Lettre ouverte des accompagnants d’élèves en situation de handicap à la ministre de l’Education

Le 19 novembre, les accompagnants d’élèves en situation de handicap se sont rassemblés devant la direction académique d’Indre-et-Loire et y on lu une lettre de revendication et d’interpellation à destination de Najat Vallaud-Belkacem, dans laquelle ils et elles exposent leurs conditions de travail.

Madame la Ministre,

En tant qu’AESH en Indre-et-Loire, nous vous interpellons aujourd’hui pour vous signifier les conditions inacceptables dans lesquelles au quotidien nous nous trouvons.

Madame la Ministre, travailleriez-vous 20 h par semaine pour un salaire de 591 euros ?

C’est aujourd’hui ce que vous nous proposez, dans un cadre que le Code du travail refuse pour tout salarié du privé (article L.3123-14-1 qui stipule que la durée minimum de temps de travail pour un salarié à temps partiel est désormais de 24h/semaine). Nous revendiquons un temps de travail et un salaire horaire qui nous donne les moyens d’une existence matérielle digne de ce nom !

Madame la Ministre, accepteriez-vous d’être intégrée dans une classe sans aucune préparation ?

Sachez que c’est ce qui arrive aujourd’hui lorsque qu’un AESH est recruté. Il ne lui est proposé aucune formation, il n’a pas de renseignement au préalable sur la mission qu’il doit accomplir et doit faire face aux demandes des élèves, de l’institution, et des parents ! Vous le savez, nous effectuons un travail auprès d’un public très spécifique, travail qui nécessite de l’autonomie et des prises de responsabilités et ces qualités ne peuvent s’improviser. Pour nombre d’entre nous, cette situation se traduit par des formes de souffrance au travail, un fort manque de considération, et par aucune reconnaissance professionnelle.

Nous revendiquons de véritables formations (et non des réunions d’informations), prises sur notre temps de travail et au long de notre “carrière”, comme dans tous les autres corps de métiers.

Nous revendiquons également le fait de disposer de temps de concertation tant pour effectuer un retour sur nos pratiques que pour rompre notre isolement, qui est bien réel. Nous revendiquons encore qu’il soit possible d’effectuer des stages dans des établissements spécialisés ainsi qu’en milieu hospitalier.

Madame la Ministre, nous ne pouvons pas accepter des perspectives de carrière moins favorables encore que celles que nous avons actuellement !

C’est aussi ce que vous nous proposez avec les annonces de CDIsation que vous avez faites ! Un CDI à temps partiel, à échéance de 6 années de CDD, n’est pas une titularisation, loin s’en faut ! Il ne s’accompagne d’aucune perspective de carrière, d’aucune amélioration salariale et pire encore il nous inscrit dans une plus grande précarité ! La reconnaissance professionnelle que vous nous annoncez est, pour la plupart d’entre nous, largement en dessous de nos qualifications initiales.

Madame la Ministre, nous ne nous satisfaisons plus aujourd’hui des discours de vos représentants qui vantent les mérites et le travail qu’effectuent les AESH auprès des élèves en situation de handicap. Bien souvent nous avons l’impression d’être les acteurs d’une politique au rabais d’intégration du handicap à l’école, politique qui se fait sur notre dos comme sur celui des élèves que l’on accompagne.

Madame la Ministre, nous sommes donc dans l’attente d’une vraie politique de reconnaissance de notre fonction.

Les AVS-AESH d’Indre et Loire


Une trentaine de personnes — AVS, AESH et enseignants — étaient réunies devant la direction académique. La lettre n’a pu être remise en main propre au directeur académique, celui-ci s’étant déclaré absent. Une prise de parole a toutefois pu avoir lieu sous les yeux du policier en civil déployé pour l’occasion. Celui-ci a pu entendre la lecture de la lettre ainsi que l’expression des soutiens de Sud Éducation et du Collectif des salariés précaires de l’université de Tours.

Les AVS et AESH sont appelés à une grève nationale le mardi 25 novembre