Léon Cligman s’achète le château de Tours

La mairie va mettre fin au partenariat conclu avec le musée du Jeu de Paume pour accueillir les œuvres d’art que le riche industriel veut absolument lui refourguer.

« Donc, c’est encore le pognon qui gagne, c’est ça ? », réagissait hier soir un habitant de l’agglomération. La Nouvelle République venait de publier un article expliquant que la Ville de Tours allait mettre fin prématurément à la convention qui la lie au Jeu de Paume pour que la donation Cligman intègre le château de Tours.

Au printemps dernier, on apprenait que le couple Cligman souhaitait donner une partie de sa collection d’œuvres d’art pour qu’elle soit accueillie à Tours, à condition qu’un pavillon sur mesure soit construit dans le jardin du musée des Beaux-arts. Le projet avait bénéficié du soutien de la mairie, qui s’extasiait sur le contenu prétendument exceptionnel de la donation, et avait été validé par la commission locale du secteur sauvegardé, avant d’être retoqué au niveau national. De nombreuses voix s’étaient élevées contre l’opération envisagée.

Lors du conseil municipal du 19 décembre 2016, le maire expliquait que le pauvre Léon Cligman était très affecté par cette décision, mais qu’il ne voulait pas abandonner son projet de donation, et que son attention se portait désormais sur le château de Tours. Le maire assurait alors que le partenariat existant avec le Jeu de Paume ne serait pas mis en cause. Depuis plusieurs années, le musée parisien organise des expositions photographiques de qualité dans l’enceinte du château.

Finalement, le Jeu de Paume est poussé vers la sortie pour satisfaire au caprice de l’industriel. La valeur théorique de la donation (environ 20 millions d’euros annoncés avant tri des œuvres, qui semblent être de qualité inégale) n’est certainement pas pour rien dans la décision de la mairie. La ville se vend au plus offrant.