Les 101, un club ouvert à ceux qui peuvent

Présentation d’un nouveau club de notables locaux prêts à se filer des coups de mains en se donnant des apparences de philanthropes.

Un nouveau club, le Club 101, a ouvert ses portes à Tours. Enfin, « ses portes » n’est peut être pas le bon terme. Dans l’article de la Nouvelle République du 03/05/2014 intitulé : « Les 101 : en savoir plus sur un club très fermé », nous apprenons que ce club n’acceptera que 101 membres (d’où le nom, c’est quand même bien foutu) et que l’accès ne se fera que par cooptation et avec l’unanimité d’un "conseil des sages" auto proclamés.

Dans cet article, les membres fondateurs affirment que l’objet de leur organisation n’a pour but que de défendre des valeurs locales associées au partage d’une éthique qui est forte d’une morale elle-même empreinte d’un esprit de générosité (si si, tout ça est dans la présentation). Dès lors les bases sont posées et après ces quelques mots l’article nous précise que la devise des 101 est, tenez vous bien : « Pour toucher l’esprit, passer par le cœur  » (tant que ce n’est pas fait à l’épée).

Les origines du club avant qu’ils ne soient 101, ça marchait déjà fort !

Qui sont les fondateurs des 101 ?

Et oui ce sont des ouvriers prêts à défendre les valeurs de l’économie locale pour plus d’équité dans les rémunérations et d’éthique dans le partage des richesses créées (ou presque). Yvon Augustin président du conseil des sages des 101 et accessoirement président du Tours Football-club, Erick Sorgniard, dirigeant du cabinet Sorgniard Interactive Marketing et Business Management, et Pascal Cordier, directeur de l’hôtel Mercure Nord, représentent bien le style du club. Ils se dépeignent comme des entrepreneurs et professionnels de tous horizons (ça fait toujours mieux que bourgeois et notables de Tours) rassemblés autour de valeurs communes et devinez quelles sont ces valeurs ?

Et oui morale, justice équité et respect. Bien sûr ils ne précisent pas les domaines d’applications de ces quatre valeurs, ça prendrait peut être trop de temps d’expliquer.

Philanthropie et grandeur d’âme...

A présent le journaliste, curieux par nature, pose la question qui fâche, «  En quoi vous distinguez-vous d’un club-service comme le Rotary ou le Lions ?  ». La réponse sans langue de bois, empreinte d’une sincérité belle à voir, touche n’importe quel humain au plus profond : « Nous œuvrons pour le développement économique, social et culturel de la Touraine  ».

Vient alors le moment de concrétiser par des exemples d’actions tout ces jolis éléments de langages. Tout ceci passe par l’organisation d’une soirée publique (gratuite ?) au stade de la vallée de Cher lors du premier match de la coupe du monde (ça tombe bien : qui est président du T.F.C ?), un happening rue des Halles (là on ne sait pas à qui profite la manifestation), une opération au profit de l’hôpital Clocheville (ici pas de date, pas de détail sur l’opération), et le 17 décembre prochain « le repas des grands gastronomes » avec les grands chefs Olivier Arlot et Didier Edon. 50 plats et 50 vins y seront servis de midi à minuit (la soupe populaire sauce club des 101 aurait été plus rigolote). Enfin toutes ces actions événementielles sont, nous affirme le journaliste, au profit d’associations, pour la bonne cause.

Enfin, et cela sûrement au cas où nous serions encore sceptiques quand aux vraies motivations de ce club, Pascal Cordier nous précise en fin d’article qu’une pépinière d’entreprise (ça c’est novateur) est en projet afin de favoriser l’emploi en Touraine et que cette réunion de talents n’existe pas pour placer les copains. Ouf ! Le lecteur est alors K.O debout. Il vient de comprendre que la ville et la région viennent de s’enorgueillir de 101 X-men made in Touraine.

Ôtez-nous d’un doute

Pourtant sur net1901.org, annuaire des associations (le texte est aussi au Journal Officiel), on peut lire ceci : « Objet : club 101 a pour devise "pour toucher l’esprit, passer par le cœur" et pour vocation favoriser la mise en relation et les rencontres professionnelles ; rassembler des hommes et des femmes partageant des valeurs communes dans le but de travailler ensemble à l’amélioration intellectuelle, morale et matérielle de ses membres en promouvant notamment l’entraide professionnelle et le leadership au service de la promotion du territoire régional.  »

Le journaliste n’a pas cru bon de reprendre le coté « travailler ensemble pour améliorer les conditions matérielles d’existence des membres » dans son article. Dommage car ça semble plus juste que le blabla sur la morale et l’éthique. On peut toujours se demander s’il est juste, moral et équitable de constituer un club de dominants, fermé et très sélectif, qui n’a visiblement pour but, via des actions dites caritatives, que de faire la promotion des entreprises de ses membres.