis en examen pour recel d’abus de biens sociaux et d’escroquerie. Il intervient sur le bénéfice économique que représentent les migrants, puis fustige le discours selon lequel les migrants ne seraient pas « assimilables ». Il demande que toutes les subventions versées aux associations venant en aide aux migrants soient reconduites par la municipalité, et cite Chrétiens Migrants. Il termine en évoquant la situation humanitaire à Alep, « bombardée par les mêmes qui accordent des crédits financiers au Front National » (c’est-à-dire les Russes).

Cécile Jonathan s’associe aux propos de Texier et Denis, et dénonce « un texte infâme ». On pourrait aussi qualifier d’infâme la politique du gouvernement vis-à-vis des migrants – rafles, construction de murs, internement d’enfants en centre de rétention –, mais bon… Jonathan appelle la majorité à voter contre la charte présentée par le FN, plutôt que de s’abstenir, « au nom des valeurs d’humanisme auxquelles (…) le maire fait si souvent référence ».

Réponse de Babary : « Vous n’êtes pas notre conscience, on a aussi notre analyse de la situation, qui est tout à fait respectable également ». Tiens, Babary a une conscience ?

C’est Chevtchenko qui présente la position de la majorité :

« La majorité municipale regrette vivement ce vœu. Il a été inscrit à l’ordre du jour afin de respecter notre règlement intérieur. Ce vœu est un acte politique, sur un débat qui concerne davantage le gouvernement que le conseil municipal de Tours. »

Pour la majorité, le gouvernement « ne peut se défausser sur les collectivités territoriales ». Comme à Joué-lès-Tours, la majorité municipale ne prendra pas part au vote.

Jonathan prend la parole hors micro, Babary lui demande de « ne pas donner de leçon de morale à la France entière ». « On est las de vos leçons de morale, et dans des situations comme celle-là, laissez chacun libre ». Il est encore énervé.

Les élu-es PCF, Verts et Tours2020 votent contre. Le FN vote pour. La majorité ne prend pas part au vote. La séance est levée.

Notes

[1Depuis, l’article annoncé par le maire a été publié dans La Nouvelle République, qui indique évidemment qu’il s’agira d’un « déjeuner extraordinaire ».

[2Voir par exemple cet article du Monde.