Les boîtes de sécurité privée recrutent en urgence et réclament des flingues

C’est l’un des effets des attentats du 13 novembre et de la mise en place de l’état d’urgence : les entreprises de sécurité recrutent à tours de bras, y compris en Indre-et-Loire, et demandent des autorisations de port d’armes pour leurs agents.

L’entreprise Securitas table sur une hausse de 28% de son chiffre d’affaires cette année. Depuis le 13 novembre, l’action du britannique G4S, le leader mondial de la sécurité privée, a grimpé de 5% [1]. Les besoins de sécurisation de sites explosent, notamment encouragés par les arrêtés préfectoraux qui exigent des dispositifs renforcés de filtrage et de fouille pour le maintien des « grands rassemblements, spectacles et manifestations festives, culturelles et sportives »

Du coup, en Indre-et-Loire, on voit fleurir sur le site de Pole Emploi des annonces de ce type :

« URGENT !!!
recrute 5 agents de sécurité avec carte pro à jour obligatoire
disponible à temps plein ayant une tenue agent de sécurite complète »

« urgent
recrute 20 agents de securite sur tours
cqp ads obligatoire
POSTE A POURVOIR DE SUITE »

« A l’occasion des marchés de Noël à Tours, nous recherchons des agents de sécurité titulaires du CQP Agent de Prévention et de Sécurité. »

« Nous recherchons des agents de surveillance (H/F), titulaires du CQP APS ou équivalence , vous devez avoir votre SST à jour, avec une carte professionnelle délivrée par le CNAPS. »

Plus d’armes, moins de libertés

Le patron de l’une des entreprises dont les offres d’emploi sont reproduites ci-dessus, basée à Tours, fait partie des signataires d’une pétition adressée à Manuel Valls et intitulée : « Autoriser en France le port d’armes à feu pour les agents privés de sécurité ». Sous une photo montrant un type en costard portant un flingue à la ceinture devant un fond bleu-blanc-rouge, on apprend qu’il s’agit d’autoriser le port d’armes « aux agents de protection physique des personnes, ainsi qu’au personnel de surveillance et de gardiennage, dans le but de renforcer la sécurité et la protection des citoyens, en soutien aux forces de l’ordre ». Évidemment, cette mesure est réclamée au nom du « pragmatisme » et de « l’efficacité » [2].

L’idée est d’ailleurs reprise par Alain Juillet, ancien patron de la direction du renseignement au sein de la DGSE [3], qui déclarait il y a quelques jours dans le journal Libération : « Il faut doter certains agents de sécurité d’armes à feu ». Dans cette interview, l’ancien barbouze reprenait aussi des propos répétés en boucle ces dernières semaines, jusqu’au plus haut niveau de l’État, pour assurer qu’une telle mesure ne devrait pas choquer la population :

« Cette situation va durer et je pense qu’elle va accroître l’exigence de sécurité des Français qui seront prêts, en contrepartie, à abandonner une partie de leur liberté. »

Dès le lendemain des attentats, le président de l’Union des entreprises de sécurité privée (organisation patronale) déclarait : « Il faut explorer de nouvelles pistes de coopération entre la puissance publique et la filière de la sécurité privée » [4]. Il semble déjà avoir été entendu : à Tours, ce sont des agents de sécurité privée qui contrôlent certaines entrées de la préfecture d’Indre-et-Loire.

Notes

[1Source : Huffington Post.

[2Au passage, on apprend que près de 165 000 personnes travaillent dans la sécurité privée en France, et qu’il existe plus de 6 000 entreprises de sécurité privée.

[3La direction générale de la Sécurité extérieure est le service de renseignement extérieur de la France.