Depuis la rentrée 2013, le débat sur le « genre » et sur sa présupposée « théorie » a pris une tournure extrêmement nauséabonde. Les crispations se concentrent aujourd’hui principalement autour de la question de l’introduction d’un « enseignement du genre » à l’école. Mais de quoi parle-t-on vraiment ?
Halte à la confusion des genres !
Alors que certainEs continuent à descendre dans les rues pour clamer leur « soif d’égalité et de diversité », d’autres continuent eux de se battre pour conserver les stéréotypes sexistes. Autrement dit, quand certainEs se battent pour étendre les droits de toutEs, d’autres se battent pour réduire les droits de certainEs.
C’est le cas des veilleurs de Touraine qui organisent régulièrement — et dans l’indifférence la plus totale — des sorties nocturnes sur la place Jean Jaurès [1]. C’est le cas également des partisans radicaux du mouvement de la Manif pour Tous et du collectif « vigi-gender » dont on découvre les derniers essaimages en Touraine. Extraits et florilèges :
« Le programme dit « ABCD de l’égalité », tête de pont du genre (ou gender) à l’école est en cours d’expérimentation dans 600 écoles et pourrait être appliqué à la rentrée dans toutes les académies.
Nous avons besoin de vous pour défendre les enfants et cette consultation est une première étape pour forcer le gouvernement à annuler cette expérimentation.
L’ABCD de l’égalité est dangereux parce que son application est militante, anti-démocratique et opaque. » Page facebook de La Manif pour Tous 37
L’accusation idéologique : un argumentaire imparable ?
En fait, ce qui gène ces « opposants » au débat sur le genre ce n’est pas tant son aspect « idéologique », contrairement à ce qu’annonce le tract (tout autant « idéologique » et « militant » que ce qu’il entend dénoncer) mais c’est bien la remise en cause du modèle patriarcal et hétérosexuel qui est supposée.
Dans un contexte marqué par le retour des offensives masculinistes [2], les attaques au « genre » visent encore et toujours sa légitimité scientifique. La virulence du débat sur la scène politique montre que, malgré des années de recherche en sciences humaines et sociales, la question des « rapports sociaux de sexe » reste considérée comme subsidiaire (y compris par de nombreux/ses universitaires !). Elle est également perçue comme une « question de société » accessible par toutEs et sur laquelle chacunE serait en mesure de fournir un avis éclairé. On ne peut, à mon avis, que regretter cet état de fait qui permet de confiner les débats dans un champ purement idéologique et de maintenir dans l’ombre les productions scientifiques existant sur le sujet.
Dans cette perspective, la Manif pour Tous 37 invite à une conférence-débat sur « l’ABCD de l’Egalité » « ouverte à tous », en présence de sa présidente nationale Ludovine de La Rochère. On peut ici se demander qu’est-ce qui de sa particule, de son statut de présidente, de mère de famille, de sa qualité religieuse ou de sa nature féminine, qualifient Ludovine de La Rochère pour amener une discussion « objective » sur le « genre » ?!
Notez que, dans les premiers participants inscrits, on retrouve, sans grande surprise, Édouard de Germay, adjoint au maire et récemment nommé par Serge Babary pour siéger dans les conseils d’écoles de la ville de Tours. Pour sûr, connaissant ses positions pro-Manif pour Tous, sa présence permettra d’alimenter le débat de manière particulièrement constructive !
En ce mois de juin, encouragée par différents maires de Touraine, la Manif pour Tous 37 reprend donc du service !
Anti-sexistes de tous bords et de tous genres vous n’avez qu’à bien vous tenir... ou pas !
Féministement,
Gabriela
