Loi Travail : les flics de Tours se lâchent, les médias accompagnent

Le 10 mai en fin d’après-midi, la police a utilisé des gaz lacrymogènes et une grenade de désencerclement pour disperser un rassemblement pacifique contre la loi Travail. Et plusieurs médias ont utilisé des mots choisis pour justifier la violence des flics.

« Tours : affrontements entre la police et des manifestants » ; « Affrontements entre manifestants et policiers à Tours » ; « Affrontements entre police et manifestants à Tours ». Une belle unanimité langagière a réuni La Nouvelle République, 37 degrés et TV Tours pour décrire les événements d’hier.

Pourtant, il n’y a pas eu d’affrontements dans le centre ville de Tours. L’usage (disproportionné) de la force par les flics ne répondait pas à des violences commises par les manifestants, contrairement à ce que laisse entendre le terme « affrontements ». Même après avoir été copieusement arrosés de lacrymogènes, les manifestants n’ont pas affronté la police. Au mépris de toute réalité, la chaîne de télé locale prétendait pourtant hier que « des débordements [avaient] eu lieu ». Or, les seuls débordements observables ont été le fait des policiers.

Motif avancé par la NR et TV Tours pour justifier le comportement de la police : « le rassemblement [n’avait] pas été déclaré en préfecture ». Pourtant, la plupart des manifestations syndicales ne font pas l’objet de déclarations, et ce depuis des années.

La NR évoque aussi « un jeune homme au sac rempli de cailloux » qui aurait été fouillé par la police. Pourtant, aucun des nombreux participants au rassemblement interrogés par nos soins n’a eu connaissance d’une telle situation. Et aucun projectile n’a été envoyé en direction des flics.

La grande absente du récit médiatique des événements, c’est la grenade de désencerclement qui a été lancée par un type de la BAC dans les jambes de manifestants en fuite. L’utilisation de cette arme dans des conditions contraires aux règles — elle ne doit être employée « que dans un cadre d’autodéfense rapprochée et non pour le contrôle d’une foule à distance » — a pourtant fait plusieurs blessé-es.

Autre effet des événements du mardi 10 mai : le développement à Tours d’un style tout à fait nauséabond de vidéos, communément décrit par l’expression « pornographie émeutière », ou riot porn en anglais. La pratique consiste à filmer des images de violences à l’occasion d’une manifestation, et de diffuser le résultat sans prendre aucune précaution pour la sécurité des manifestant-es, sans respect pour leur volonté de dissimuler leur identité, et avec un minimum d’éléments de contexte.